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1er mai à Téhéran : Les mensonges pieux de l’AFP
02.05.2006

L’AFP écrit : Quelques milliers de manifestants iraniens ont célébré la fête du 1er Mai à Téhéran en protestant notamment contre des arriérés de salaires et les contrats de travail temporaires. [Décodage]



Certains salariés iraniens n’ont pas été payés 14 mois, d’autres encore plus. D’habitude les ouvriers en cessation de paiement se réunissent sans que l’AFP honore de sa présence leurs manifestations. D’ailleurs aucun des correspondants de presse qui résident en Iran, Delphine Minoui, Siavash Ghazi ou d’autres ne consacrent une ligne à la situation de l’emploi en Iran. La raison de l’intérêt porté aux manifestations d’aujourd’hui est que le régime des mollahs a autorisé ces correspondants à nous « informer ».

«Cela fait quatorze mois que nous n'avons pas été payés. Le marché est mauvais, mais pourquoi devrions-nous en souffrir», a dit à l'AFP un ouvrier d'une usine textile du centre de l'Iran.

Hélas nous sommes habitués aux farces de l’AFP et nous savons pourquoi aujourd’hui nous avons eu droit à cette dépêche. L’information est vraie, mais ce sont les soi-disant propos tenus par l’ouvrier interrogé qui sont chargés d’un message subliminal. « Le marché est mauvais, mais pourquoi devrions-nous en souffrir… »

Le système du travail a été saccagé avec l’arrivée des mollahs. L’ouvrier iranien, n’en déplaise à nos communistes, qui jouissaient de nombreux avantages comme avoir droit à une participation au bénéfice des usines a tout perdu. Le cas des usines de textiles est parmi les plus emblématiques. L’industrie textile iranienne a été fondée par le premier monarque Pahlavi, le progressiste Reza Chah. C’étaient des usines qui demandaient peu d’entretien et il était facile de former des ouvriers en très peu de temps, de plus, Reza Chah voulait que les Iraniens s’habillent à l’occidentale et surtout qu’ils consomment des produits fabriqués en Iran.

Il lança alors des industries afin de créer un parc industriel capable d’assurer l’indépendance de l’Iran dans de nombreux domaines comme le militaire, le civil, l’alimentaires ou même la construction (fourneaux à briques, cimenteries…) car cet homme visionnaire souhaitait effacer les retards abyssaux de l’Iran et transformer un pays attardé en territoire susceptible d’accueillir les industries les plus modernes. Il a fallu construire des routes, des centrales électriques, des hauts-fourneaux, des centrales téléphoniques, des écoles, des hôpitaux…

L’industrie textile iranienne très diversifiée dans la gamme des produits fabriqués était un objet de fierté pour les Iraniens car enfin des Iraniens fabriquaient un produit pour embellir la vie d’autres iraniens. Il y avait un contenu social fort dans ces projets construits avec les revenus fiscaux et non les revenus pétroliers qui étaient proches de zéro à cette époque. Vieille de 80 ans, elle avait contribué à créer de nombreux emplois dans diverses régions de l’Iran. Elle a été volontairement poussée à faillite au profit des importations chinoises.

Les Chinois qui ont aidé les mollahs dès 1985 à entamer leurs activités nucléaires occupent une place de choix dans l’économie iranienne. Les mollahs n’ont aucune culture économique ni aucun amour du progrès, pour eux l’économie si limite à de la spéculation.


En réalité, les clans qui se partagent le pouvoir en Iran agissent conformément à un schéma précis afin d’atteindre quelques objectifs complémentaires :

Pousser les usines vers la faillite

Récupérer les terrains pour la spéculation immobilière

Importer des produits (plutôt que de les produire) afin de toucher des commissions sur les ventes

Inciter les ouvriers à partir d’eux-mêmes sans compensations : une coutume très en vogue en république islamique est la signature de lettres de démissions non datées au moment de l'embauche

Fragiliser l’emploi afin de diminuer la valeur du travail pour refouler les travailleurs vers le marché noir (où le régime engrange ses bénéfices)

Il n’existe aucune politique de l’emploi et ceux qui ont un emploi sont souvent dans une situation précaire : 85% des iraniens gagnent environ 100 $ par mois et avec l’inflation, leur salaires sont dévalués ou plus exactement, le seuil du niveau de la pauvreté augmente. En 2005, il était à 300$ et fin 2005, à 350$ : Un couple sans enfant avec 100 $ par mois dispose de 1,5 $ par personne par jour pour survivre.

Un couple avec enfants appartient au groupe des très pauvres qui vivent avec moins d’1$ par jour. Une simple chambre dans un quartier pauvre coûte 200$ par mois. La situation est très préoccupante pourtant les correspondants de l’AFP n’en parlent jamais car le régime dissimule ses vérités qui ne donnent pas envie aux investisseurs de placer leurs capitaux en l’Iran. Si aujourd’hui les correspondants de l’AFP ont été « autorisés » à vous dépeindre la difficile vie des ouvriers iraniens, c’est que cette information va dans le sens des intérêts ponctuels du régime.

« Le marché est mauvais, mais pourquoi devrions-nous en souffrir… » s’adresse aux lecteurs européens pour leur dire que les sanctions économiques pourraient achever ces miséreux. Or les sanctions s’attaqueront à l’argent du pétrole qui va directement sur les comptes en suisse des mollahs et les sanctions ne toucheront que les nantis, c’est-à-dire ceux qui contrôlent l’information en Iran.

Il n’en reste pas moins vrai que les ouvriers iraniens n’ont jamais été payés sous Khatami, quand le régime des mollahs affichait son visage souriant. A cette époque aucun des correspondants de la presse étrangères ne s’est intéressé à la pauvreté en Iran et nous n’avons lu aucun texte de Shirin Ebadi, notre prix Nobel anti-sémite et pro-nucléaire, en faveur des défavorisés. La situation des iraniens empire chaque jour et aucun ne relève que ces défavorisés ne peuvent pas cautionner une coûteuse politique nucléaire qui peut les conduire à la guerre et à la mort.

Nous déplorons encore une fois que les correspondants de l’AFP aient prêté main-forte au régime des mollahs pour instrumentaliser le peuple iranien et ce au détriment d’un changement de régime qui mettrait fin à cette misère. Si vous doutez de nos allégations, lisons ensemble la conclusion de la dépêche de l’AFP.

L’AFP écrit : La manifestation s’est déroulée dans le calme, à l’exception de quelques bousculades entre manifestants et organisateurs de la manifestation. Décodage : il est possible de manifester en Iran sans se faire molester.

L’AFP écrit : Les retards des salaires et les licenciements sauvages interviennent avant tout dans les entreprises privatisées. Décodage : les manifestants ne sont pas hostiles au régime mais à l’économie libérale. En réalité l’économie est aussi dirigée par les fondations et les Pasdaran qui sont des holding exempts d’impôts et appartenant à des mollahs influents.

Officiellement l’économie est étatique, mais en réalité il y a juste des domaines réservés et le gâteau est partagé entre les fondateurs du régime. Il s’agit d’une structure tribale qui ne supporte aucune réforme. Affirmer que le secteur privé n’occupe que 20% de l’économie iranienne est un pur mensonge.

80% des revenus iraniens proviennent du pétrole (nationalisé), avant seuls les mollahs disaient des Taqieh (mensonge pieux), mais maintenant l’agence française de la presse s’y met aussi.

L’AFP écrit : L’économie iranienne reste très fortement étatisée, l’Etat contrôlant plus de 80% de l’économie. Décodage : l’état n’est pas responsable de cette misère.

L’AFP écrit : Des cris hostiles aux entreprises étrangères implantées en Iran et utilisant des contrats temporaires ont aussi été lancés, des appels aux boycotts de leurs produits ont aussi été émis. Décodage : à l’approche des sanctions internationales, le régime prépare ses représailles économiques qu’il compte travestir en revendications ouvrières.

Messieurs de l’AFP en poste à Téhéran, vous n’avez aucune éthique journalistique.


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[Recherche Par Mots Clefs : Pauvreté]


Les Fondations, ou Bonyad(s), sont les piliers de la république islamique. Au lendemain de la Révolution, en 1979, les grandes fortunes furent expropriées et les banques, les manufactures, l’industrie chimique et automobile, les hôtels furent confisqués par l’état islamque, mais on ne peut pas parler d’une nationalisation parce que la gestion de fortunes et entreprises fut confiée à des Fondations « caritatives », une institution importante dans l’Islam.

- Celles qui furent créées après la Révolution devaient pourvoir à l’Etat providence et redistribuer la richesse, mais aussi assister les familles des martyrs de la guerre Iran-Irak, missions vite oubliées et remplacées par le business.

Les Fondations sont toutes guidées par des figures influentes du clergé, et sont une base du régime. Les plus importantes sont  : Bonyad-e-Shaheed (Fondation des martyrs), Astan-e Ghods Razavi (Fondation d’Imam-Reza) et Bonyad-e-Janbazan va Mostazafan (Fondation des vétérans et invalides et des déshérités).

Pour en savoir + sur les Fondations :
- Iran : Secours Populaire & Banques Suisses
- (03 février 2006)

Pour en savoir + sur les fortunes personnelles des mollahs :
- Embargo : Les craintes affichées des mollahs milliardaires
- (10 février 2006)


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