Accueil > Photos > Iran - attentat : Des communiqués contradictoires et des preuves (...)



Iran - attentat : Des communiqués contradictoires et des preuves préfabriquées
18.02.2007

Le quotidien Keyhan en a fait sa une : le rôle des services américains et britanniques dans les crimes terroristes de Zahedan.



Il semblerait que comme les preuves, l’article était prêt à l’avance car après avoir fait état d’un second attentat destructeur contre une école, l’inquiétude a gagné l’est du pays et le régime a dû délivrer des communiqués rassurants. Dans un premier temps et Reuters l’a rapporté docilement, on avait appris qu’une bombe avait détruit une école et que des « bandits » avaient ouvert le feu sur les « gens ». Nous avons eu raison de mettre en doute ce récit car depuis les communiqués se suivent et ne se ressemblent pas.

C’est le désordre dans les communiqués, le régime balance entre deux objectifs : un besoin nécessaire d’amplifier la crise intérieure pour lancer une chasse à l’homme, mais il doit éviter de tomber dans l’invraisemblance pure : La seconde couche de communication de crise faisait état d’âpres combats entre les Pasdaran et les bandits en pleine ville à proximité de l’école détruite...

Zahedan est une petite ville et les rumeurs circulent vite... Le dernier communiqué fait état non pas d’une bombe qui aurait détruit une école, mais d’une « bombe sonore » sans dégât matériel et de combats entre la population armée de pioche et des bandits.

Si l’on croit le nouveau récit des mollahs, les terroristes attendaient là sur place longtemps après l’attentat… et de manière spontanée, après l’explosion de la bombe, une troupe de 2000 habitants s’est formée, tous armés de pioches et ils ont mis en fuite les « terroristes ». Mais bizarrement on ne décompte aucun mort parmi la population, car aux dernières nouvelles ces bandits étaient toujours armés de mitraillettes. Visiblement, ce n’est pas la contradiction qui gêne le régime, ni ses pseudos reporters et encore moins les braves correspondants qui jouent les coursiers de service.

Peu importe les détails, les articles (comme celui de Keyhan) étaient prêts et ils ont été publiés au lendemain du 2nd « attentat ». L’article de Keyhan parle de découverte de K7 vidéos compromettantes et d’armes de guerre dans la planque des terroristes (7 Kalachnikovs, un RPG 7 avec des obus correspondants, 40 kilos de TNT, 16 grenades artisanales - ainsi le régime se dispense de donner des n° de séries attestant leur origine - et des machettes ou épées !).

L’article de Keyhan parle aussi d’aveux filmés des auteurs présumés des attentats (alors que les 3 présumés auteurs avaient été arrêtés avant le second attentat !). Les auteurs qui ont tous avoué, certains ont même demandé pardon. Les terroristes qui avaient été présentés comme des éléments pro-talibans ont révélé avoir été formés par des instructeurs américains et britanniques au Pakistan en précisant que même l’explosif qui avait servi était d’origine américaine (et pas Afghane ou Talibane ?). Les contradictions s’accumulent : Il en est de même pour les motivations politiques de ces « terroristes mi-talibans mi-sionistes » et nous y consacrerons un article dans notre prochaine édition.

D’ores et déjà la Télévision locale a diffusé les vidéos des aveux du principal responsable de l’affaire (Nasrollah Shanbeh Zehi). L’homme dit : « avant j’étais un voyou, mais depuis 3 mois je suis rentré dans un groupuscule terroriste du Jundallah ! »

Il est également question d’une K7 vidéo trouvée dans la cachette qui établit des liens clairs et visibles entre ces hommes et un groupuscule anti-régime, les Britanniques et les Américains. Cette ou ces K7 montrent des instructeurs qui parlent anglais et des traducteurs du groupe Moudjahiddines (Keyhan promet de publier les images de ces preuves).

Encore une fois, le régime essaie de jouer sur les craintes du peuple iranien de voir les OMPI accéder au pouvoir. Les Moudjahidines du Peuple ont participé à la révolution de Khomeiny et ont été responsables de dizaines de milliers d’exécutions et d’actes de tortures. Après un an d’exercice commun du pouvoir et une tentative de putsch interne raté, ils ont pris le chemin de l’exil et ont rejoint Saddam Hussein pour combattre arme au poing à ses côtés. Ils ont alors tué des milliers de jeunes soldats iraniens perdus derrière les lignes irakiennes.

Vu l’impopularité de ce mouvement, le régime des mollahs insiste régulièrement sur un complot américain qui aurait pour objectif de rendre les Moudjahidines maîtres de l’Iran : c’est le spectre du grand méchant loup. Régulièrement le régime des mollahs essaie d’amplifier ce pseudo danger que représentent ces vieux terroristes retraités pour effrayer les Iraniens avec la menace d’un lendemain plus terrible que le régime des mollahs.

Par ailleurs, le principal terroriste (dont on ignore de quelle tribu il est) avoue avoir projeté de kidnapper des chefs de tribus et des notables locaux et de les égorger (une menace déguisée du régime ?)... Mais selon les Pasdaran, cette opération a échoué ! En fait le régime ajoute des éléments au fur et à mesure pour alourdir le dossier des inculpés car matériellement, il n’y a eu ni de 1er attentat ni de seconde bombe et encore moins d’âpres combats ; et la population locale le sait. C’est pour l’embarquer dans cette affaire bidon que le régime invente des menaces latentes, des projets avortés et de futurs risques potentiels.

Concernant le 1er attentat, le principal inculpé avoue qu’il avait volé une automobile, tué son conducteur et avec des amis et ensemble ils sont partis pour la faire exploser chargé de 50 Kilos de TNT en face du bus des Pasdaran. Précédemment, il était question d’une voiture qui aurait explosé à côté du bus. Décidément, les preuves dans cette affaire font preuve de flexibilité. La déformation de l’épave ne peut être due ni à une bombe latérale, ni à une bombe de face.

Et personne dans cette brave assistance ne se demande où est passée cette voiture, pourquoi ne trouve-t-on pas des morceaux de son épave, où sont ses victimes et pourquoi la scène du crime n’est pas ensanglantée ?

Que les pseudo journalistes locaux soient des employés du régime ou qu’ils craignent pour leur vie est plausible, mais aucun des médias européens ne se risque à évoquer ces preuves douteuses ou cet article de Keyhan qui ne concorde pas avec les derniers communiqués officiels. Les correspondants étrangers se taisent, laissent faire ou participent à cette opération qui finira par un procès préfabriqué suivi de pendaisons publiques d’un grands nombre de jeunes iraniens de cette région.

Le site de l’hebdomadaire l’Express joue un rôle certain pour réalimenter la toile en dépêches non vérifiées présentant des invraisemblances factuelles. Mais ce site a déjà participé, dans le cadre d’un dossier consacré à l’Iran, à faire passer des organismes pro régimes pour des organismes hostiles au régime afin d’orienter les internautes vers des sources d’infos complaisantes envers les mollahs.

Retour à des scénographies révolutionnaires : les 11 martyrs du 1er attentat ont été conduits au cimetière dans des cercueils portés par une foule en larmes qui scandait des slogans préfabriqués du régime : mort à l’Amérique, mort à l’Angleterre, mort à Israël avec des réactualisations qui correspondent aux préoccupations actuelles du régime, mort aux wahhabites !

Ceci fait partie des images de marque de la révolution islamique, où les partisans de Khomeiny égorgeaient des moutons et les mettaient dans des linceuls et courraient dans les rues pour chauffer la population et prétendre qu’il s’agissait de victimes de carnages policiers. Ce genre de spectacle est loin de tromper ou d’émouvoir les Iraniens et il leur rappelle un retour à cette révolution mensongère.

Le régime a finalement publié les noms des martyrs, mais rajoutons que le décompte officiel n’est plus de 11 mais 20 morts.

| Mots Clefs | Violence : Baloutchestan (Sistan & Baloutchistan) |

| Mots Clefs | Terrorismes : Attentats en Iran |