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Iran, 1er février 1979 : Khomeiny et ses partisans démocrates
02.02.2008

Cette fois, l’auteur de l’éphéméride du Nouvel Obs ne s’est pas trompé : le 1er février 1979, Khomeiny était rentré en Iran après 15 années d’exil. A son arrivée, il fit un discours sur l’illégalité du pouvoir du Chah , son discours rejoignait les exigences des démocrates longtemps qualifiés de laïques (Mossadegh, Bakhtiar…) qui exigeaient que le roi se soumette à la constitution de 1906 et au Parlement, les deux symboles de la limite du pouvoir absolu. La non-respect de la constitution de 1906 faisait du Chah un dictateur ! Mais ceux, iraniens, européens ou américains qui suivaient les avis des démocrates iraniens n’avaient sans doute jamais lu cette constitution, encore aujourd’hui présentée comme laïque. | Document choc |



En 1906, l’Iran devint une monarchie constitutionnelle. La constitution avait été appelée « loi fondamentale conditionnelle ». L’adjectif « conditionnelle » signifiait : légalité à condition du respect de l’Islam (coran, charia…). Le texte qui suit le prouve. La Révolution Constitutionnaliste de 1906 [1] qui instaura cette loi conditionnelle a été menée en partie par le clergé avec le soutien des britanniques.

On attribue la promulgation de cette constitution conditionnelle à une signature de Mozzafar Al-Din Shah Qajar, bien qu’il fut à l’époque paralysé et incapable de signer. Quoi qu’il en soit, le 5 Août 1906, la monarchie iranienne et son Parlement (c’est-à-dire le peuple) furent officiellement placés sous la tutelle du clergé chiite. Extraits des grandes lignes de ce contrat social islamiste.

Droit de vote


L’article 3 stipule que les femmes, les étrangers, les personnes mineures (moins de 25 ans), les personnes reconnues pour leurs opinions nuisibles, les personnes ayant un casier judiciaire, le personnel militaire, font partie des catégories de personnes qui ne sont pas autorisées à voter.

Aptitudes aux élections


L’article 4 stipule que les élus doivent être pleinement alphabétisés en langue persane (à l’époque les seuls lettrés étaient les mollahs et la seule forme d’éduction les écoles religieuses). Ils doivent aussi être sujets iraniens d’origine iranienne, « doivent être connus localement », « ne doivent pas être du gouvernement », doivent avoir entre 30 et 70 ans, et « doivent avoir des connaissances en affaires de l’État. » (la charia) L’article 7 affirme, « chaque électeur dispose d’une voix et ne peut voter que dans une classe [sociale]. »

Complément du 30 décembre 1906


Les lois fondamentales du 30 décembre 1906 ont défini le rôle du Parlement et de ses compétences dans le système. Il a en outre défini un Parlement bicaméral. L’article 1 a créé l’Assemblé Nationale Consultative [2] basée sur la justice. L’article 43 stipule qu’il doit être constitué d’une autre assemblée, le Sénat.

Complément du 7 octobre 1907


Les lois fondamentales complémentaires du 7 octobre 1907 ont créé la charte des droits et d’un système de gouvernance.

Tutelle de l’Islam : Art 1 et 2 de la Constitution

L’article 1 et 2 de la loi établissent l’Islam comme religion officielle de l’Iran, et spécifient que toutes les lois de la nation doivent être approuvées par un comité issu du clergé chiite.

Article 1 de la Constitution

La religion officielle de l’Iran est l’islam, conformément à la doctrine chiite, que le Chah d’Iran doit professer et promouvoir.

Article 2 de la Constitution

À aucun moment, aucun acte juridique de l’Assemblée nationale ne doit être en contradiction avec les principes sacrés de l’islam ou de la législation établie par Sa Sainteté le Meilleur De l’humanité (c-à-d : Mahomet).

En fait l’article 2 contient des précisions fondamentales sur le Parlement et ses lois conformes à la charia. Dans son introduction, cet article affirme que l’Assemblée nationale consultative est sous une quadruple protection, ainsi classée par ordre décroissant :
- en premier, la tutelle spirituelle de l’imam Mahdi, que Dieu hâte son heureux avènement !
- en second, le Chah (roi), considéré par la constitution conditionnelle comme le Roi des Rois (shah-an- shah) de l’Islam, chargé de la promotion de l’Islam.
- en troisième, le clergé et les hojjatol-eslam (ou mollahs), que Dieu multiplie leur nombre ! Ils arrivent après le Shah-an-shah de l’Islam et sont ses suppléants (bien avant les ministres ou le gouvernement).
- et en quatrième rang, arrive la protection de la nation iranienne (nation ou mellat est une variante de l’ouma).

Rappel | À aucun moment, aucun acte juridique de l’Assemblée nationale ne doit être en contradiction avec les principes sacrés de l’islam ou de la législation établie par Sa Sainteté le Meilleur De l’humanité (c-à-d : Mahomet).

En plaçant l’assemblée sous leur tutelle, cette constitution octroyait aux mollahs (oulémas, mojtahèdes, hojjatol-eslam ou ayatollah), le droit de déterminer si les lois proposées étaient ou pas conformes aux principes de l’Islam. Il a officiellement été décrété, qu’à tout moment, un comité composé d’au moins cinq mollahs devait siéger au Parlement.

Election du conseil des superviseurs chiites


Les oulémas et les hojatoleslams doivent présenter à l’Assemblée nationale consultative les noms d’une vingtaine des leurs possédant les attributs susmentionnés. Les membres de l’Assemblée nationale consultative doivent, soit par acclamation unanime, ou par vote, désigner cinq des candidats et les reconnaître comme membres, afin qu’ils puissent discuter et examiner attentivement tous les sujets proposés à l’Assemblée.

Leur tâche est de répudier et de rejeter, en tout ou en partie, les propositions qui sont en contradiction avec les lois sacrées de l’Islam, de manière à ne pas obtenir le titre de la légalité. À cet égard la décision de ce comité ecclésiastique doit être suivie et respectée, et cet article doit rester inchangé jusqu’à l’apparition de Sa Sainteté l’Imam Mahdi, Puisse Dieu hâter son heureux avènement !

Décodages | C’est-à-dire jusqu’à la fin des temps ! Sachant que toute contestation de la religion est immédiatement punie par la mort. L’article 7 rejette d’ailleurs la suspension de la constitution.

L’article 8 offre « l’égalité des droits devant la loi ». Cependant la loi étant la charia, cet article d’apparence démocratique est la confirmation de la soumission de tous les résidants à la charia.

Et si l’article 9 stipule que « tous les individus (incluant les étrangers par l’article 6) sont protégés dans le respect de leur vie, leur propriété et leur habitation de toute nuisance, les articles 15-17 fournissent davantage de sécurité aux propriétaires terriens (les féodaux et le clergé).

Précisions | ce texte si rigide prévoit (article 6) bizarrement un respect des non musulmans dans ce pays placé entièrement sous la tutelle de l’Islam. Normalement il n’est pas concevable que des mécréants puissent avoir des droits en terre d’islam, mais il fallait ménager le confort et justifier l’immunité des amis britanniques des mollahs.

Les Rois de la Dynastie Pahlavi n’ont pas appliqué cette constitution infamante, qui du début à la fin contient toutes sortes d’articles pour empêcher toute forme d’émancipation et d’évolution. A titre d’exemple, on peut citer l’article 20 qui stipule que « toutes les publications, exceptés les livres hérétiques et toutes les publications nuisibles à la religion [de l’Islam] sont libres. »

L’application de cet article aurait conduit à la fin de tout enseignement laïque en Iran, la recherche scientifique, mais aussi au rejet de toute remise en cause écrite des lois de la charia qui font de la femme un objet sexuel dès l’âge de 9 ans. Les Rois de la Dynastie Pahlavi ont non seulement refusé d’appliquer cette constitution statique, mais ils ont pris des mesures pour diminuer son emprise sur l’Etat (abolition du port du voile, émancipation féminine, école obligatoire, mixte, laïque et gratuite, suspension des lois fondées sur la charia, fondation d’une université laïque…), réformes réalisées malgré l’hostilité d’un Parlement dominé par les mollahs et les féodaux.

Aujourd’hui, les iraniens s’éveillent tardivement et remettent en cause leur naïveté qui les a conduit à suivre les ennemis de ces deux rois exceptionnels, et souhaitent le retour du Chah. C’est alors que les mollahs ont embrigadé des mercenaires de plumes (comme Ramine Kamrane) pour écrire des pamphlets hauts en couleur sur notre belle constitution (islamiste) de 1906 qualifiée de document unique, précoce et moderne !

L’objectif est de formater l’opinion occidentale afin que tout écart du respect à la lettre de cette constitution soit immédiatement taxé de retour à la dictature.

Notre devoir était de dissiper les malentendus sur cette constitution qui plait tant aux mollahs, mais également aux américains, ces grands défenseurs des modèles constitutionnels (à l’irakienne) !

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Pour en savoir + sur ces malentendus :
- Iran-élections : de Mossadegh à Ahmadinejad
- (18 DÉCEMBRE 2006)

| Mots Clefs | Institutions : Les Racines de la Révolution Islamique |

| Mots Clefs | Histoire : Révolution Islamique |

| Mots Clefs | Mollahs & co. : Khomeiny |

| Mots Clefs | Histoire : Mossadegh |
| Mots Clefs | Histoire : Pompiers Pyromanes |

| Mots Clefs | Histoire : Qajar |

ET...

| Mots Clefs | Histoire : Mohammad-Reza Shah (le Chah) |

[1Les origines historiques de la Consitution de 1906 | Pour le peuple iranien, le pouvoir des mollahs est dans le sens des intérêts britanniques. Ces derniers ont toujours eu d’importants réseaux en Iran et les plus récents travaux des chercheurs sur l’histoire de l’Iran montrent l’origine Britannique des idées développées lors de la révolution constitutionnaliste. D’après le document de Mme Homa Nategh que nous publions, les idées englobaient la création d’un « Parti de Dieu » nommément appelé le Hezbollah et la création d’un « état islamiste absolutiste conforme aux aspirations des iraniens ». La majorité des iraniens ignore les détails de ces liens qui lient les mollahs aux Britanniques sauf que les iraniens constatent la très grande complicité entre la BBC persane et le régime des mollahs. Communément on dit que sous leurs barbes, les mollahs portent l’étiquette « Made in England ».
- Mirza Malkam : L’inspirateur de la république islamo-maçonnique en Iran |