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Iranienne et Libre !
22.06.2006

Vous connaissez tous Abol-Hassan Bani-Sadr : il fut le 1er président de la république islamique d’Iran, et il a beaucoup oeuvré pour le triomphe de Khomeiny. Ce dernier le considérait comme un fils spirituel mais leur idylle ne dura guère, il a été banni (son nom semblait prédestiné) et contraint de quitter l’Iran.



Il a alors rejoint les moudjahiddines du peuple et a « accordé » la main de sa fille à Massoud Radjavi, le séducteur de ces dames et de Saddam [1]. Abol-Hassan Bani-Sadr a alors travaillé de concert avec l’OMPI [2] [3] pour finalement rompre avec ses nouveaux amis. En réponse à cette rupture, le goujat Radjavi a d’ailleurs divorcé de la fille du 1er président islamique…

Abol-Hassan Bani-Sadr et sa famille ont donc contribué largement au régime islamique et ses aspects périphériques. Bani-Sadr continue d’ailleurs dans sa voie en publiant encore aujourd’hui un journal appelé la Révolution Islamique. Bani-Sadr, mais aussi son frère avaient participé au premier gouvernement de la république des mollahs et cet homme demeure pour ainsi dire une encyclopédie vivante des premiers temps de ce régime.

Sa nièce, Farideh Bani-Sadr, vient de publier un droit de réponse (légitime) à Shirin Ebadi car cette dernière a eu la très mauvaise idée d’évoquer le nom du père de Farideh dans son livre « iranienne et libre ». Farideh Bani-Sadr pense que Shirin Ebadi a menti au sujet de son père en lui attribuant des faits qu’il n’aurait pu commettre. Nous vous livrons une traduction de ce droit de réponse.

Le texte que nous avons reçu écrit en iranien est dans la plus pure veine de la façon de s'exprimer des Bani-Sadr et la nièce n'y déroge pas, sûrement par atavisme : une forme de dyslexie mentale. Les phrases sont commencées et rarement finies et parfois, il s’agit de récit à tiroirs avec moult développements internes qui rendent le propos obscur. Le mérite de la traduction revient à notre cher collaborateur traducteur C. (Selon lui, pour nos amis francophones, un discours de Michel Rocard est encore plus facile à déchiffrer). C'est dire !

En substance, Farideh Bani-Sadr traite purement et simplement Ebadi de vilaine menteuse, de femme travestissant la vérité et l’histoire, voire de personne souffrant d’amnésie partielle et partiale. D’après Farideh, le nom même d’Ebadi était méconnu de toute la famille Bani-Sadr y compris son père jusqu’à ce que cette dernière ne soit médiatisée vers 2002 !

Farideh qui est une croyante musulmane, rappelle à Shirin qu’elle a obtenu son Nobel de la paix parce qu’elle était une femme et une musulmane et lui reproche d’avoir oublié que le Coran recommande vivement de dire la vérité, même si elle déplait.


Extraits du Droit de Réponse de Farideh Bani-Sadr

À la page 55 vous écrivez à propos de mon père Fathollah Bani-Sadr des propos qui ne correspondent pas à la réalité :

1. D’une part mon regretté père n’a jamais été, que ce soit avant ou après la révolution, ministre de la Justice et ne pouvait donc pas avoir eu le pouvoir d’obliger les femmes juges à porter le voile.

2. Alors même que mon père est né dans une famille religieuse, ni moi ni ma mère n’avons mis le voile sous la force et la contrainte, d’autant plus qu’en général mon père considérait que ni la religion ni le voile ne pouvaient être imposés par la force à quelqu’un.

3. En page 69 vous relatez que mon père vous aurait demandé d’accepter de devenir conseillère judiciaire du président de la république (son frère Abol Hassan Bani-Sadr) et que vous auriez refusé. Vous devez savoir que j’ai demandé à Abol Hassan Bani-Sadr des éclaircissements sur ce sujet. Il s’est déclaré complètement ignorant d’une telle proposition. Jusqu’à ce que vous n’acceptiez la défense de la famille des martyrs Parvaneh et Dariush Forouhar, il n’avait même pas entendu votre nom. C’est seulement à compter de cette époque qu’il a entendu parler de vous et s’est intéressé à vos travaux. Si vous aviez été être sa conseillère, selon toute vraisemblance il aurait dû le savoir.

4. En (1359 / 1980), j’occupais le poste de la secrétaire particulière du président et j’ai assisté aux rencontres entre mon père et son frère, le président. Je vivais à l’époque chez mon père, j’étais au courant de ses projets et de ses idées, je peux donc certifier que je n’avais jamais entendu prononcer votre nom et que pour moi vous étiez une parfaite inconnue.

Mais ce qui par-dessus tout a suscité mon plus profond étonnement est le fait (page 69) que vous vous félicitiez de ne pas avoir accepté ce poste de conseillère en ajoutant sans émotion que celui qui a été nommé conseiller à votre place a fini pendu. Votre indifférence à la condamnation à mort d’un innocent qui a été votre collègue est non seulement un mépris pour les droits de l’Homme que vous êtes censée défendre mais un mépris de vous-même (une Bani-sadriade que nous avons renoncé à comprendre).

Ici il est nécessaire de préciser que le conseiller du président était M. Manouchehr Mass’oudi dont vous devez certainement vous souvenir. Le principal péché de cet homme est d’avoir défendu les droits de l’Homme et c’est pour cela qu’il a été tué par le régime. Parmi les charges retenues contre lui il y avait un rapport sur les tortures des prisonniers politiques et le non-respect des femmes dans les administrations, rapport mis à la disposition du président qui s’en est servi dans un discours public à la nation.

Je me demande si les félicitations que vous vous adressez aujourd’hui ne sont pas le reflet de votre caractère, un aveu involontaire qui révèle votre caractère : vous préférez le silence à l’action et c’est ce qui vous a permis de durer sans encombre sous ce régime.

Plus loin, Farideh Bani-Sadr raconte une anecdote rapportée par un ami de son père, un juge nommé Nakhjiri. Ce dernier et d’autres juges qui étaient des musulmans intégristes se réunissaient en société secrète pendant les derniers mois du règne du shah pour soutenir Khomeiny.

Lors d’une de ces journées de l’hiver 79, Ebadi entra dans la pièce où siégeaient Nakhjiri et les autres juges. L’une des personnes présentes aurait alors suggéré à Ebadi de porter un foulard et selon le rapporteur, elle aurait violement protesté. Selon Nakhjiri, les juges ont laissé passer car ils étaient sûrs que ces récalcitrantes ainsi que les autres femmes débarrasseraient bientôt le plancher…

L’intérêt de l’anecdote est que Ebadi n’a pas toujours été une musulmane comme elle le prétend et qu’elle jouerait donc un rôle pour rester en bons termes avec le pouvoir. Par ailleurs on s’aperçoit que Ebadi a soigneusement évité les références à des collègues comme ce Nakhjiri et d’autres personnes en vie qui la connaissaient : pour escamoter son passé d’opposante (gauchiste) qui participa activement à la révolution (islamique) de Khomeiny pour renverser le pouvoir (laïque) du Shah (lien: les pompiers pyromanes).

Le livre fait parler les morts ou attribue des faits à des morts comme le père de Farideh Bani-Sadr. Et comme le dit cette dernière, le livre serait un galimatias de mensonges et de fausses anecdotes liées par des fausses confidences.

Il est d’autant plus amusant de lire une lettre émanant d’une personne qui en son temps figura parmi les plus fidèles supporters de la république islamique (comme cette Farideh Bani-Sadr) avant de tomber en disgrâce... Plus loin dans la même lettre, on apprend que le père de Farideh qui fut torturé dans les prisons des mollahs avait été arrêté aussi du temps du Shah mais n’avait pas été maltraité... Et ceci est un véritable désenchantement pour des gens qui ont basé toute leur révolution sur des prétendues tortures royales, tortures qui au fil du temps et des écrits mais aussi des témoignages disparaissent !

Dans sa lettre Mme. Bani-Sadr rappelle que Ebadi a été étrangement absente et n’a jamais défendu des personnes comme son père. Autre reproche fait par l’auteur de la lettre à l’encontre d’Ebadi, son soutien écrit à Khatami, un président libéral selon Shirin, alors que Farideh se charge de lui rappeler que le président en question n’a non seulement rien fait pour les libertés et les droits de l’homme mais qu’en outre il a largement contribué à peupler la prison Evin, prison dirigée d’une poigne de fer par son ami Ladjevardi.

Il n’est pas question pour nous de mettre en avant cette Mme Bani-Sadr, mais il était utile de voir que de plus en plus de voix osent enfin s’élever pour dénoncer le mythe Ebadi, mythe entretenu en occident par des intellectuels bien pensants comme Bernard-Henri Lévy. Ces amoureux inconditionnels des libertés se font régulièrement instrumentaliser par le régime islamique et applaudissent des dissidents dont ils ignorent le passé.

À présent nous avons ce même problème avec Ganji, Jahanbegloo et d’autres suivront sans que jamais ces intellectuels ne fassent appel à des personnes comme nous pour leur éviter d’être bernés. Car pendant ce temps, le régime affermit sa base en occident et le peuple souffre en silence.

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Le Fils et le Père spirituels !

[1Video : Radjavi & Saddam |