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Iran : Rupture superficielle des relations
19.12.2006

Le Monde - Daniel Vernet | La conférence intitulée « Examen de l’Holocauste : vision globale », qui a réuni, les 11 et 12 décembre à Téhéran, des orateurs négationnistes, a été organisée par l’Institut iranien pour les études politiques et internationales (IPIS). A la suite de cette manifestation au cours de laquelle est intervenu le président Ahmadinejad, les dirigeants de nombreux instituts internationaux de recherche sur la politique internationale ont signé une déclaration annonçant la suspension de tous les contacts avec l’IPIS.



« Du fait de sa complicité avec les négateurs du Mal absolu que fut la Shoah, l’IPIS a perdu sa qualité d’interlocuteur valable, de partenaire acceptable », expliquent les signataires. Ils refusent de participer aux réunions et aux voyages organisés par l’institut iranien et d’inviter ses membres à leurs propres réunions.

« Nous maintenons le principe du dialogue avec l’Iran, ajoutent-ils, mais nous ne serons pas en mesure de revoir nos décisions concernant l’IPIS tant qu’il n’y aura pas eu un changement de cours, marqué par la répudiation explicite de la négation de l’Holocauste. »

Parmi les signataires se trouvent :
- Alyson Bailes, directeur du Sipri (Stockholm)
- Pascal Boniface, directeur de l’IRIS (Paris)
- Thérèse Delpech, directrice des affaires stratégiques au CEA (France)
- Lawrence Freedman, King’s College (Londres)
- Dominique Giuliani, directeur de la Fondation Robert Schuman (Paris)
- François Godement, directeur du AsiaCentre (Paris)
- Nicole Gnesotto, directrice de l’Institut européen d’études et de stratégie (Paris)
- Charles Grant, Centre for European Reform, (Londres)
- Jeremy Greenstock, directeur de la Ditchley Foundation (Grande-Bretagne)
- François Heisbourg, président de l’IISS (Londres) et du Centre pour la politique de sécurité (Genève)
- Christophe Jaffrelot, directeur du CERI (Paris)
- Craig Kennedy, président du German Marshall Fund (Washington)
- Ivan Krastev, directeur du CLS (Sofia)
- Pierre Lévy, chef du Centre d’analyses et de prévision (ministère des affaires étrangères, Paris)
- Thierry de Montbrial, directeur de l’IFRI (Paris)
- Guillaume Parmentier, directeur du Centre français sur les Etats-Unis (Paris)
- Volker Perthes, directeur du Stiftung Wissenschaft und Politik (Berlin)
- Bruno Racine, président de la Fondation pour la recherche stratégique (Paris)

Une telle démarche, qui mêle des organisations officielles, publiques et semi-publiques de plus d’une vingtaine de pays, est exceptionnelle. Au-delà de l’indignation justifiée par la conférence de Téhéran, elle se veut un signal et un encouragement pour les intellectuelsiraniens à résister à la pression des autorités.

Evidemment, nous aimerions que ces admirables personnes cessent définitivement de se cacher derrière « le principe du dialogue avec l’Iran », pour justifier le maintien des relations avec les mollahs qui despotiquement gouvernent l’Iran et ensanglantent le Moyen-Orient.

Bien sûr, elles affirment qu’elles ne seront pas en mesure de revoir cette décision « concernant l’IPIS tant qu’il n’y aura pas eu un changement de cours, marqué par la répudiation explicite de la négation de l’Holocauste. »

Le problème ne se résume pas à l’IPIS. Et nous rappelons que Rafsandjani est l’auteur du plus grand attentat antisémite de l’histoire du monde, il serait donc avisé que ces personnes s’attaquent à la racine du mal. Cependant, permettez-nous de douter qu’elles en aient seulement l’intention.

Thierry de Montbrial [1] avait souhaité voir succéder ce boucher à Khatami , idem pour Heisbourg qui voyait également en ce maître d’œuvre des attentats de Paris le plus qualfié des mollahs à dénouer la crise… Guillaume Parmentier affirme que ce régime coupable d’un tel crime est fréquentable et Pasacal Boniface cherche encore des volontaires pour négocier avec les mollahs [2]... De nombreux experts [3] qui se sont indéniablement trompés au sujet des mollahs depuis au moins une décennie continuent de séparer Ahmadienjad du reste du troupeau !

Condamner cette « institution de recherche », la belle affaire ! Des dizaines d’autres continuent d’exercer leur talent ici et là, il faudrait rompre avec tous ceux qui n’ont pas explicitement condamné cette conférence.

Nous demandons à ces signataires courageux, s’ils ont l’audace de se conformer avec leur propre sentence ou s’ils attendent encore la venue du Messie Rafsandjani ?

[1Thierry de Montbrial | En février 2005 le directeur général de l’Institut Français des Relations Internationales (IFRI), Thierry de Montbrial avait écrit dans le Monde : «Si le successeur de Khatami est un homme fort et expérimenté, comme Rafsandjani, on peut imaginer que la République islamique reconnaisse Israël et s'engage durablement à respecter les obligations du Traité de non-prolifération - pour s'en tenir à deux demandes occidentales impérieuses - en échange de la prise en considération de son rôle légitime dans l'organisation de la sécurité régionale et de concessions économiques».

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Article de Thierry de Montbrial dans le Monde du 19 Février 2005

Pour en savoir + sur Rafsandjani | Rafsandjani et le dilemme argentin |

[2Pasacal Boniface |

RealAudio - 43.4 Mo
Conférence sur l’Iran avec la participation de Pascal Boniface

[3Experts en Iran | Antoine Sfeir, Bernard Hourcade, Frédéric Tellier, François Heisbourg, Michel Makinsky, Hubert Vedrine, Alexandre Adler, Delphine Minoui… |