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Iran : Persépolis, Buzz, Re-Buzz et anti-Buzz
29.05.2007

Persépolis n’a pas eu de Palme d’or, malgré le Buzz de lancement que fut la protestation officielle du régime des mollahs. Le BUZZ est une technique de marketing consistant à faire du bruit autour d’un nouveau produit. Effectivement, le régime des mollahs avait bien choisi son timing pour lancer les protestation et le Buzz qui s’ensuivit. L’histoire d’un BUZZ et d’un Re-BUZZ.



Pour comprendre ce Buzz, il faut revenir en arrière : Les BD de Persépolis sont en vente depuis l’an 2000 et pas une seule fois les mollahs n’ont protesté contre elles et même leurs sites d’info comme iranian.com ou Rooz Online, ces deux sites proches de Rafsandjani ont chanté les louanges de cette œuvre si particulière pendant des années.

La particularité de Persépolis tient à sa date d’apparition : après la révolte des étudiants iraniens et le massacre des étudiants dans leurs dortoirs. A l’époque, tout le monde ignorait la nature de ce mouvement estudiantin : la nature était partiellement fausse, il s’agissait en partie d’un sous marin furtif pour pénétrer les eaux troubles des opposants exilés et les engager dans la défense de faux opposants que chacun croyait en danger. Ces faux étudiants mais vrais agents de déstabilisation ont passé quelques années à l’ombre (officiellement en prison mais en réalité dehors) et ce sont les opposants exilés qui ont bâti la réputation de ces voyous qui aujourd’hui se pavanent aux Etats-Unis. D’ailleurs les américains les ont adopté dans l’espoir de faire d’eux de futurs Erdogan, islamistes en costumes croisés au service des objectifs régionaux des Américains.

Effets indésirables | Cette fabrication de faux opposants estudiantins a pris quelques années et les opposants exilés ont travaillé avec assiduité pour sortir de l’enfer iranien ces étudiants qui donnaient des interviews de plusieurs heures depuis leur cachot (ce n’est pas une blague). Cette publicité sur de frêles carcasses emprisonnées a évidemment terni l’image du régime des mollahs qui a donc décidé de mettre sur le marché l’image d’une autre jeunesse.

Persépolis | Il fallait un personnage jeune qui puisse redéfinir l’image des jeunes iraniens dans la société post révolution : une jeunesse qui assume la révolution mais une jeunesse libre et dynamique et non enchaînée et en conflit avec le régime. Ainsi est né le projet Persépolis, qui emprunte un nom magique à l’histoire de l’Iran et dès les premières pages, vomit sa haine sur ceux qui ont bâti ce monument et affirme son amour pour la révolution, « ce moment de grâce » [1], et sa nécessité.

Technique de Narration | L’histoire est racontée par un enfant qui va devenir une jeune femme qui n’éprouve aucun sentiment d’hostilité à l’égard de la révolution. Ce jeune personnage permet de raconter l’histoire iranienne d’un point de vue figé dans le passé : l’enfant raconte sa vie, mais à la différence que ceci n’est pas un journal intime, mais un récit post-événement mais délibérément écrit sans prendre en compte les évolutions futures des événements vécus. Il y a là un projet historique négationniste.

Généralement dans une analyse politique ou recherche historique, on se base sur des éléments nouveaux découverts depuis la date des évènements, sinon l’histoire reste figée. Le personnage de la BD se dit partisan de cette révolution et si on voulait vous donner un élément de comparaison, on pourrait comparer la situation à un récit de la déportation des juifs allemands raconté par un enfant allemand non juif (puisqu’il n’est pas déporté et il raconte). Ceci donnerait : un jour, nos voisins sont partis en train…

En Europe, un tel récit serait tout de suite décrié comme une simplification historique avec des objectifs particuliers notamment négationnistes. Aujourd’hui Persépolis, apparu sur le marché en 2000, après la répression sur-mdédiatisée des Etudiants, est devenu un ouvrage de référence historique alors que son propos est de mélanger les dates, inventer des personnages fictifs pour figer l’histoire iranienne et l’histoire de la révolution islamique. In fine, Satrapi vulgarise des versions officielles qui ont cours en Iran.

Exemple pratique de cette technique de narration pour figer l’histoire | Après la victoire de la révolution, un livre écrit par un des révolutionnaires a révélé le rôle de l’entourage de Khomeiny dans l’incendie délibéré d’un cinéma afin d’accuser le Shah. Dans la foulée, les mollahs ont avoué un autre incendie de cinéma à Qom. Cet aveu a été publié par le principal quotidien du soir et un livre consacré au cinéma Rex a révélé tous les noms des participants (dont Khamenei et Montazeri), le choix de la cible et l’objectif.

Après cet attentat, les mollahs avaient utilisé leur réseau de mosquées pour laisser courir des rumeurs pour accuser le Shah. Une enquête fut menée et des preuves accusaient les islamistes et leurs alliés marxistes mais la monarchie avait préféré ne pas publier les preuves car elle craignait que le résultat de l’enquête ne soit perçu comme une provocation et ne produise un effet inverse sur les partisans de Khomeiny. Aujourd’hui, le nom du Cinéma Rex est légendaire en Iran et chacun sait que les auteurs de ce crime étaient les actuels gros bonnets du régime. D’ailleurs les mollahs, très avides de commémoration anti-Shah, n’ont jamais utilisé la date de cet incendie. L’incendie criminel du Rex est irrémédiablement reconnu comme l’œuvre des mollahs.

Il n’existe personne en Iran qui puisse ignorer les méandres de l’incendie criminel du Cinéma Rex. Dans Persépolis écrit en 1999 par Satrapi alors âgée de 32 ans, l’héroïne de 7 ans écrit : « le régime du chah dit que c’est la faute des fanatiques religieux mais le peuple sait que c’est la faute du chah ». Satrapi a forcé les traits et ajouté des détails totalement fictifs accréditant la responsabilité de l’ancien régime. L’auteur a figé l’histoire et délivré la version officielle qui est enseignée dans les écoles de la république islamique. Mais il y a beaucoup plus grave…

Le Passé et le Présent | Le reste de la BD que nous décortiquerons au fur et à mesure recèle des centaines de versions officielles du régime des mollahs. On ne peut pas revenir dans le passé et changer l’histoire mais l’oeuvre de Satrapi qui a des ambitions de références historiques manipule aussi le présent.

Ainsi en focalisant le récit sur l’héroïne et ses états d’âme, la BD substitue ces états d’âme à la réalité quotidienne des jeunes iraniennes. Satrapi insiste sur la liberté d’action des filles alors que dans la réalité, dès 1980, le régime des mollahs a légalisé la pédophilie en fixant l’âge de la majorité pénale à 9 ans pour les filles et à 13 pour les garçons. Nous pensons qu’il est urgent de stopper cette désinformation qui rend tous les amis de Satrapi des complices de pédophilie dont personne ne parle.

Les pédophiles Européens, dont de nombreux diplomates, sont au courant des lois iraniennes et exigent des postes à Téhéran. Ce détail nauséabond ne paraît dans aucun des récits des voyageurs occidentaux (Antoine Sfeir, Bernard Hourcade, Yann Richard, etc…) qui se rendent en Iran et en reviennent pour écrire des livres sur la société iranienne. [2] La BD Persépolis a aussi participé à cet effort pour dissimuler la réalité nauséabonde de cette pédophilie autorisée par la loi. Satrapi a surtout cherché à donner une image « normale » de la jeunesse iranienne, ainsi personne en occident ne soupçonne l’existence d’une jeunesse promise essentiellement à la discrimination et à l’esclavage sexuel.

Cette BD n’est pas seulement très complaisante à l’égard du régime, elle est activement engagée à donner l’image d’un pays totalement différent de la réalité afin de contrer toute action d’ingérence humanitaire pour sauver des vies avant qu’elles ne soient traumatisées ou détruites d’une manière irréversible.

C’est pourquoi cette BD si utile au régime des mollahs n’a jamais été dénigrée au pays des mollahs : outre les éloges des sites pro-régime, Satrapi a été l’invitée de manifestations culturelles pro-régime comme la fameuse « MUSULMANES, MUSULMANS » où notre soi-disant islamophobe du jour est intervenue comme décoratrice et a mis en images les 5 piliers de l’Islam. Elle a également été l’invitée de Iran Heritage, une fondation pro-mollahs très active en Angleterre où un autre artiste Français d’origine iranienne était également présent. Mais à quel moment Marjane est-elle devenue Islamophobe ?

Le BUZZ | La production (par France3 et Unifrance) de ce film a commencé il y a deux ans et il n’y eut aucune protestation. Par la suite le film fut prévendu par l’une des amies du régime des mollahs (membre d’Unifrance) et toujours pas de BUZZ.

Le film a été sélectionné par un employé d’Unifrance, Thierry Frémaux, et la sélection avait été rendue publique le 21 avril : pas de protestation ! Mais le régime des mollahs a choisi de faire du bruit juste avant sa projection à Cannes.

Une fois le BUZZ lancé, le régime des mollahs a fait savoir, le lendemain et via une télévision commerciale diffusée en Iran et à l’étranger, qu’il retirait sa protestation. L’objectif était de faire parler du film et non de donner l’image d’un Etat rigide. Car ce régime a un souci permanent de prétendre qu’il y a en Iran des courants modérés et un système qui permet à des mouvements dissidents d’avoir des activités !

Le 1er BUZZ allait être suivi d’un RE-BUZZ au cas où Persépolis aurait eu la Palme. Le RE-BUZZ était sans doute prévu pour offrir à Marjane Satrapi une légitimité médiatique à toute épreuve.

Mais, fait drôlissime, aucun des cinéastes iraniens primés à Cannes ou encore aucune de nos soi-disant féministes n’ont pris la parole pour défendre Marjane. Cet oubli sera sans doute réparé après cet article.

Anti-BUZZ | Personne sans doute ne s’attendait aux efforts du Site Iran-Resist qui fut le seul site iranien à ne pas recopier les dépêches et autres communiqués de presse pour dénoncer le Film. Nous avons proposé à des centaines de journalistes 3 articles complémentaires sur le contenu de Persépolis, le réseau cinématographique de Persépolis et tout ce qu’il dissimule, et avec bonheur, nous avons assisté à une prise de conscience parmi les critiques du cinéma.

Ce mini Anti-buzz et la promesse d’un BIG Anti Buzz en cas de Palme ont peut-être provoqué l’échec de la machine Satrapi. La Palme d’or lui a ainsi échappé. Satrapi n’a pu accéder au rang de porte-parole médiatique d’un Iran qu’elle cherche à dissimuler.

Re-BUZZ | Le Prix du Jury donne lieu à un petit Re-Buzz. C’est un certain Mehdi Kalhor qui a fait une déclaration très enflammée sur l’islamophobie coutumière de Cannes et de la France. Mais ce conseiller culturel d’Ahmadinejad avait été limogé il y a plusieurs mois : il refait surface pour l’occasion, mais à proprement parler il n’est personne.

Re-BUZZ en Chaîne | Ce lendemain du Palmarès, une émission avait été prévue sur France Inter, partenaire officiel du film qui veut dissimuler la condition des fillettes iraniennes ! 2000 ans d’histoire animée par Patrick Gélinet : Une émission taillée sur mesure pour correspondre à des séquences du film de Satrapi ! Le propos : louer la grandeur de la révolution islamique, « ce moment de grâce » et la nécessité de cette révolution !

Le partenaire officiel de Satrapi & co avait convié un invité de choix : Yann Richard qui pendant toute l’émission n’a à aucun moment signalé la pédophilie autorisée par les mollahs, sans doute un amateur (un historien amateur). La Machine Persépolis s’est enrayée et ses partenaires cherchent à relancer la bécane. Sans doute préfèrent-ils leur partenariat à nos fillettes à moins que ce ne soit le contraire.

Nous plaignons sincèrement les journalistes d’Inter qui n’approuvent sans doute pas ces procédés mais restent silencieux.

WWW.IRAN-RESIST.ORG

| Mots Clefs | Auteurs & Textes : Marjane Satrapi, auteur de Persépolis |

| Mots Clefs | Institutions : Misogynie Institutionnelle |

| Mots Clefs | Resistance : FAUSSE(s) OPPOSITION(s) |

| Mots Clefs | Décodages : Intox, rumeurs & hoax buster |

[1Le révolution des mollahs : « ce moment de grâce » | Satrapi et tous les lobbyistes des mollahs le répètent sans cesse !

[2La pédophilie légalisée en 1980 et Shirin Ebadi | Ce détail est également absent des discours de Shirin Ebadi, qui a obtenu son Prix Nobel pour ses travaux sur la situation des femmes. Mais l’institut Nobel est financé par la compagnie pétrolière Statoil qui a de nombreux intérêts en Iran et avait besoin de redorer l’image du régime pour justifier la poursuite de sa présence en Iran. Statoil et le Testament d’Alfred Nobel | 09.10.2005