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Iran : Le chantage des Russes
15.03.2007

Le calendrier approuvé en 2006 par la Russie et l’Iran prévoyait que la centrale soit mise en service en septembre 2007. L’envoi du combustible nucléaire devait en principe être effectif en mars. Selon le calendrier d’origine, la centrale devait même être lancée le 8 juillet 1999. Elle a été retardée cinq fois et aujourd’hui, les Russes ont fait rapatrier leurs techniciens et continuent de demander des budgets supplémentaires pour la centrale de Bouchehr.



Selon une confidence de Hady Hagh-Shénass, membre de la commission des affaires budgétaires et des prévisions du Parlement Islamique, les Russes auraient déjà obtenu plusieurs dizaines milliards de dollars soit 10 ou 100 fois le prix initial du projet : Le fondement de ces demandes et ces retards Russes est politique. Les mollahs sont demandeurs de plus de délais afin de ne pas aboutir à une nouvelle résolution et cette demande a un prix.

Les français ont par exemple obtenu leur prime avec la vente exceptionnelle de 100,000 véhicules en une petite semaine procurant 540 millions de dollars qui éviteront à Renault de sombrer définitivement. Le régime des mollahs distribuera sans doute d’autres primes à d’autres partenaires commerciaux pour neutraliser l’adoption de sanctions bancaires ordonnées par l’ONU. Les Russes continuent de redemander des budgets, mais cette exigence est due à un désaccord géopolitique : les Russes reprochent aux mollahs leur intention d’utiliser le délai obtenu avec l’aide de la Russie pour harceler les Etats-Unis en Irak afin d’aboutir à un accord avec les Etats-Unis.

Ceci n’est évidemment pas acceptable pour les Russes, ils ne veulent pas être instrumentalisés par Téhéran et ils aimeraient garder l’Iran dans leur sphère d’influence. Les liens stratégiques avec ce pays leur donnent le moyen de contrôler les accès aux hydrocarbures de l’Asie Centrale et la possibilité de bouter les Etats-Unis hors du Moyen-Orient. C’est pourquoi Bouchehr est devenu un cas emblématique des futures relations Irano-russes dans le dossier nucléaire iranien.

Les Russes menacent à présent de laisser les américains frapper l’Iran tout en précisant qu’ils ne souhaitent pas s’engager dans les jeux anti-iraniens des américains [1].

En d’autres termes, Poutine préfère ne pas voter de sanctions (contre l’Iran) mais il soutiendrait une éventuelle frappe contre ce pays. Nous l’avions écrit, il y a quelque mois, une frappe contre l’Iran est sans doute la solution préférée de tous les partenaires commerciaux de l’Iran mais aussi des mollahs. Une frappe militaire détruirait toutes les infrastructures et relancerait des projets de reconstruction qui permettraient aux actuels partenaires commerciaux de l’Iran de s’en charger et de refaire de nouveaux profits. Les mollahs espèrent également se poser victimes afin que l’attaque débouche sur un délai de survie comparable à la décennie de pouvoir obtenue par Saddam au lendemain de la 1ere guerre du Golfe (après l’invasion du Koweït).

Par la faute des mollahs le pays se ruine, donne des primes pour éviter des sanctions et sera même attaqué et détruit pour permettre la relance des nouveaux investissements étrangers et la survie du régime. Les Russes ont, évidemment, laissé la porte ouverte et encouragent les mollahs à accéder à leur demande : c’est-à-dire cesser de flirter avec les Américains ou de négocier séparément avec les Européens en vue d’ obtenir des « négociations bilatérales » avec les Etats-Unis (lire les notes associées à l’article 3207).

Désormais, tout ce qui arrivera sera négatif car les Russes faussent le jeu et les Etats-Unis préfèrent tout sauf un changement de régime. Une des raisons qui nous font douter de la volonté des Etats-unis à aider le peuple iranien à s’affranchir est que les medias gouvernementaux Américains en langue persane - VOA Farsi et Radio Farda - sont entièrement axés sur les faux opposants qui sont hostiles à tout renversement ou soulèvement contre le régime. La raison majeure est que les Américains ne se laissent pas guider par les attentes du peuple mais aimeraient guider cette attente vers un modèle Afghan ou Irakien dont on voit la faiblesse tous les jours.

Qui pourrait s’adresser aux Américains pour les informer ? Certainement pas nous ! Les medias sont squattés par des experts appartenant au Lobby universitaire des mollahs, experts qui répètent jusqu’à la nausée la nécessité de dialoguer avec des mollahs modérés ou des dissidents du régime. Ces dissidents ou réformateurs ou modérés sont absents pour condamner l’ingérence terroriste des mollahs en Irak.

Ces nouvelles négociations supplémentaires demandées donnent uniquement des délais supplémentaires aux mollahs pendant lesquels ils intensifient leurs ingérences terroristes en Irak. Cette ingérence finira peut-être par faire déguerpir les Etats-Unis de la région comme en 1984 au lendemain de l’acte de naissance du Hezbollah par l’attentat contre la caserne des marines. Cette défaite sera l’oeuvre des partisans du Dialogue : ces dissidents qui ont l’honneur de la VOA et de la Radio Farda.

Qui pourrait s’adresser aux Américains pour les informer ? Certainement pas nous, nous avons déjà essayé…

WWW.IRAN-RESIST.ORG

Pour en savoir + sur les choix des Américains :
-  Iran : Bush et ses trois solutions impossibles
- ( 27 février 2007)

| Mots Clefs | Auteurs & Textes : Textes essentiels d’IRAN-RESIST |

[1Ne pas s’engager dans les jeux anti-iraniens des américains | le 28 Juin 2006, Poutine avait déclaré : « Nous n’avons pas l’intention de nous associer à toutes sortes d’ultimatums qui ne font que conduire à une impasse et portent un coup à l’autorité du Conseil de Sécurité des Nations unies ». Il avait également critiqué implicitement la position de Washington qui cherchait à imposer des sanctions à l’Iran pour le forcer à abandonner son programme nucléaire. « Nous n’entrerons dans aucune union sacrée », avait insisté Poutine. Poutine ne s’associera à aucun ultimatum contre l’Iran |