Iran : les Européens et le Rapport Baker 29.11.2006 Au Conseil de Sécurité, la France, l’Allemagne et le Royaume-Uni ont à nouveau présenté un vieux projet de résolution portant sur des sanctions contre l’Iran, un projet qui avait été refusé à la fois par les Russes comme par les Américains. | Décodages | « La philosophie générale du texte reste la même, c’est-à-dire cibler les programmes nucléaires et balistiques iraniens ainsi que les entités qui les conduisent et les individus qui les animent », a souligné Jean-Baptiste Matéi, le porte-parole du ministère français des Affaires Etrangères. Ce projet avait été initialement conçu par les ex-Troïka pour faire du « sur place » en attendant les résultats des éléctions américaines à mi-mandat qui auraient dû transformer Bush en un président impuissant face à une Chambre et un Sénat lui étant radicalement opposés. Les européens espéraient composer avec les Démocrates qui étaient comme eux favorables à plus de dialogue avec les mollahs et favorable à un retrait anticipé des troupes américaines de l’Irak. Car en réalité chacun savait que les mollahs financaient les attentats en Irak pour mettre à mal l’administration Bush qui est l’unique adversaire dans le dossier nucléaire. Les Russes jouent le jeu des mollahs (ils préfèrent que ce régime demeure une source de conflits régionale dans le cadre de leur offensive énergétique), les Chinois ont besoin de pétrole et les européens ont d’énormes intérêt en Iran. Ces derniers voyaient donc dans les activités des mollahs en Irak, une riposte de la part du régime des mollahs excédé par l’insistance des américains à imposer des sanctions significatives contre ce pays. Ce qui est étonnant est la conclusion tirée de cette observation ! Les adversaires de Bush comme ceux qui ont des intérêts en Iran ont cru que la solution était d’accorder des droits à l’Iran en Irak en échange desquels, l’Iran se comporterait selon leur convenances dans le dossier nucléaire mais aussi en Irak. Chacun espérait alors la reprise de nouvelles négociations avec l’Iran conformémemant aux recommandantions du Rapport James Baker qui avait l’accord des Démocrates. La victoire des adversaires de Bush a redonné espoir aux Européens et on a alors entendu de nombreux poissons pilotes présidentiels déclarant que l’Iran était responsable des violences en Irak : cette révélation était censée être la preuve qu’il fallait négocier avec « ce pays » pour mettre fin à ces violences. Cependant ce que personne n’avait pris en compte dans l’exposé du problème était le point de vue des mollahs : ces derniers ne ripostaient pas contre Bush, ils cherchaient uniquement à le provoquer et obtenir de lui des garanties régionales précises. Le défaut du rapport Baker est d’avoir eu une lecture érronée de l’ingérence iranienne en Irak et une lecture érronée de la crise nucléaire. Le rapport Baker ne les considère pas comme des vecteurs d’amplification de crise ou des prétextes mais comme des problèmes à part entière. Dès lors, il confond les moyens mis en oeuvres et les objectifs. Les mollahs doivent amplifier la crise (nucléaire et irakienne) pour imposer la confirmation du Hezbollah au Liban. Le sujet n’est pas l’Irak ou le nucléaire même si l’Irak est le problème n°1 des américains. Les mollahs doivent amplifier la crise pour imposer la confirmation du Hezbollah comme extension de leur régime dans la région. Le maître mot de leur stratégie est l’amplification de la crise. L’esprit du rapport Baker est le contraire : dédramatiser les crises et ouvrir le dialogue avec l’Iran mais aussi avec la Syrie, les deux états pressentis comme les parrains de la crise irakienne. Du côté des mollahs, la règle d’or est le chantage à base d’attentats et du côté Baker, l’idée était de dialoguer avec la Syrie et l’Iran afin de pacifier les rapports avec les deux pays. D’ailleurs sous l’impulsion de ce rapport, des démarches ont été entreprises. Ce sont ces démarches qui ont chamboulé les plans iraniens d’amplification de crise. Le rapprochement Irako-américain avec la Syrie pour rendre possible cette pacification a effrayé le régime des mollahs. Et ce régime criminel a choisi détruire ce rapprochement en éliminant Pierre Gemayel, l’ennemi juré des Syriens. Le projet Baker ou tout autre projet de négociations constructives ne peut donner de résultat avec les mollahs car ces derniers ont un objectif précis d’où écoulera leur puissance régionale : la confirmation d’un Hezbollah armé au Liban. Précisons qu’en attendant ce rapport boiteux, le « rôle régional de l’Iran » a été remis en cause par son allié Syrien et son voisin l’Irak qui tous deux ont refusé de participer à la conférence Tripartite voulue par Téhéran. De facto ces deux pays qui ont renoué leurs relations ont refusé d’accorder à l’Iran son rôle constructif revendiqué dans la crise irakienne. L’assassinat de Pierre Gemayel perturbe également les recommandations du rapport Baker. Car si malgré ce refus de l’Irak, les américains cherchaient à impliquer l’Iran dans le destin de ce pays, toute reconnaissance du rôle régional de l’Iran serait une reconnaissance du Hezbollah qui joue la carte irano-syrienne contre la souveraité du Liban. Ce que le rapport Baker refusait de prendre en compte l’a rattrapé. L’approche érronée et maladroite de ce rapport a définitvement fait basculer toute chance de dialogue. Et il ne pouvait pas en être autrement. Malgré cette incompabilité viscérale entre le rapport Baker, les réalités régionales et les objectifs des mollahs, les Européens semblent dans la même disposition d’idée qu’à la veille de la victoire des Démocrates qui aurait permis à ce rapport boiteux de donner une nouvelle direction à la diplomatie américaine. La nouvelle résolution Européenne au Conseil de Sécurité en porte les stigmates. Le monde évolue et la diplomatie Européenne est figée depuis 2003. Nous nous retrouvons en Août 2005 quand les mollahs ont fermé la porte à la Troïka après 2 ans de négociations interminables et stériles. Mais cette fois de nombreuses sanctions courent déjà contre les mollahs et les manoeuvres des Européens pour préserver ce régime et leurs intérêts en Iran seront moins nocives. 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