Les relations entre l’Iran des mollahs et la Russie de Valdimir Poutine sont complexes et compliquées. Les mollahs ont besoin de la protection de la Russie pour gagner du temps, non pas pour fabriquer une bombe mais afin de harceler les Etats-Unis afin que ce pays leur accorde des Garanties Régionales de Sécurité : c’est-à-dire admettre le rôle régional des mollahs (+le Hezbollah). Cette reconnaissance régionale convient à la Russie mais Poutine et ses lieutenants souhaitent qu’après ce changement décisif et fondateur au Moyen-Orient, l’Iran demeure leur allié (en Asie Centrale et surtout dans le Golfe Persique). Seul un Iran aux mains des mollahs est à leurs yeux susceptible d’être cet allié utile, c’est pourquoi ils s’opposent à toute interférence dans les affaires intérieures de ce pays.

Un changement de régime risque de bouleverser tous les projets régionaux des russes dans lesquels ils ont assigné un rôle de nuisance aux mollahs. Que ce soit un véritable changement de régime ou même une normalisation à l’américaine du régime des mollahs, leurs projets risquent de voler en éclat. Ils sont également les mieux informés sur l’existence des faux opposants iraniens. Ce sont là des méthodes de la Stasi et du KGB. A mi-chemin entre Téhéran et Washington, ces faux opposants postulent pour être les nouveaux visages d’un changement de look du régime chaperonné par les Etats-Unis. La mise en garde d’Igor Ivanov est donc très sérieuse. Mais la situation est très complexe car les Russes doivent aider les mollahs à obtenir les garanties de sécurité tout en sabotant un entente secrète. Dès lors ils sont à mi-chemin entre l’allié protecteur et le père fouettard.

La meilleure solution pour eux est que les Etats-Unis restent le plus loin de l’Iran et vice et versa. Pour empêcher les mollahs d’aller furetter du côté des américains, la méthode est la punition ciblée. Pour les américains, la méthode est diplomatique et parfois ceci donne des situations contradictoires.

Ainsi actuellement, les Russes se disent favorables à des « Garanties Régionales » ou même le « rétablissement des relations diplomatiques entre l’Iran et les Etats-Unis » mais ils sont aussi les premiers à se féliciter d’une nouvelle résolution à l’encontre des mollahs. Le problème est que pour justifier l’octroi de « Garanties régionales » et le rétablissement des relations diplomatiques entre l’Iran et les Etats-Unis, les Russes doivent souligner le rôle pacifique des mollahs dans la région alors que pour saluer une nouvelle résolution, ils doivent rappeler la nature clandestine et cachotière du programme nucléaire iranien qui est une menace pour l’équilibre mondial !

La parade est dans la formulation : Concerant le résolution, la Russie s’est dite satisfaite du projet de résolution du Conseil de Sécurité sur l’Iran, mais elle a précisé qu’elle ne le considérait pas comme définitif [1].

Concernant la fameuse menace pour l’équilibre mondial, la formulation frise le chef d’œuvre. « Un Iran possédant l’arme nucléaire représenterait une menace pour les intérêts de la Russie. Nous ferons tout pour l’empêcher ». Ceci n’est pas une menace pour le monde mais pour la Russie. Nous sommes donc priés de croire en la bonne foi de Poutine et de ses lieutenants.

Mais dans ce cas, quand Igor Ivanov (à ne pas confondre avec Sergueï Ivanov, le possible successeur de Vladimir Poutine) déclare que « cette question (nucléaire) ne doit pas être utilisée comme un instrument pour s’immiscer dans les affaires intérieures de l’Iran », peut-on en conclure que cette intrusion est une menace pour les intérêts de la Russie ?

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