Accueil > News > Iran : Paris-Washington, un changement de ton



Iran : Paris-Washington, un changement de ton
22.09.2007

Sous la présidence de Jacques Chirac, il était de bon ton d’être anti-américain dans les médias français. Hier à Washington, Bernard Kouchner a évoqué un « changement de ton ». Les médias Français avaient donné le départ bien avant cette constatation du ministre. Le Figaro et le Monde ont vite oublié leurs diatribes anti-Bush et anti-américaines tout comme les envoyés spéciaux des télévisons françaises. Pourtant les relations internationales sont fondées sur les intérêts et les rapports géopolitiques et les intérêts français n’ont pas bougé depuis l’élection de Nicolas Sarkozy et les rapports géopolitiques restent les mêmes. Il en va de même pour la nouvelle lune de miel Franco-américaine.



« Le retour de l’amitié » entre les deux pays évoqué par Kouchner n’a rien à envier à l’amitié Franco-américaine du temps de Jacques Chirac et Dominique de Villepin. Ce « retour de l’amitié » sera placé sous le signe d’un mot clef : « la franchise », qui est sans doute l’autre mot pour dire « désaccord » ou « conflit d’intérêts » (guerre des idées ?).

« Le retour de l’amitié » a une petite allure de « guerre » des mots : à une journaliste de la chaîne de télévision CNN qui suggérait que la France sortait enfin de son « isolement », c’est-à-dire de sa mise à l’écart dans les affaires irakiennes, Kouchner a répondu : « Nous devons oublier la façon dont vous vous y êtes pris en Irak » (…) « C’est vous qui étiez isolés sur la scène internationale ! Nous, les Français, nous ne l’étions pas ».

Le ton est donné, nous sommes de retour en 2003, avec un ministre des affaires étrangères qui aime comme de Villepin les formules vaches qui font mouche, mais manquent de discernement. On ne peut commencer une amitié en essayant de déstabiliser son ami en période pré-électorale. Fait inattendu, le ministre français des affaires étrangères a poussé dans cette voie de pied de nez à l’administration en place en rendant visite au démocrate Tom Lantos, président de la commission des Affaires étrangères de la Chambre des représentants, qui comme lui pense que Bush s’y est mal pris en Irak. Cette visite a pourtant mis Bernard Kouchner devant les limites du « retour à l’amitié » et à la coopération.

Lantos, homme versatile et opportuniste qui fut tour à tour partisan de la plus grande fermeté contre l’Iran et puis d’un dialogue tout azimut, s’est distingué récemment comme l’auteur d’une proposition de loi qui envisage de pénaliser sur le territoire américain toute entreprise présente en Iran. Kouchner a précisé à Lantos que Paris était en « désaccord » sur ces mesures ! En effet, les entreprises françaises actives en Iran sont également présentes aux Etats-Unis.

Ces jours-ci l’Etat Français multiplie les déclarations tant au niveau du chef de l’Etat que de son ministre des affaires étrangères appelant à des sanctions économiques fortes contre les mollahs mais il semblerait que ces sanctions ne doivent en aucun cas toucher les intérêts français en Iran. Dans ces conditions la France aura du mal à convaincre ses partenaires Européens à le suivre.

Par ailleurs, la France assujettit l’adoption des mesures hors ONU à une sorte d’unanimité au sein de l’Union Européenne. L’immobilisme Chiraquien qui exigeait l’unanimité au Conseil de Sécurité pour l’adoption de nouvelles résolutions est remplacé par des demandes impossibles à réaliser par les nouveaux dirigeants français. Le président a changé ainsi que le ministre des affaires étrangères, forcément le ton est différent, mais le ton de la diplomatie française reste le même.

© WWW.IRAN-RESIST.ORG

| Mots Clefs | Décideurs : Kouchner |

| Mots Clefs | Zone géopolitique / Sphère d’influence : France |

| Mots Clefs | Zone géopolitique / Sphère d’influence : USA |