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Iran : Les seules sanctions efficaces contre les mollahs
29.06.2007

Il y a quelques jours, George Bush évoquait l’option militaire et dans notre analyse nous affirmions qu’il suffirait d’imposer des sanctions efficaces contre les mollahs pour les contraindre à céder aussi bien sur la question du nucléaire que sur les droits de l’homme. Pour preuve, nous évoquions un rapport écrit par un ex-conseiller de Clinton, Dick Morris, qui révélait l’existence d’importants investissements américains en Iran et recommandait le retrait de ces capitaux.



Il est incroyable de constater que le cas de ces investissements colossaux n’intéresse guère une large majorité d’élus américains. Il y a une bonne raison à ce désintérêt. Les républicains au pouvoir et leurs adversaires qui pensent leur succéder ne veulent pas renverser le régime des mollahs mais uniquement l’affaiblir pour lui adresser une mise en garde et obtenir son accord pour une entente régionale avec les Etats-Unis.

Tout est bon pour ne pas évoquer le désinvestissement de ces capitaux placés en Iran. Ainsi cette semaine, la commission des Affaires étrangères de la Chambre des représentants a adopté mardi une proposition de loi appelant l’administration Bush à sanctionner les compagnies pétrolières étrangères liées à l’Iran, visant implicitement des sociétés européennes comme Total.

Ce texte, adopté par 37 voix contre une, accuse Téhéran d’utiliser l’argent provenant des investissements étrangers dans le domaine énergétique pour financer ses activités nucléaires et des activités « terroristes ». Le président démocrate de la commission, Tom Lantos, a accusé l’administration Bush d’être trop laxiste, en ne sanctionnant jamais les compagnies étrangères.

Dick Morris, un ex-conseiller de Clinton qui n’a pas d’ambition politique est loin de cette langue de bois de Tom Lantos. Morris évoque sans détour les colossaux investissements des fonds de pensions dans les industries militaires du régime des mollahs : rien que dans l’Etat de la Californie, les sociétés d’assurance retraite des employés du secteur public et de l’enseignement, Cal PERS et Cal STRS, ont investi 2 milliards de dollars dans les activités les plus sensibles du régime des mollahs. Le courageux Dick Morris compte sur les efforts de Frank Gaffney, un ex-assistant au secrétariat de la Défense sous Reagan, pour aider les élus à enclencher les désinvestissements. La semaine du 6 au 13 juin, ce dernier a entrepris sans trompette ni tambours des démarches visant à paralyser la république islamique d’Iran et à la forcer à faire marche arrière dans son programme d’armement nucléaire. Ces efforts ont porté leurs fruits dans l’Etat de la Californie, mais aussi en Ohio et en Floride.

Le Député de l’Assemblée de Californie Joel Anderson s’est adressé à ses collègues en faisant remarquer qu’en l’absence d’une décision, les fonds de pension Californiens – les plus importants du pays – continueraient de financer les groupes terroristes consacrant toute leur énergie à essayer de tuer des Américains ! Le 5 juin, l’Assemblée de Californie a adopté à l’unanimité une réquisition adressée à Cal PERS et Cal STRS, les sociétés d’assurance retraite précitées les obligeant à désinvestir leurs 2 milliards placés en Iran aussi bien dans des secteurs liés à la Défense, que dans les industries nucléaires ou pétrolières.

Le Gouverneur de Floride, Charlie Crist, a adopté la semaine dernière une loi qui interdit de tels investissements des fonds de pension. Dans le même temps, dans l’Ohio, les législateurs ont imposé à cinq sociétés publiques de fonds de pensions de retirer leurs placements des compagnies faisant du commerce en Iran et au Soudan. Ces actions viennent à point nommé renforcer la décision avant-gardiste prise par la Trésorière de l’Etat du Missouri Sarah Stillman d’arrêter tout investissement dans des compagnies faisant du commerce avec l’Iran, le Soudan ou la Corée du Nord. Et finalement, l’Etat du New Jersey serait près d’interdire aux fonds de pensions de ses fonctionnaires d’investir dans les sociétés entretenant des relations commerciales avec l’Iran. La Chambre des représentants de cet Etat des Etats-Unis a entériné un projet de loi en ce sens, pratiquement à l’unanimité.

Généralement, les fonds de pension résistent aux appels au désinvestissement, car ils estiment qu’ils doivent maximaliser les retours sur investissement, mais ils viennent de revoir cette politique. Ces décisions sont loin des spéculations savantes de Washington et montrent un décalage entre les élus locaux et le gouvernement actuel et ceux qui veulent lui succéder.

En effet, Dick Morris estime que les sanctions votées par les Nations Unies sont importantes, mais qu’il est indispensable d’imposer des restrictions aux quelque 485 fonds de pension (www.disinvestterror.org) qui investissent leurs capitaux dans quatre Etats identifiés comme étant des commanditaires du terrorisme. Dick Morris pense qu’il appartient désormais au Congrès d’adopter une Loi imposant à l’Administration Bush le devoir d’appliquer les sanctions déjà dans le cadre de la Loi sanctionnant l’Iran et la Libye, adoptée depuis le milieu des années 90 mais jamais appliquée, du fait des nombreux renoncements des Présidents Clinton et Bush en matière de Sécurité Nationale.

Dick Morris et ceux qui veulent réellement combattre le terrorisme financé par les mollahs sont surpris par l’absence de coopération de la majorité démocrate au Congrès, majorité qui n’évoque jamais ce projet de désinvestissement unilatéral aux effets dévastateurs immédiats. Morris s’est même adressé à ceux qui parlent de l’option militaire, en leur faisant remarquer qu’ils oubliaient qu’avant d’entreprendre une attaque, il fallait laminer la capacité de défense de l’adversaire et que le désinvestissement était le seul moyen d’y parvenir.

Dick Morris dresse un constat sans complaisance de la situation dans lequel il fustige également le manque de coopération des Européens, mais il n’est pas certain que l’Administration Bush ou ses amis démocrates du Congrès veuillent écouter ses recommandations. Malheureusement c’est bien l’efficacité de son plan qui encourage les deux pôles du Congrès à ne pas envisager le désinvestissement et s’entêter à adopter des mesures sans grande efficacité ou impossibles à réaliser comme un consensus au Conseil de Sécurité.

Dick Morris est à 100 lieues de se douter que l’administration Bush et ses amis démocrates de la mouvance de Brzezinski ne cherchent pas à renverser les mollahs mais à les affaiblir pour les pousser à composer avec les Etats-Unis. La grande hyper puissance américaine ne veut pas détruire les réseaux des mollahs mais les contrôler.

© WWW.IRAN-RESIST.ORG

Si le projet et les efforts de Morris sont appréciables, mais malheureusement, force est de constater qu’il n’a pas son équivalent Européen qui encouragerait les compagnies Européennes comme Renault, Danone et tant d’autres à désinvestir leurs capitaux de l’Iran.

© WWW.IRAN-RESIST.ORG

Pour en savoir + sur les choix de Washington :
- Iran : Option militaire de Bush contre l’arme du pétrole des mollahs
- (21 juin 2007)

Pour en savoir + sur les choix de Washington :
- Iran : Nouvelles sanctions ou nouvelles négociations ?
- (24 juin 2007)

| Mots Clefs | Décideurs : Les Démocrates US |

| Mots Clefs | Enjeux : Sanctions (du Conseil de Sécurité) |

| Mots Clefs | Enjeux : Sanctions Ciblées en cours d’application |