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Bombardement de l’Iran : décodages d’une rumeur
23.11.2006

Les États-Unis pourraient préférer en 2007 l’option militaire à la voie diplomatique contre Téhéran et bombarder des installations nucléaires iraniennes, estiment des experts à Washington. Or, ces experts ont des affiliations particulières.



À propos des intentions prêtées à Bush d’attaquer l’Iran, John Pike, directeur de Globalsecurity.org dit : « Je pense qu’il va le faire ». Pike est un expert qui dit toujours ce qui est plausible d’entendre. Son analyse d’une prochaine attaque contre l’Iran, c’est du réchauffé : il l’avait déjà affirmé en Juillet 2003 [1].

Il se basait à l’époque sur la ressemblance entre les accusations américaines contre les mollahs et celles contre Saddam. Pike ne recycle pas de vieilles rumeurs : il agite les mêmes rumeurs à des moments précis quand le régime des mollahs risquent d’être soumis à des sanctions. En réalité, plus que d’une attaque, le régime des mollahs craint les sanctions (sanctionnés, ils ne pourront plus financer les milices anti-émeutes).

L’arme diplomatique du régime des mollahs pour retarder les sanctions est le recours aux négociations sans fin. Mais l’arme médiatique du régime des mollahs pour encourager la poursuite de ces négociations sans fin est d’évoquer une nouvelle forme de négociation (sans la Troïka européenne). Il s’agit de négociations directes Iran-USA qui seraient une alternative à l’attaque militaire. À aucun moment, les sanctions économiques ne sont évoquées et les différentes campagnes médiatiques se focalisent sur l’attaque militaire et son alternative.

L’objectif est de créer une psychose médiatique internationale diabolisant les intentions de l’administration Bush à l’égard des mollahs. Bush = Guerre, Paix = Négociations. Ainsi la phrase de Pike, « Je pense qu’il va le faire », milite indirectement en faveur de négociations directes et sans conditions préalables avec les mollahs.

Évidemment, il n’y a pas l’ombre d’une menace d’attaque. Tout est soi-disant fondé sur la connaissance de notes confidentielles, ou des « je pense que… ». Et ce au moment où le projet de négociations directes avec les mollahs a du plomb dans l’aile. Outre Pike qui rabâche ses « analyses » de 2003, il y a aussi parmi les diffuseurs de cette dernière rumeur d’attaque Seymour Hersh, qui annonce sa fameuse hypothèse régulièrement sans que sa prédiction ne se réalise.

Le cas de Seymour Hersh est l’un des plus intéressants car le journal qui l’emploie, le New Yorker, a été mêlé à une affaire de diffamation des opposants iraniens. Hersh dont les récits sont fabriqués sans aucune documentation et qui ne cite jamais ses sources est très apprécié en France car il est l’un des ennemis attitrés de Bush, s’il écrivait avec la même virulence contre Jacques Chirac, il n’est pas certain qu’il serait aussi largement diffusé en France et aussi bien par le Figaro, que par le Monde ou par Libération. Son spectre de diffusion force l’admiration ; notons que son traducteur français est Alexandre Adler, l’admirateur de Rafsandjani, le pragmatique. Autre point important, les experts ici présents ne commentent que rarement les méfaits reprochés aux mollahs.

Cependant aussi bien Pike que Hersh, qui citent des sources très fiables mais très anonymes, restent très prudents. Selon Pike, les États-Unis pourraient « bombarder des installations d’armes de destruction massive l’été prochain », mais cette opération serait « limitée » et ne serait pas suivie d’une invasion de l’Iran. A part les deux compères, l’AFP a fait appel à un certain Joseph Cirincione, expert selon l’agence française au Center for American Progress, un centre de réflexion proche des démocrates.

En réalité, le Center for American Progress est beaucoup mieux qu’un centre de réflexion proche des démocrates, il est une dépendance de Council on Foreign Relations, le club de décideurs menés par Brzezinski, le gourou de la diplomatie démocrate et le père fondateur de l’islamisme au service des intérêts US. Joseph Cirincione est membre de Council on Foreign Relations et d’autres responsables du Center for American Progress sont dans le même cas.

Dans le document diffusé mondialement par l’AFP, Cirincione dit penser que l’option militaire contre l’Iran sera choisie par le gouvernement américain. Evidemment, le langage est très « expert », mais l’intention est de donner un « packaging réaliste et documenté » à une rumeur. Afin de prouver ce que nous avons affirmé plus haut, nous nous contentons de transcrire le texte de l’AFP, sans en changer une virgule.

« Ce n’est pas réaliste, mais cela ne veut pas dire que nous ne le ferons pas. C’est moins probable après les élections, mais c’est encore tout à fait possible », estime M. Cirincione dans un entretien avec l’AFP. « Si vous regardez ce que fait l’Administration Bush, il semble qu’elle nous dirige inévitablement vers un conflit militaire », ajoute-t-il, relevant que rien n’est fait pour promouvoir des solutions alternatives, comme des discussions avec Téhéran sur l’Irak qui pourraient ensuite être élargies au programme nucléaire iranien et au rôle de Téhéran dans la région.

Rappelons que le rôle de l’Iran dans la région passe par le Hezbollah. Cirincione (porte-voix de Brzezinsky) est en train de brader le Liban et l’Irak aux mollahs en espérant une alliance avec le futur maître des lieux.

En contre-expertise, l’AFP cite Joshua Muravchik, un expert de l’American Enterprise Institute, qui appelle à attaquer l’Iran. Rappelons que l’AEI joue un rôle trouble dans l’affaire iranienne et apporte son soutien uniquement à des faux opposants qui ont quitté l’Iran avec l’accord des mollahs.

Etrangement, l’ensemble des actions entreprises par l’AEI ne fait que renforcer le régime des mollahs et décourager la jeunesse iranienne. Joshua Muravchik dit : « Nous devons bombarder l’Iran… La voie diplomatique et des sanctions n’a mené nulle part… Nos options ont été réduites à deux : nous pouvons nous préparer à vivre avec l’Iran doté d’armes nucléaires ou nous pouvons utiliser la force pour l’en empêcher ».

La voie diplomatique et des sanctions n’aura-t-elle mené nulle part ???

Les déclarations contenues dans cette dépêche de l’AFP avaient été sélectionnées pour créer une psychose d’une guerre prochaine, toutes sont basées des « je pense que… » ou de fausses affirmations comme : « la voie diplomatique et des sanctions n’a mené nulle part » , ou encore les analyses non réalisées et réchauffées de Pike ou de Hersh. Le temps des négociations touche à sa fin et les partisans du dialogue avec les mollahs reprennent du service. Certains comme celui de l’American Enterprise Institute nous en apprennent plus sur leurs objectifs occultes.

WWW.IRAN-RESIST.ORG

Pour en savoir + sur l’American Enterprise Institute :
-  Iran : affaire Akbar Mohammadi ou Remue-ménage dans la dissidence intra-muros
- (5 août 2006)

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Is Iran next | John Pike | 2003