Des propos qui ancrent un peu plus le Canada à son voisin du sud dans ce domaine et l’éloignent un peu plus des pays européens dont les dirigeants ont été plutôt timides dans la condamnation du Hezbollah et de ses protecteurs que sont Téhéran et Damas.

Le ministre canadien des A.E. a notamment déclaré que l’Iran était un agent provocateur. Il a également déploré que la Syrie soit l’instrument qui permette à l’Iran d’accomplir ses méfaits. Mac Kay a insisté en ajoutant que Téhéran avait du sang sur les mains pour avoir poussé le Hezbollah dans la guerre contre Israël. Il a également mis l’accent sur la menace que représente le régime des mollahs en matière de nucléaire. Mac Kay est le premier dirigeant occidental (à part les USA) à se prononcer sur le danger nucléaire des mollahs, à deux jours de la date choisie par Téhéran pour répondre à la proposition de suspendre ses activités nucléaires.

Le 22 Août qui est en effet la date choisie par Ahmadinejad pour apporter sa réponse est une date symbolique dans le calendrier musulman. Les musulmans (et non les « iraniens » comme le prétend l’AFP) fêtent ce jour là l’anniversaire de la révélation à Mahomet de sa mission prophétique. Selon la légende, la nuit du 27e jour du mois de Rajab, le prophète Mahomet enfourcha le cheval ailé Buraq pour se rendre d’abord à la « mosquée la plus éloignée », (considérée depuis quelques années comme se situant à Jérusalem – comme par hasard [1]), puis au paradis, avant d’en revenir. On appellle ce voyage céleste le Me’raj.

Selon les mollahs, cette date pourrait même être liée au retour du 12e Imam et il n’est pas impossible qu’ils cherchent à créer un état d’excitation dans le monde musulman pour donner à l’Iran l’image d’un état bafoué pour des raisons de discrimination religieuse. Toute fois, les diplomatiques étrangers en mission à Téhéran ne pensent pas que les mollahs aient attendu cette date pour des raisons symboliques. Selon eux, les manœuvres dilatoires de Téhéran ont été mises à profit pour pouvoir annoncer de nouveaux progrès dans le programme d’enrichissement. Il pourrait s’agir de la fin de la construction du réacteur nucléaire d’eau lourde à Arâk. Ce type de réacteur peut produire du plutonium.

Ce n’est donc pas sans raison valable que le ministre canadien des affaires étrangères qualifie le régime des mollahs de l’état le plus dangereux actuellement, et du principal soutien au terrorisme et à l’islamo-fascisme. Les propos du ministre sont aussi des reproches adressés à la complaisance des diplomates européens vis-à-vis de l’Iran, le plus important partenaire commercial de l’Union.

Selon un ambassadeur canadien en poste en Europe, le régime des mollahs veut polariser le monde. « On est soi contre eux, soit avec eux et alors on doit tout accepter. Les diplomates européens veulent continuer à s’imaginer qu’ils peuvent jouer un rôle distinct de celui des USA et d’Israël alors qu’ils ne font que le jeu de l’Iran. D’ici deux semaines, la diplomatie européenne aura autant d’effet que la feuille de salade autour d’un steak ».

L’attitude canadienne ne va pas manquer de faire réagir Téhéran au moment où le millénariste Ahmadinejad compte apporter sa réponse inspirée à l’ONU. Une réponse qui devrait être aussi ambiguë que possible afin d’amplifier la crise existante et de pousser la communauté internationale au consensus.

Leur réponse sera sans doute largement commentée par les partenaires européens jamais à court de bonnes idées pour remonter les difficultés (et dissiper les AMBIGUÏTÉS) quand il s’agit de l’Iran. N’oublions pas que les P5+1 [2] ont donné jusqu’au 31 Août aux mollahs, il est probable que du 22 au 31, les délégations se multiplieront pour se rendre en Iran et convaincre les mollahs que l’offre est bonne et surtout qu’elle comprend des compensations secrètes : livraisons d’essence, complaisances libanaises, réduction des effectifs de la Finul…

On connaît l’art de marchandage des mollahs pour faire monter des enchères. Si le 22 le prophète a fait un tour au paradis, du 22 au 31, les Européens feront un détour par l’enfer.

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