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Boeing-Sukhoï contre les mollahs
12.08.2006

Les sanctions américaines qui frappent le groupe aéronautique russe Sukhoï pourraient avoir une influence sur la livraison des systèmes anti-missiles TOR-M1 que la Russie doit livrer à l’Iran.



Les Etats-Unis ont annoncé le 4 août l’introduction de sanctions pour une période de deux ans contre sept sociétés de quatre pays, dont l’exportateur officiel d’armes russes Rosoboronexport et le constructeur d’avions Sukhoi, pour avoir fourni à l’Iran « des équipements et du matériel » susceptibles d’être utilisés dans « le développement d’armes de destruction massive, de missiles balistiques et de croisière ».

Les sanctions américaines risquent de porter ateinte à VSMPO-Avisma, le plus important producteur de titane au monde qui livre plus de 40% de sa production aux Etats-Unis. Cette société est en passe d’être achetée par la Rosoboronexport et les sanctions interdisent à cette dernière et à ses filiales de livrer des produits aux Etats-Unis dans le cadre de contrats publics.

Au mois d’avril, VSMPO-Avisma (filiale de l’exportateur officiel d’armes russes Rosoboronexport) avait passé avec Boeing un accord concernant la création d’une entreprise mixte fabriquant des semi-produits pour des éléments de jets. Parallèlement, la Russie avait signé un contrat pour la fabrication d’un moyen-courrier Superjet-100, fruit de la collaboration entre Boeing et l’avionneur russe Sukhoï. Les menaces qui pèsent sur ces 2 très importants contrats ont déjà fait couler beaucoup d’encre en Russie et peuvent avoir un effet négatif sur les livraisons d’armes par la Russie à l’Iran.

Nous ne sommes pas en mesure de confirmer l’abandon de la livraison du système anti-missile TOR-M1 [1], mais il y a des rumeurs qui vont dans ce sens, les Russes étant déterminés à concrétiser les deux contrats civils qui doivent déboucher sur un marché gigantesque. Boeing et Sukhoï devraient coopérer dans la conception d’une famille d’avions régionaux RRJ, le premier vol étant programmé pour novembre 2006 et la mise en service d’un premier appareil pour fin 2007-début 2008. Le volume du marché potentiel de la famille RRJ est estimé à 5.400-5.600 unités d’ici 2023, soit près de 100 milliards de dollars !

Mise à part l’importance économique du contrat de Boeing avec les fournisseurs Russes de titane et la compagnie Sukhoï Civil Aircraft dans le cadre du programme SuperJet-100, la Russie est importunée par les missiles anti-chars d’origine Russe qu’utilise le Hezbollah. Et il y a également quelques affaires suspectes de livraisons de missiles intercontinentales... Poutine doit tourner la page et trouver un moyen pour désactiver les sanctions, éviter d’en engranger de nouvelles et montrer sa relative bonne fois.. tout porte à croire que la livraison des missiles à l’Iran en pâtira.

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[1TOR-M1 est un Missile Surface-Air à moyenne portée qui a été conçu pour engager des avions et autres hélicoptères mais aussi des missiles de croisières. Ce système d’arme est apte à mettre en oeuvres des charges coventionnelles et NBC. Le bataillon de défense antiaérien sur Tor-M1 compte quatre batteries à quatre lanceurs chacune.

Le véhicule de lancement dispose de huit missiles 9M331 pouvant être lancé verticalement, d’un radar de surveillance 3D, d’un radar d’acquisition et d’un système TV. Une fois qu’un aéronef est repéré par le radar d’acquisition à une protée de 27 kilomètres, il est identifié est surveillé. S’il se révèle hostile, il est pris en charge par le radar de guidage à partir de 12 kilomètres pour une altitude allant jusqu’à 6000 mètres.

Si nécessaire, l'ordre de tir est donné. Contrairement aux autres systèmes AA, le Tor-M1 tire immédiatement deux missiles. Si l'avion est capable d'éviter le premier, il a très peu de chances d'éviter l'impact du second. Le missile fonce sur sa cible à une vitesse de 850 mètres par seconde et l'ensemble de la batterie peut déclencher un tir de 16 missiles en même temps. Pour éliminer une batterie, il faudrait que l'ennemie lance un "stryke" de 20 avions avec le risque d'en perdre un quart, sans compter sur les systèmes AA ZSU 23-4 ou Oerlikon de 35 mm qui traîneraient dans le coin pour protéger les lanceurs Tor-M1.

Chaque lanceur dispose de son propre radar d’acquisition capable de surveiller 10 cibles. Le lanceur peut tirer deux missiles sur le même aéronef ou tirer sur deux cibles et toutes les opérations se font avec une commande digitale. La probabilité de toucher la cible est de 60 à 90% pour un missile de croisière, 80 à 90 pour un hélicoptère et de 60 à 95% pour un avion de combat.

Une fois le tir commandé, le missile et son tube de rangement s'éjectent verticalement grâce à un système hydraulique, la mise à feu se fait immédiatement et le missile se désolidarise du tube. Ce système permet d'orienter le missile dans n'importe quelle direction.

La Chine possède 35 systèmes dont les premiers furent livrés en 1998. L'Iran a commandés 29 systèmes, le 04 décembre 2005. | Images de TOR-M1 |

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Fondation de Recherches Stratégique : L’Iran face à une attaque préventive