Débat interne en Iran : l’analyse européenne est erronée 25.09.2006 Selon une dépêche de l’AFP, citant un officiel américain, l’ajournement répété d’un nouveau tour de négociations sur le programme d’enrichissement nucléaire entre les principales puissances et la république islamique d’Iran démontre qu’un profond débat se déroule à Téhéran sur l’avenir nucléaire iranien. Les négociations entre Javier Solana et Larijani devaient reprendre à New York en marge de l’Assemblée Générale des Nations Unies. La discussion devait encore porter sur le package du G6 (5+1) mais mercredi Téhéran annonçait que finalement, Larijani rencontrerait ultérieurement Solana dans une capitale européenne sans préciser laquelle. Pourtant le même jour, Ahmadinejad voulait bien négocier à certaines conditions sans toutefois les donner et selon le Washington Post du 24.09, il aurait déclaré : Tout est négociable, à condition que Washington change d’attitude ! Certains dirigeants américains et européens annoncent donc voir un grand débat en Iran parmi les dirigeants du régime de Téhéran, ils imaginent que l’Iran n’est pas monolithique [1] et que différentes voix se font entendre et doivent pouvoir s’exprimer. Même si différentes voix se font entendre à Téhéran, il n’y a qu’une seule ligne, la ligne officielle, celle décidée au plus haut niveau officiellement par le guide suprême Khamenei et soutenue par tous les anciens présidents iraniens (et l’actuel !) sous la direction de Rafsandjani, le plus légitime héritier de Khomeiny et le Patron du régime. L’Iran continuera de développer son programme nucléaire, en se fondant sur la défense de son indépendance, des raisons énergétiques et scientifiques. La division est l’une des caractéristiques de ce régime, qui encourage l’expression des voix discordantes, pour singer la pluralité. L’Iran n’est pas monolithique | Depuis les années Khatami, de nombreux journaux occidentaux se complaisent à imaginer l’existence d’un clivage gauche/droite dans le régime des mollahs. La différence entre ces clans ou même les prétendus clivages politiques est en fait minime malgré tout ce que l’on peut lire ici ou là. Il existe de nombreux clans au sein de la république des mollahs, mais les analyses qui en sont données en occident ou dans le monde arabe sont erronées : le régime des mollahs préfère délibérément donner l’impression qu’il existe une guerre interne au sommet du pouvoir. D’ailleurs, ce sont les mollahs qui ont popularisé ce concept en l’appliquant à l’islamisme. L’origine de cette manipulation est communiste. Sous l’ère soviétique, la propagande nous apprenait que le vrai communisme n’avait jamais été appliqué et que les soviétiques avaient déformé cet extraordinaire outil de liberté et d’émancipation. Nos islamistes qui ont été formés par les Services Est-Allemands appliquent le même principe à l’islamisme (lire notre artcile consacré à la dissidence universitaire iranienne) : il y a désormais l’Islamisme modéré et l’islamisme dévoyé. En France, le concept a été confié de préférence à des intellectuels non-musulmans (Adler, Kepel, Sfeir…) qui ne cessent de le reprendre afin de familiariser les laïques que nous sommes avec le progrès d’un sain dialogue avec des islamistes modérés. Ces intellectuels citent souvent l’exemple iranien et nous nous retrouvons des années en arrière quand les mêmes défendaient Khatami en détrournant l’attention du programme nucléaire iranien. Il ne faut surtout pas oublier que le programme iranien a été finalisé sous les présidences de Rafsandjani et Khatami, deux mollahs qui en Occident se font qualifier de Réformateurs, progmatiques ou dialoguistes. Parallèlement, cette mise en scène de « débat interne » renforce l’image d’un pays divisé régi par plusieurs centres de pouvoir et elle permet au régime de tenir simultanément plusieurs discours diamétralement opposés sans paraître contradictoire. La cacophonie qui s’exprime depuis Téhéran a reçu l’autorisation d’être diffusée à l’étranger et elle a sa place dans les manoeuvres supplémentaires pour donner plus de temps au régime iranien. Refsandjani et Khatami et la myriade d’intellectuels iraniens qui les suit depuis des années ont toujours su exploiter le temps (le timing) au profit du régime. Téhéran profite donc une fois de plus d’une analyse occidentale qui n’a pas cours en Iran, le débat démocratique qui l’agiterait n’existe pas. D’ailleurs tous nos intellectuels ou dissidents sont 100% pro-nucléaires ! A plus ou moins long terme, Téhéran se débrouillera pour se doter d’un savoir faire nucléaire aussi dangereux qu’un arsenal atomique [2]. Pour l’heure, on s’éloigne de mesures coercitives efficaces à l’encontre du régime des mollahs par la faute d’une résistance des états partenaires de l’Iran : la Russie, la Chine mais aussi l’Italie, l’Allemagne et la France qui compte double grâce à une action très remarquée de Jacques Chirac. WWW.IRAN-RESIST.ORG [2] Le Savoir Faire nucléaire iranien sera plus dangereux qu’un arsenal atomique | Pourquoi ? Le régime des mollahs, soutenu par la Ligue Arabe, le Venezuela et son allié Russe, tente d’ arracher le droit à l’enrichissement et ainsi créer une jurisprudence nucléaire qui ouvrira la voie pour un Droit à la Dissuasion. La doctrine nucléaire des mollahs iraniens | |