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Moyen-Orient : la Russie et l’Iran, CQFD
08.06.2006

La Russie ne soutiendrait des sanctions contre l’Iran que si ce dernier violait ses engagements pris dans le cadre du Traité de non-prolifération, a déclaré mercredi au Parlement le chef de la diplomatie russe, Sergueï Lavrov.



Il semblerait que les Russes aient zappé le dernier rapport de l’AIEA et la reprise de l’enrichissement qui ne fait pas partie des « droits » autorisés par le TNP en ce qui concerne les ENDAN. Le TNP est basé sur la discrimination volontairement consentie par les signataires entre les EDAN (états dotés d’armes nucléaires) et les ENDAN (états non dotés d’armes nucléaires). Les EDAN n’ont pas les mêmes droits que les ENDAN.

Si demain l’Iran sort du TNP, il aura le droit à l’enrichissement. Mais en restant dans le cadre du TNP, l’Iran est tenu de ne pas enrichir de l’uranium, que se soit à 0% ou à 99%. Le TNP n’autorise pas un pays signataire à enrichir lui-même son combustible nucléaire, mais l’autorise à posséder des centrales et produire de l’électricité. Dans les années 70, le régime monarchique d’Iran, qui avait adhéré au TNP en 1964 (la France a adhéré en 1982), avait accepté cette règle en cédant ce droit à un des pays EDAN (état doté d’armes nucléaires). Ce pays était la France. Le contrat s’appelait Eurodif et garantissait le droit de l’Iran à posséder des centrales pour trouver une énérgie alternative au pétrole.

Si les mollahs voulaient juste avoir de l’électricité, le contrat Eurodif est toujours actif, et s’ils ne voulaient pas de lien avec l’ex-logeur de Khomeiny, il pouvait s’orienter vers la Proposition Russe (un enrichissement délocalisé). Dans l’état actuel des choses, la reprise de la conversion du minerai en gaz UF6 et l’enrichissement sont deux cas de violation du TNP.

Pire encore, en novembre 2005, le régime des mollahs a été trouvé en possession de plans pour la fabrication des techniques d’usinage et de moulage d’uranium, utilisées dans les armes nucléaires : ce qui constitue une troisième violation très grave du TNP [1].

La Russie déclare que toute mesure susceptible d’être soutenue par la Russie au Conseil de Sécurité ne peut concerner que les actions de l’Iran allant à l’encontre des obligations par le TNP. Il est donc clair que la Russie ne tient pas à abandonner le régime des mollahs. La Russie a une interprétation très particulière du TNP.

Les Russes vont plus loin en livrant même leur interprétation libre de la dernière proposition européenne. Selon la Russie, les activités d’enrichissement de l’uranium et surtout les discussions sur l’adoption d’une résolution au Conseil de Sécurité de l’ONU seront suspendues pour la période des négociations ».

Ainsi, aux manœuvres dilatoires des mollahs s’ajoutent les nouvelles manœuvres dilatoires des Russes ! Il faut, selon les Russes, suspendre les discussions sur l’adoption d’une résolution au Conseil de Sécurité pour la période des négociations. Ils suggèrent de faire ouvrir des négociations alors que les mollahs qui ont flairé la mollesse des occidentaux, sont revenus à des positions plus fermes sur leurs exigences.

Pire encore, selon les Russes, les propositions faites par les Six impliquent une coopération sérieuse au nom du développement du nucléaire civil iranien, des technologies non nucléaires, ainsi que la participation de l’Iran au dialogue sur la sécurité de la région, à condition que le caractère pacifique de son programme nucléaire ne fasse pas de doutes ! Le régime des mollahs et les groupes terroristes à sa solde, comme le Hamas, le Hezbollah ou le FPLP sont ainsi invités à la table des négociations sur l’indépendance du Liban ou sur l’avenir des négociations de paix entre israéliens et palestiniens.

Comme nous l’avions écrit dans un précédent article, la Russie et l’Iran oeuvrent ensemble et vont point par point démonter la dernière offre européenne. L’Iran obtiendra tout ce qu’il veut et ce que veut la Russie pour affermir sa position au Moyen-Orient.

La même interprétation libre du TNP existe chez les Européens et désormais chez les Américains qui semblent vouloir s’entendre avec les mollahs, faisant craindre à des millions d’iraniens que l’Amérique les a lâché une fois de plus : en 1979, Carter avait aidé Khomeiny, En 1985-86 Reagan s’était entendu avec les mollahs (affaire Irangate), Clinton avait soutenu Khatami et maintenant, George Bush.

Ce dernier a longtemps soutenu qu’il serait au côté des Iraniens dans leur lutte pour la libération de l’Iran et à présent il se range sur des positions moins valeureuses. Un vent de désespoir souffle sur l’Iran. C’est un point important pour le peuple iranien mais aussi pour les mollahs qui balancent entre deux envies : s’entendre avec les USA pour les pousser à confirmer cette nouvelle orientation pour décourager définitivement les iraniens, ou rester dans le giron des Russes.

Plus le temps passe et plus les options se multiplient et avec elles, les nouvelles tentations d’arrangements abracadabrants. Cette situation contribuera à assurer les intérêts de ceux qui désirent un Moyen-Orient livré au chaos : la Russie et l’Iran, CQFD.

WWW.IRAN-RESIST.ORG

Pour en savoir + sur le come-back de la Grande Russie:
- Derrière l’Iran, la Russie attend son heure de retour
- (30.05.2006)

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[1L’article 2 est le premier d’une série qui concerne les ENDAN. Tout État non doté d’armes nucléaires qui est Partie au Traité s’engage à n’accepter de qui que ce soit, ni directement ni indirectement, le transfert d’armes nucléaires ou autres dispositifs explosifs nucléaires ou du contrôle de telles armes ou de tels dispositifs explosifs ; à ne fabriquer ni acquérir de quelque autre manière des armes nucléaires ou autres dispositifs nucléaires explosifs ; et à ne rechercher ni recevoir une aide quelconque pour la fabrication d’armes nucléaires ou d’autres dispositifs nucléaires explosifs. TNP : le Traité de Non Prolifération (lien).