Quand Alexandre Adler explique les malheurs du Liban… 22.07.2006 Comme tous les mercredis, nous avons eu droit à une analyse d’Alexandre Adler dans le Figaro et il ne nous a pas déçus ! Il est essentiel de lire les textes d’Adler jusqu’au bout sans être assommé par l’ennui en cours de lecture. Dans son article intitulé «Une sixième guerre israélo-arabe», Adler se veut ironique et par une étrange coïncidence, il termine par une conclusion inattendue qui nous permet de réécrire la conclusion de notre article sur le dernier expert attitré de l’Iran pour le Figaro. Selon Adler, le déclenchement de la sixième guerre israélo-arabe (après celles de 1948, 1956, 1967, 1973 et 1982) donne lieu à des prises de parti émotionnelles qui dégagent davantage de chaleur que de lumière. C’est sans doute sa façon de voir les souffrances infligées aux Libanais et nous laissons aux Libanais qui ont du courage le soin de lui répondre comme nous le faisons au sujet de l’Iran. Adler se lance après dans un exposé des activités du Hezbollah tout en restant le plus vague possible sur l’origine de ce mouvement créé par les Pasdaran, les gardiens de la révolution des mollahs. Les pages les plus tragiques et sanglantes de l’abandon du peuple libanais aux miliciens du Hezbollah sont expédiées en à peine 3 lignes. La suite de l’article est consacrée à l’explication des querelles internes du camp des divers terroristes palestiniens et l’on y apprend de multiples détails inutiles à souhait sur les transformations internes du Hamas ou du Hezbollah comme pour nous préparer à la conclusion qui relève plus de l’activité principale d’Adler, c’est-à-dire du lobbying, que de l’analyse politique et géostratégique. Ce lobbying est lié au régime des mollahs et dans chaque article, Adler trouve le moyen d’insérer ses points de vue sur l’Iran et tout le bien qu’il pense de Rafsandjani. Une fois de plus, on n’y coupe pas et Adler enchaîne sans raison sur le «débat interne qui traverse les élites iraniennes, les modérés du président Khatami, alliés ici au pragmatisme de l'ancien président Rafsandjani». Mais ce changement de sujet n’est pas utilisé pour déplorer le rôle occulte des mollahs dans la tragédie libanaise, non ; bien au contraire, Adler recommande de nous en remettre à la sagesse des mollahs modérés et pragmatiques pour nous sortir de la crise. C’est encore et toujours un lobbying bas de gamme pour Rafsandjani, un des plus puissants maîtres du terrorisme islamique, qui est actuellement sous mandat d’arrêt international. Rafsandjani est considéré comme l’unique maître du régime des mollahs et nous pensons qu’il a lui-même organisé sa propre défaite électorale pour apporter avec Ahmadinejad un peu du sang neuf à un régime exsangue. Rappelons que sous la présidence de Khatami et deux mois après le 11 septembre, Rafsandjani avait déclaré qu’une seule bombe atomique iranienne raserait Israël. Mais Adler lui trouve des qualités d’intégrité et de courage politique que personne n’avait détecté avant l’éditorialiste français. Mais Rafsandjani, ce vieil assassin n’est pas le seul héros de cet article : Adler prend aussi la défense de Nasrallah ! Il pense que ce dernier a été détourné du droit chemin par Ahmadinejad car tenez-vous bien, «voici un an, le chef du Hezbollah, Hassan Nasrallah, saluait le gouvernement Jaafari à Bagdad, protégé par les Américains. Il refusait à l'aile dure de l'armée syrienne le concours de ses milices pour se maintenir au Liban ; mieux même, il acceptait de participer au gouvernement d'unité nationale que Rafic Hariri était en train de mettre en place». N’y a-t-il donc aucun libanais courageux pour dénoncer ce portrait schizophrénique du leader islamiste du Hezbollah ? Adler a le culot du menteur expérimenté pour présenter Jaafari comme l’homme des Américains ou attribuer au Hezbollah intégriste et islamiste un destin Nationaliste. C’est cette insistance à prétendre que le Hezbollah devrait être intégré comme un parti ordinaire et qu’il doit pouvoir contrôler le destin National du Liban qui nous a alerté. Du côté de chez les mollahs et leurs agents de lobbying, il est devenu primordial de parler de «Nationalisme» pour gommer la mauvaise image générée par l’islamisme militant et voyant du Hezbollah, du Hamas ou des mollahs Khatami, Rafsandjani et leurs sous-lieutenants mal rasés. Le Nationaliste Hezbollah (!) aurait donc, selon Adler, «changé d’approche avec le tournant iranien» : comprenez que ce changement est une conséquence de l’élection de Ahmadinejad ! Or, Adler avait qualifié ce même Ahmadinejad de Nationaliste dans d’autres articles… Un peu comme Delphine Minoui, Adler se réadapte aux lois de l’offre et de la demande et se contredit pour les besoins des propos qu’il veut démontrer. Donc voilà pourquoi le Hezbollah revient aujourd’hui «à la lutte armée sous forme de harcèlement d'Israël» et qu’il «coordonne son offensive à celle du Hamas en étroite corrélation avec cette même aile dure du régime syrien, à laquelle Nasrallah avait, voici un an, claqué la porte». Extraordinaire ce qui arrive à notre ami Nasrallah, il mériterait le Prix Nobel de la Paix 2007 pour son abnégation : si nous avons bien suivi la proposition extraordinaire de notre ami Alexandre, Nasrallah aurait donc infiltré le camp des extrémistes irano-syriens (perso-chiites/arabo-sunnites) pour insuffler un esprit de nationalisme cosmopolite libanais dans leur mauvais complot pour annexer le Liban ! C’est quand même accouché aux forceps… Au fil de ses amitiés extraordinaires, Alexandre Adler s’est spécialisé dans l’exercice intellectuel qui consiste à trouver « la justification » la plus plausible pour des faits les plus ignobles. Dans sa conclusion, Adler va encore plus loin et se lance dans une de ses tirades de « multi-lobbying » dont il a le secret. Il est même le concepteur du Multi-lobbying qui consiste à défendre des personnages qu’il faut soutenir afin qu’ils puissent conjuguer leurs efforts pour réussir leurs réformes. C’est subtil. La dernière fois, il avait par exemple loué la grandeur des démocraties islamiques de l’Iran et de la Turquie [1]. Et cette fois, il se surpasse. Il écrit : «…un échec militaire du Hezbollah signifierait non seulement la première défaite stratégique de ce mouvement depuis l'évacuation du Liban Sud en l'an 2000, mais aussi un sérieux renfort pour l'axe pragmatique et modéré qui passe par le gouvernement national libanais, les réformateurs syriens groupés autour du président Bachar el-Assad et, enfin, de tous les opposants intérieurs iraniens. Ajoutons enfin qu'à Moscou, ceux qui souhaitent réimplanter l'influence russe dans la région ont partie liée à Bachar el-Assad et à Rafsandjani… » Il fallait donc lire Adler jusqu’au bout pour comprendre qui sont les héros de ce théâtre d’ombres : Bachar el-Assad et à Rafsandjani et Poutine… Les jours se suivent, et le Figaro expose les points de vue d’experts liés à la Russie, à la Syrie ou au régime des mollahs. Hier nous avons eu droit à Barah Mikaïl qui œuvre pour le Baas Syrien et la famille Assad et fait d’agréables séjours à Téhéran. Aujourd’hui on retrouve le porte-parole attitré des bonnes volontés de l’axe Rafsandjani-Assad-(Erdogan)- Poutine. N’y a-t-il donc personne au Figaro pour s’en inquiéter ? WWW.IRAN-RESIST.ORG | Mots Clefs | Auteurs & Textes : Alexandre Adler |
[1] Variante du Multi-lobbying : il lui arrive aussi d’écrire des textes qui servent les intérêts d’un seul état... Nous publions d’ailleurs cet article afin d’encourager nos amis arméniens à porter plainte contre ce personnage ou d’interpeller la Rédaction du Figaro… | Glasnost turque sur la question arménienne | |