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Barah Mikaïl, l'expertise estampillée Hallal du Figaro
20.07.2006

Hier nous nous avons rapporté une manifestation comme il y en a souvent en Iran : organisée par les mollahs avec des participants formatés qui chantent des slogans bien définis avec une précision à faire pâlir de plaisir un membre du politburo soviétique. Aujourd’hui nous allons vous proposer la version officielle parue dans le Figaro qui depuis deux ans est devenu l’organe de propagande du régime des mollahs en France.



Tout se passe par l’intermédiaire d’une journaliste à double nationalité qui s’appelle Delphine Minoui. Nous avons consacré de nombreux articles à sa production journalistique. Ses articles sont le reflet exact de ce qu’on peut lire dans la presse officielle iranienne ou les media du régime. Cependant, en faisant référence à chaque fois à des archives de presse et parfois ses propres écrits, nous avons pu prendre Delphine Minoui en flagrant délit de mensonge ou de contradiction.

Cette fois aussi nous allons décortiquer l’article de cette femme dont nous demandons son expulsion du Figaro. Les Iraniens sont très sensibles aux articles que nous avons consacrés à cette femme et nous encouragent à continuer. Nous espérons que la direction du Figaro y sera sensible à son tour et ne ruinera pas d’avantage la réputation de ce journal en laissant écrire des textes contradictoires et dénués de valeur journalistique.

Selon Delphine Minoui : L’Iran a manifesté son soutien au Hezbollah. Ce n’est pas un groupe de quelques centaines de manifestants qui ont scandé des propos anti-israéliens mais le peuple iranien tout entier.

Si vous vous plongez dans l’archive des textes publiés par Minoui, vous serez confrontés à de très nombreux articles où elle fait état d’un impressionnant sentiment de nationalisme pour expliquer la popularité du droit au nucléaire. Nous avions mis en doute ses propos car le «nationalisme iranien» s’est construit en opposition à l’islam avec un retour à la résurrection de la Perse, des idées persanes, de la langue iranienne qui a résisté à l’Arabe, des fêtes païennes persanes qui ont survécu à l’islam et la punition de décapitation imposée par l’envahisseur inculte venu de l’Arabie.

Le «nationalisme iranien» existe et se porte bien en partie parce que les mollahs ont ravivé le souvenir de ce que vécurent les ancêtres civilisés des Iraniens, il y a 1400 ans.

Mais en l’occurrence, nous vous rappelons que Minoui avait expliqué l’importance du droit au nucléaire pour l’Iran par le «nationalisme iranien» [1]. En réalité elle s’exprimait pour les mollahs qui ont besoin de maîtriser le nucléaire afin d’ameuter l’ouma et créer une nuisance telle au niveau international qu’en échange, l’on cesse de chercher à soutenir les opposants « nationalistes » !

Les articles de Minoui frisent toujours le non-sens et la schizophrénie. Si les Iraniens, sont « nationalistes », ils sont contre le régime et ne peuvent soutenir le droit au nucléaire qui sanctuarisera le régime des mollahs.

Mais, pour montrer encore plus l’absurdité des écrits précédents, nous devons rendre hommage à Delphine pour avoir écrit ce dernier article sur le soutien des Iraniens (nationalistes et persans) au Hezbollah, khomeyniste, pro-mollahs, islamiste au 100e degré… etc !

Outre l’évident argument qui n’est même plus nécessaire de développer, nous avons constaté un élément visuel très choquant qui a échappé à la miss. C’est un point essentiel dans les travaux journalistiques des correspondants français en poste en Iran : ils ou elle ne se déplacent pas sur les lieux [2] et font leurs articles avec ce que leur fournit le régime des mollahs ou le Pasdaran responsable de la communication, à ceci ils ajoutent une expertise [3] émanant d’un personnage qui a l’aval du régime. Dans le cas de cette manifestation factice à la gloire du Hezbollah nous avons ces deux éléments réunis.

L’élément choquant qui a échappé à Delphinette ! Il y a peu la France était suspendue aux coups de pieds magiques des bleus et l’on pouvait voir renaître un fort sentiment national.Des français de toute origine se drapaient des couleurs nationales, se peignant le visage en Bleu Blanc Rouge, et entonnaient comme signe de ralliement la marseillaise. Le drapeau iranien d’avant l’instauration de la république islamique est devenu «le symbole de ce nationalisme interdit et est sévèrement puni» : [4] or, il n’est présent à aucune des manifestations organisées par le régime et ceci, Delphine Minoui ne l’a pas vu.

L’une des raisons est qu’elle n’a pas été à cette manifestation et l’autre raison est qu’elle-même est hostile à tout «nationalisme». Elle était « fausse » quand elle parlait du nationalisme et elle l’est quand elle oublie ses propres écrits et fait des Iraniens des pro-hezbollah ! Le Hezbollah est aux antipodes des valeurs persanes.

Hier ce groupe de manifestants pro-hezbollah et pro-régime avait apporté une forêt de drapeaux de tous les groupuscules islamistes qui ont pris en otage la vie du Liban. Mais aucun drapeau iranien nous disait que ce sont là des IRANIENS qui soutiennent le Hezbollah. C’étaient des islamistes résidant en Iran et des nervis du régime qui apportaient leur soutien au parti de dieu, le chouchou des mollahs en chef.

L’objectif de cet article est de prétendre que les mollahs ne sont pas impliqués dans le conflit entre le Hezbollah et Israël. Vaste défi pour Delphine Minoui qui est déjà incapable de ne pas se contredire d’un article à l’autre. Pour remplir sa mission, la pauvre n’a pas cherché très loin et a mis bout à bout les accusations de Bush et les dénégations des mollahs. Cette méthode lui a même valu le prix du meilleur journaliste d’investigation en 2005 [5] ! Après avoir exposé avec la plus grande impartialité les points de vue des uns et des autres, elle donne son avis : Ces accusations sont bien sûr difficiles à prouver, même si un lien idéologique et historique indéniable unit la République islamique d’Iran aux groupes palestiniens et libanais qui prônent la lutte armée contre Israël.

C’est un peu faible car le Hezbollah a été fondé par les mollahs et dans les trois premières années, ce sont les Pasdaran qui faisaient tout sur place et ce sont eux qui ont assassiné des centaines de paras français le 23 octobre 1983 [6]. Mais Delphine n’y a pas pensé par contre elle a consacré une dizaine de lignes aux activités de soutien des mollahs au Hezbollah. On y apprend que ce soutien est d’ordre intellectuel et culturel et l’article cite les liens qui ont existé entre la future république islamique et les mouvements terroristes palestiniens à partir de 1974. Cependant, là encore, la Delphinette s’abstient de préciser l’aide apportée par les futurs assassins des Paras à Khomeiny. Sans doute qu’un « militaire » mort ne vaut rien aux yeux de Delphine Minoui. Ceci explique cela. Elle n’aurait pas remarqué l’absence du drapeau iranien qui symbolise le nationalisme anti-mollahs et anti-Hezbollah. Elle a elle-même un contentieux avec le nationalisme : de ce fait elle ne sait pas le reconnaître et écrit des textes qui sont à l’opposé du nationalisme iranien.

L’Expertise ! Pour donner un parfum de véracité à sa prose contradictoire, Delphine Minoui a donné la parole à un expert de l’Iran, mais son choix s’est fixé sur Barah Mikaïl, un expert Hallal. Ce Barah Mikaïl a aussi un contentieux avec le nationalisme et s’en sert exactement comme Delphine Minoui : le nationalisme est un nouveau packaging pour Minoui et Barah Mikaïl. Pour justifier des actes répréhensibles et les dédouaner de l’islamisme qui fait peur aux lecteurs de la presse française, on remplace l’islamisme, ou le concept de la défense de l’islam par le Nationalisme. Ainsi l’expertise de Barah Mikaïl est formelle : «depuis l'arrivée de Nasrallah, en 1992, à la tête du mouvement (Hezbollah), c'est l'optique nationale qui prime» !

Pour compléter l’expertise Hallal de Barah Mikaïl, Minoui cite « un diplomate occidental » qui affirme que « le Hezbollah n’a pas besoin de l’Iran. Mais il est bien possible que Téhéran cherche à entretenir le doute sur son implication, ne serait-ce que pour faire peur à Israël et Washington. »

La conclusion suit immédiatement et ressemble au point de vue exprimé la veille par Vladimir Poutine, l’allié des mollahs. Poutine avait affirmé que l’on devrait proposer des mesures incitatives pour encourager les mollahs à user de leurs bonnes relations pour apporter la paix au Liban. Un comble. Nous avions souligné ces propos qui sont passés dans le ciel de la presse française comme des avions furtifs. Il est clair maintenant que les Russes ont fait cette proposition en coordination avec les mollahs et l’info est reprise par Delphine Minoui.

L’information est reprise comme une proposition de la journaliste française et il n’est pas impossible que dans les jours à venir nous entendions un avis favorable du Quai d’Orsay quant à un recours aux mollahs pour « modérer » le conflit Hezbollah-Israël. Désormais il suffit d’assassiner des «militaires», d’en enlever deux, de tirer des missiles et créer un nouveau conflit armé pour se voir proposer un rôle de modérateur dans ce même conflit.

Delphine Minoui joue son rôle qui est celui du passeur des arrangements entre les mollahs et le Quai d’Orsay. Elle n’est pas si importante, mais elle apporte sa touche perso : anti-droite, anti-militaire et ridiculisant le nationalisme. Elle expose aussi les points de vue de nombreux experts Hallal tout droit sortis des filières du Ministère de la Défense ou des Affaires étrangères. Un défaut : ils n’y connaissent rien à l’Iran, à son histoire et à son aversion pour l’arabisant.

Nous avons fait une petite recherche sur Monsieur Barah Mikaïl qui a eu un parcours exemplaire et a travaillé pour le très anti-israélien IRIS sous la direction de Pascal Boniface et selon Delphine Minoui, il aurait rejoint l’IFRI qui est dirigé par Thierry de Montbrial [7] (*Insertion d'un droit de réponse [8]).

Barah Mikaïl se définit comme un chercheur spécialisé sur le Moyen-Orient. Il a été chercheur à l’Institut de recherches et d’études sur le Monde arabe et musulman (IREMAM) et est l’auteur de La nouvelle islamophobie publiée aux éditions la Découverte.

Barah parle l’arabe et se définit lui-même comme un arabisant. Avec un tel CV, il est évident que pendant sa récente mission en Iran, il n’a pas trop fréquenté les « nationalistes » ou ceux qui détestent les très arabisants mollahs.

Barah Mikaïl se proclame néanmoins expert de l’Iran en n’ayant eu que les points de vue des pontes du régime. Mais Barah Mikaïl ne se résume pas à ces qualifications lisses. Il a le cursus qui lui a permis d’être immédiatement adopté par le régime des mollahs : Barah Mikaïl est un pro-syrien (plutôt Pro-Bechar Assad), pro-islamisme, et ne cache pas ses amitiés avec des anti-laïques comme le Magazine Medina dont il fut l’analyste en charge des questions de politique internationale !

Il s’est aussi fait remarquer à l’occasion de l’assassinat de Rafic Hariri car il fut un des rares experts (Hallal) à disculper entièrement la Syrie pour focaliser ses soupçons sur le Mossad (lien). Il écrit aussi sur Ouma.com et intervient dans Politis et nord-palestine.org (lien : BM sur le Hamas), des supports qui se montrent très hostiles à l’islamophobie d’inspiration laïque. Il est vraiment la personne la moins bien placée pour donner un avis d’expertise sur le «nationalisme anti-arabisant de l’Iran» (ou même le nationalisme tout court).

Il suffit de lire la ligne éditoriale de Medina [9] pour comprendre qui est Barah Mikaïl et aussi pour comprendre où Delphine Minoui puise ses références. Nous n’avions donc pas tort de qualifier cette dernière d’attachée de presse des mollahs bien avant ces nouveaux éléments sur ses connections.

WWW.IRAN-RESIST.ORG

L'objectif de l'article dans sa version Poutine :
- Liban : Poutine se repositionne favorablement par rapport l’Iran
- (18.07.2006)

Notre version de cette manifestation pro-Hezbollah :
- Une manifestation pro-Hezbollah dont on se serait bien passé à Téhéran
- (19.07.2006)

Pour en savoir plus sur la dérive du Figaro :
- Le Figaro : quand «Débats et Opinions» vire à «Eloges et Slogans»
- (07.07.2006)

[Recherche Par Mots Clefs : Delphine Minoui]

[Recherche Par Mots Clefs : Symbole (Identité perse)]

[4Symbole du Nationalisme Iranien | Drapeau National et Armoiries historiques |

[7En février 2005 le directeur général de l’Institut Français des Relations Internationales (IFRI), Thierry de Montbrial avait écrit dans le Monde : «Si le successeur de Khatami est un homme fort et expérimenté, comme Rafsandjani, on peut imaginer que la République islamique reconnaisse Israël et s'engage durablement à respecter les obligations du Traité de non-prolifération - pour s'en tenir à deux demandes occidentales impérieuses - en échange de la prise en considération de son rôle légitime dans l'organisation de la sécurité régionale et de concessions économiques».

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Article de Thierry de Montbrial dans le Monde du 19 Février 2005

Pour en savoir + sur Rafsandjani | L'Iran ne se pliera pas aux pressions |

[8 | Insertion d’un Droit de Réponse à l’IFRI |

A la suite de cet article, Dominique David, Directeur Exécutif de l'IFRI, nous a fait savoir que contrairement à ce qui était écrit Barah Mikaïl n'a jamais travaillé pour son Institut. Nous en prenons bonne note et nous en profitons pour signaler la même chose aux quotidiens français qui ont eux aussi diffusé cette nouvelle. Par ailleurs nous en profitons donc pour mettre en garde nos amis lecteurs sur cette assertion qui apparait à de nombreuses reprises sur divers sites Internet dans différentes langues. | Dont acte. IRAN-RESIST | 21 JUILLET 2006

[9Ligne éditoriale de Medina : A l’origine du projet, Hakim El Ghissassi, Français d’origine marocaine âgé de 39 ans, installé en France depuis quinze ans “et encore pour longtemps, avec [ses] enfants”. Musulman de foi et de conviction, il constate que nombre de ses coreligionnaires vivant en France y sont nés et "assument leur appartenance française”. Pour lui, être musulman et français n’est pas un "problème”, comme l’affirme parfois la presse magazine hebdomadaire. C’est au contraire une réalité vécue par de jeunes citoyens chaque jour plus nombreux. Pour faire reconnaître cette réalité, El Ghissassi avait déjà œuvré au sein de l’Association des étudiants islamiques de France (AEIF) puis à la mosquée Ad’Dawwa (rue de Tanger, Paris XIX). Là, dans les années 1990, il avait organisé une série de rencontres entre imams et intellectuels français afin de favoriser un dialogue entre islam et laïcité.


L’heure est maintenant à l’action culturelle. Au cœur du projet éditorial de La Medina, en effet, on trouve la notion de résidents ou citoyens français et européens de “cultures musulmanes”. Une expression originale, qui recouvre une réalité multiple. Dans la France d’aujourd’hui, il y a ainsi cinq millions d’habitants de confession musulmane d’origines extrêmement diverses : Afrique occidentale (Mali, Sénégal…), Maghreb, Proche-Orient, Asie centrale, Indonésie… sans compter les Français convertis. Même si tous ne pratiquent pas (en fait, seuls 10 % d’entre eux revendiquent une pratique religieuse active), ils sont pour la plupart issus, au moins à l’échelle d’une génération, d’un pays où l’Islam est prépondérant en tant que civilisation : langue arabe qui est aussi celle du Coran, fêtes collectives issues du calendrier musulman, devoir de partage des ressources avec les plus pauvres, etc. Et ils sont porteurs de ces références culturelles, qui se mettent ainsi à circuler parmi d’autres dans l’espace européen.

A l’inverse des intégristes républicains, pour lesquels les citoyens français ne sauraient revendiquer qu’une culture nationale sacralisée et un peu figée, La Medina postule que cette dernière gagne à évoluer en reconnaissant la diversité des influences dont elle constitue chaque jour la synthèse. La France et l’Europe n’ont rien à perdre à intégrer les références islamiques portées jusque dans leur corps par des millions de leurs citoyens ou résidents. Bien au contraire, une France et une Europe qui auront officiellement accepté l’apport islamique comme une composante intégrante de leur histoire et de leur identité, partiront avec deux atouts : elles offriront un cadre identitaire dans lequel pourront se reconnaître sans tentation violente les plus jeunes de leurs citoyens qui sont originaires de pays musulmans ; elles seront aussi mieux à même de comprendre et d’interagir sans heurts avec leurs sociétés voisines du Sud et de l’Est de la Méditerranée. Compte tenu du contexte international actuel (lutte obligée contre le terrorisme d’inspiration islamiste, conflits au Proche-Orient et en Tchétchénie…), il va sans dire que ce pari représente un enjeu fort pour une Europe qui tente de parler sur le plan diplomatique d’une seule voix. | (lien)

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