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Le journal Hebdo | Al Adl se positionne : La Qawma en 2006
13.12.2005

A la surprise générale, Al Adl Wal Ihsane annonce des changements de taille en 2006. Une approche qui n’est pas partagée par le PJD.



L’association du cheikh Yassine, Al Adl Wal Ihsane, persiste et signe. Sur leur site Internet, la Jamaâ continue d’annoncer l’événement attendu pour 2006 : la « qawma », une sorte de soulèvement populaire qui mènera à un changement de régime. Les témoignages des adhérents publiés sur le même site indiquent que plusieurs milliers d’adeptes ont eu des visions dans ce sens. Le Cheikh lui-même a eu une « roûyia » (vision) qui prédit un soulèvement qui aboutira à sa bayaâ. « Nous n’allons rien provoquer. La situation socio-économique poussera les Marocains à réagir et à nous choisir comme alternative », explique un haut cadre de la Jamaâ.

Pour les membres d’Al Adl Wal Ihsane, les caractéristiques requises pour prétendre à la Khilafa sont réunies en la personne du cheikh Yassine. A savoir, la sagesse, la connaissance, la capacité physique et mentale à diriger une nation et finalement l’affiliation au prophète. Mais le plus impressionnant dans ces déclarations est la certitude avec laquelle les affiliés d’ Al Adl présentent le déroulement des événements. Cela dit, un petit groupe d’adeptes opte lui, plutôt, pour 2010. Simple spéculation ou manœuvre pour sortir de la léthargie que l’association de Yassine vit depuis quelques mois. En effet, plusieurs cadres d’Al Adl Wal Ihsane ont quitté le navire. Ils regrettent l’attitude passive de la Jamaâ. Yassine refuse toute négociation avec l’Etat et rejette toute participation électorale. « On ne peut pas faire de la politique et rester plus de vingt ans sur la marge. On finit par tout laisser tomber », remarque un haut responsable du PJD. Pour les mauvaises langues, le Cheikh a mis en avant cette histoire de visions pour éviter l’éclatement de son association. Des voix, de plus en plus nombreuses au sein d’Al Adl, appellent à un changement de cap. En d’autres termes, la création d’une formation politique.

Ahmed Raïssouni, universitaire et idéologue du mouvement « Attawhid Wal Islah », explique parfaitement le phénomène. Pour lui, les visions dans l’Islam ont un rôle purement social et restent très personnelles. « Le prophète expliquait leurs rêves aux musulmans, mais cela n’a jamais eu d’implication politique », rappelle Raïssouni. Cette approche développée récemment par les adeptes d’Al Adl tient ses origines du mouvement soufi. Abdeslam Yassine n’a jamais renié son affiliation soufie. Il puise même dans les coutumes de cette mouvance pour asseoir son approche politique. Mais le professeur Raïssouni est catégorique sur un point, « je ne pense pas que cela puisse être uniquement une manœuvre politique. Je pense que le cheikh Yassine est sincère dans ses propos et il croit ce qu’il avance ». Concernant la Khilafa, le PJD et Al Adl Wal Ihsane sont très opposés. Les premiers mettent en avant des élections libres et démocratiques. « Le meilleur moyen aujourd’hui de s’approcher du modèle voulu par l’islam, c’est d’organiser des élections libres et démocratiques. Sur des questions qui concernent toute la nation, le vote est une manière d’imposer la volonté populaire mise en avant par le Prophète. D’ailleurs les démocraties cherchent, aujourd’hui, à imposer des chefs d’Etat avec les qualités requises. Bien sûr, le Maroc a ses spécificités, mais la démocratie est la seule manière, aujourd’hui, de respecter les principes de l’Islam », explique Ahmed Raïssouni. Et d’ajouter « malheureusement, on n’a pas permis à Adl Wal Ihsane de créer légalement son association. Cela aura permis à la Jamaâ de travailler en toute transparence et permettre ainsi son évolution et son ouverture ».

Une analyse partagée par les militants du PJD qui expliquent leur ouverture par leur participation électorale. « Nous avons beaucoup appris de la société et nous avons apporté également beaucoup de choses aux autres formations. Si on n’avait pas choisi de participer au jeu politique marocain, on serait, aujourd’hui, très renfermé », souligne un membre du secrétariat général du PJD. Pour Al Adl, le salut viendra du Cheikh. A méditer !

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Mouaad Rhandi

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