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Iran : Kouchner ou le bellicisme rive-gauche-caviar
18.09.2007

Les déclarations de Bernard Kouchner ont soulevé un vent de panique... en France car ses propos ont semé le trouble parmi les alliés de la France. Cependant, il y a des points qui nous ont paru négligés dans les divers commentaires plus ou moins gênés suscités par ses propos.



« Il faut se préparer au pire », a déclaré Bernard Kouchner, au sujet de l’Iran, dimanche. Interrogé au Grand Jury RTL/Le Figaro/LCI pour savoir ce que cela signifiait, le chef de la diplomatie a répondu : « c’est la guerre ».

« On se prépare en essayant d’abord de mettre au point des plans qui sont l’apanage des états-majors, et ça ce n’est pas pour demain », a-t-il poursuivi. « Mais on se prépare en disant +nous n’accepterons pas que cette bombe (atomique iranienne) soit construite, suspendez l’enrichissement de l’uranium et on vous montre que nous sommes sérieux » en proposant « que des sanctions plus efficaces soient éventuellement mises au point ».

« Nous devons négocier jusqu’au bout », a ajouté le ministre. Mais la possession de l’arme atomique par Téhéran serait un « vrai danger pour l’ensemble du monde », a dit Bernard Kouchner, même si « aucun signe ne nous permet de penser en dehors des préparations militaires » qu’un bombardement de l’Iran soit proche.

« Je ne crois pas que nous en soyons là », mais il est « normal qu’on fasse des plans », a-t-il dit, en ajoutant que l’armée (Française) n’était pas associée à quoi que ce soit ni à aucune manœuvre que ce soit. (Le Figaro)

Le plus intéressant est sans doute l’emploi du pronom indéterminé « on ». Le fondateur de ce site l’a déjà entendu dans la bouche de Bernard Kouchner, il y a quelques années, dans un entretien organisé par le Cercle de l’Oratoire.

A l’époque, Bernard Kouchner parlait déjà du danger de la bombe iranienne et voulait « négocier jusqu’au bout », à la question de savoir s’il n’était pas favorable à des sanctions économiques pour faciliter un changement de régime, il s’était emporté en criant « vous voulez peut-être que l’on bombarde l’Iran, non merci, une guerre (d’Irak) me suffit ». L’actuel ministre des Affaires Etrangères aime bien utiliser le pronom indéterminé « on ».

Sa réponse ne concernait pas la question, mais ses ex-amis de gauche qui avaient soutenu l’intervention contre Saddam. A l’entendre, on aurait juré qu’il était le commandant de l’armée (américaine) qui avait lancé l’attaque contre l’Irak. Et le problème est toujours le même, Bernard Kouchner aime les tirades à la limite du slogan, sans doute des restes de la pensée soixante-huitarde.

Sur la Forme | C’est de Téhéran qu’est venu le meilleur commentaire sur ces propos : c’est de la provocation. Nos mollahs parlent en connaisseurs. Dans la même intervention, il a dit tout et son contraire.

« La guerre » et la négociation « jusqu’au bout », il est « normal qu’on fasse des plans » et « je ne crois pas que nous en soyons là »… Comble du bellicisme rive-gauche caviar, il a précisé que la France n’y serait pas même pour une manœuvre. En fait la France n’en a pas les moyens ; le porte-avions CDG est en réparation pour 18 mois à Toulon.

Nous sommes néanmoins dans le domaine des déclarations Chiraquiennes qui avaient plus de tenue car à l’époque le chef de l’Etat avait envoyé le CDG en manœuvre dans le Golfe Persique et avait promis si besoin d’employer la dernière super bombe nucléaire française contre les mollahs.

Les réactions aux propos de Kouchner sont exagérées uniquement en France : dans d’autres pays, on en a ri. L’Allemagne a noté avec humour que Paris prenait très au sérieux son rôle dans le règlement de la crise nucléaire iranienne. En revanche en France, Hollande qui est le grand oublié des médias a saisi la balle au bond pour se montrer et faire parler de lui. Il n’y avait rien de vraiment inédit dans les propos de Kouchner et le communiqué du Quai d’Orsay a rappelé que le ministre avait repris des propos déjà exprimés par le président Sarkozy le 27 août devant les ambassadeurs.

Sur le Fond | Ce qui est gênant sur le fond est la référence à la bombe iranienne, c’est-à-dire une référence directe à la capacité nucléaire des mollahs et leur savoir faire dans ce domaine. Paris imite Washington et s’engage sur le terrain choisi par les mollahs pour s’opposer à la communauté internationale et aux Etats-Unis. Les mollahs font semblant d’avoir maîtrisé les secrets de l’atome, agitent la menace de leur nucléarisation militaire et entendent se retrouver à une table de négociation en face des Américains, pour se poser en champion des anti-américains de la planète et obtenir une reconnaissance de leur rôle régional via une réelle capacité de nuisance terroriste.

A aucun moment Kouchner ne fait référence à cette capacité de nuisance terroriste et aux réseaux entretenus par les mollahs pour contrôler le chaos en Irak, au Liban ou encore en Palestine. Ce n’est pas la bombe iranienne qui est un danger pour le monde mais la nature du régime et la nature de ses relations avec des entités terroristes comme les Talibans, Al Qaeda Maghreb et Al Qaeda Irak, le Hamas, le Hezbollah, ou les différents groupes chiites Irakiens qui plaisent tant à la France. D’autres pays dans la région ont des bombes nucléaires, mais ne sont pas des menaces pour l’Occident ou la paix dans le monde.

L’absence de référence au terrorisme des mollahs est inquiétante car cette absence complaisante est toujours synonyme d’une volonté d’entente avec les mollahs. La combinaison de ces éléments laisse entendre que Paris menace pour faire peur dans l’espoir de signer une entente.

On peut préciser que la menace est loin d’être efficace : le bombardement des installations atomiques vides des mollahs ne fera pas disparaître les réseaux terroristes de ce régime. Toute entente avec ce régime ne peut être que provisoire.

Les non-dits | Ce qui manque dans le discours menaçant de Kouchner sont les raisons qui donnent aux Français comme aux Américains l’envie de bombarder ce pays. Cette envie est le résultat de l’attitude des mollahs vis-à-vis de l’Afghanistan, couloir providentiel d’accès vers le pétrole de l’Asie Centrale pour tous les pays qui y ont engagé des troupes : les Etats-Unis, l’Allemagne, la France, le Japon… Ce qui donne envie de bombarder l’Iran est l’aide apportée par les mollahs aux Djihadistes irakiens ennemis de la stabilité de cette fontaine de pétrole. Cependant, la France n’a pas les moyens militaires de réaliser ce désir et l’Amérique n’a pas l’appui international pour donner une leçon aux mollahs. Le discours de Kouchner est du 100% slogan.

Heureusement, il a également évoqué des « sanctions économiques à propos des circuits financiers » ne visant pas la population ordinaire, mais « les grandes fortunes, les banques » en Iran (comme les avoirs de Rafsandjani – ndlr). Cette partie peu commentée a sans doute plus fait frémir nos mollahs multi-milliardaires que les menaces d’une attaque (américiane) aussi peu probable qu’elle est désormais envisagée comme seul moyen pour pacifier l’Afghanistan.

© WWW.IRAN-RESIST.ORG

Pour en savoir + sur la crise iranienne :
- Iran : Etat des lieux de la crise nucléaire iranienne
- (17 septembre 2007)

Pour en savoir + sur BK :
- Irak : Kouchner, porte-parole d’une diplomatie pressée
- (27 août 2007)

| Mots Clefs | Enjeux : Option militaire |

| Mots Clefs | Décideurs : Kouchner |

| Mots Clefs | Zone géopolitique / Sphère d’influence : France |