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Hezbollah - Al Qaeda : l’enquête avortée de Georges Malbrunot
16.04.2006

Georges Malbrunot a mené son enquête et a trouvé des similarités entre le mode opératoire des « insurgés irakiens » et celui des rebelles afghans. Le texte flirte avec l’immonde vérité, mais s’abstient pudiquement de la révéler afin de ne pas bousculer les bonnes habitudes.



Quand on parle du terrorisme au Moyen-Orient, un état n’est jamais cité : la république Islamique d’Iran. Le pays qui se trouve entre l’Irak et l’Afghanistan. Malbrunot a trouvé des similitudes entre les bombes à commande infrarouge utilisées en Irak et celles (qui leur sont identiques) utilisées en Afghanistan.

De nombreux services secrets occidentaux ont souligné l’apport du régime des mollahs aux terroristes irakiens et le fait que les mollahs mettaient à la disposition des « rebelles » ces fameuses bombes à infrarouge. Sur ce site, nous avons d’ailleurs une rubrique de nos « mots clef » consacrée à l’ingérence des mollahs en Irak. Ces derniers ont même avoué leur responsabilité en proposant aux Américains de négocier directement avec eux. Et si la « plus puissante armée du monde » (dixit Malbrunot) a accepté de négocier avec les mollahs, ce n’est certainement pas par désoeuvrement. Les mollahs appliquent avec minutie un plan de Libanisation de l’Irak : encouragement de la haine religieuse, attentats à l’explosif et installation de milices rivales. Or, Malbrunot, qui a longtemps été en mission en Irak et a vécu à Jérusalem, n’a pas évoqué cette « libanisation délibérée de l’Irak » de peur d’être obligé de citer le rôle des mollahs Iraniens. C’est pourquoi dans les cas d’extrême nécessité, il évoque pudiquement le rôle du Hezbollah « pro-iranien », en ajoutant bien sûr une petite note perso qui justifie le caractère « pro-iranien » du Hezbollah.

L’exercice de contorsion mentale à laquelle s’est soumis Malbrunot l’oblige à prendre des libertés avec les faits. Il est contraint d’ignorer l’Iran, la Syrie et l’axe irano-syrien. On sait depuis longtemps que les enquêteurs de terrain d’origine française sont fâchés avec les cartes : dans aucun livre français sur la géopolitique, nous n’avons droit à des cartes. Les cartes contrediraient les théories, on élimine les cartes et l’on s’en tient à des affirmations, des raccourcis et des télescopages chronologiques : Sans repères géographiques et données historiques chronologiques précises, l’enquête relève de la fiction et l’auteur peut affirmer tout ce qu’il veut et taire ce qui ne l’arrange pas.

C’est malheureusement ce qui se passe dans cet article. L’enquête sur les explosifs et les déclencheurs est réellement passionnante, le rapprochement entre le Hezbollah et les Talibans (même si elle enfonce les portes ouvertes) est bien faite, mais il reste le chaînon manquant : l’Iran des mollahs, la doctrine de Khomeiny de l’unification du sunnisme et du chiisme, doctrine et unification expressément recommandées par Khomeiny à ses successeurs dans son testament politique. Et surtout il manque le lien géopolitique de ce front guerrier qui va du Liban à l’Afghanistan, c’est-à-dire l’axe irano-syrien qui s’étend aujourd’hui à l’Est, et ne manquera pas de s’étendre à l’Ouest pour envahir les pays du pourtour méditerranéen.

Or, en s’autocensurant pour rester politiquement correct, Malbrunot avorte sa propre enquête. Il s’enlise dans un prosélytisme anti-américain et des considérations tiers-mondistes de la lutte contre l’impérialisme (en rouge dans le texte) qui ne servent en rien son travail.

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Les terroristes de Kaboul à l'école de Bagdad

Par Georges Malbrunot | Le Figaro

La rébellion talibane en Afghanistan prend modèle sur le savoir-faire terroriste des insurgés irakiens, qui avaient été eux-mêmes formés par les Libanais [1].

Attentat suicide à Herat contre une base de l’Otan le 8 avril dernier. Les talibans durcissent leur guérilla contre les forces étrangères déployées dans le pays.

Un kamikaze a fait exploser une voiture, hier, près d’une base de la coalition, à Lashkar Gah, dans le sud de l’Afghanistan, blessant légèrement deux soldats britanniques ainsi qu’un garde afghan. Dans l’est du pays, trois policiers afghans ont été tués par une bombe télécommandée. Multiplication des attaques suicides, recours aux engins explosifs improvisés : les milices talibanes en Afghanistan s’inspirent de plus en plus de la rébellion irakienne pour durcir leur guérilla contre les forces étrangères déployées dans le pays. Le Figaro a enquêté sur les transferts de savoir-faire terroriste à partir de l’ancienne Mésopotamie, qui reste le laboratoire de la violence aveugle, grâce au soutien de réseaux islamistes internationaux en quête permanente d’innovations.

Une simple lampe à déclencheur infrarouge, comme on peut en disposer pour éclairer automatiquement une entrée de garage, fait l’affaire. Dernière trouvaille des insurgés irakiens, le détecteur de mouvement est devenu la hantise des militaires américains en Irak. Le rebelle l’installe sur le bas-côté. A ses pieds, une charge explosive qu’il relie, via un récepteur radio, au capteur infrarouge. Emetteur en main, il attend ensuite, caché à quelques centaines de mètres, que le convoi militaire approche du détecteur, avant d’actionner l’explosif, de plus en plus souvent une charge creuse capable de perforer le blindage pourtant épais des chars américains Abrams. Avantage, ce type de mise à feu permet de sélectionner la cible. Les insurgés visent les militaires et épargnent les civils. Les groupes nationalistes armés, qui ne veulent pas s’aliéner la population, contrairement au réseau terroriste al-Qaida, en sont friands.

C’est dans le sud du Liban, à la fin des années 90, que le détecteur de mouvement est, pour la première fois, utilisé par le Hezbollah pro-iranien contre l'armée israélienne. Depuis, d’autres modes opératoires ont été exportés du sanctuaire libanais vers l’Irak. Aujourd’hui, pourtant, ce n’est plus seulement Bagdad qui inquiète les principaux services de renseignements occidentaux, mais l’Afghanistan, où la rébellion des talibans se durcit contre la Force internationale d’assistance à la sécurité (Isaf), déployée depuis 2001, et les autres militaires occidentaux de l’opération Enduring Freedom.

Stages et camps d’entraînement. Le constat est inquiétant. « Depuis six mois, on observe une nette augmentation des attaques à l’engin explosif improvisé, affirme un expert français familier du terrain. Les attentats suicides sont également devenus plus nombreux. Cette sophistication de la violence est certainement liée à un transfert de savoir-faire d’Irak. »

Portables GSM, commandes d’aéromodélisme, téléphones sans fil : des rives de l’Euphrate aux montagnes afghanes, les similarités des systèmes de déclenchement des bombes se multiplient. Sans oublier le recours aux poubelles nauséabondes, ou ce plateau à pression artisanal formé de deux lames de scie enfoui à cinq centimètres dans le sol, retrouvé récemment en Afghanistan par les forces spéciales françaises. « Des instructeurs se déplacent d’Irak vers l’Afghanistan, assure l’expert. Des stages et des camps d’entraînement, avec des regroupements internationaux, sont organisés, sans que l’on sache précisément où. »

La diffusion du savoir-faire est soutenue par Internet et les cédéroms. Sur l’un de ceux-ci, l’on voit un « chimiste » vulgariser la fabrication d’un explosif à base de nitroglycérine, un composant très dangereux à l’état pur. L’homme, dont on ne voit que les bras, parle l’arabe littéraire, compréhensible d’Alger à Bagdad, sans le moindre accent, pour ne pas être repéré. « Un produit lisse », commente notre expert qui rappelle le principe de base des terroristes : « L’élaboration clandestine d’engins explosifs à partir de produits d’usage courant dans le but d’une simplification des modes de fabrication et d’une généralisation des techniques. » Autre vecteur de dissémination du savoir-faire terroriste, ce film, diffusé par un groupe armé irakien, qui montre un activiste enfouir un obus à la place des entrailles d’un mouton fraîchement abattu, avant de le recoudre. Vu sa puanteur, personne ne va s’approcher pour l’enlever.

Le glaive et le bouclier. En voie d’« irakisation », la guérilla afghane apprend vite. « On en est à la cinquième version de certains boîtiers électriques trafiqués pour cacher le système de mise à feu de la bombe », constate un expert en explosifs, qui montre une sonnette sans fil pour jardin, transformée en déclencheur d’engins de malheur, très difficile à détecter à l’oeil nu. « Un camion avec des cartons entiers de boîtiers de ce type passera sans problème à un poste frontière », ajoute-t-il. Confrontées à un ennemi invisible, les troupes françaises ou américaines doivent être constamment en éveil.

Liban hier, Irak aujourd’hui, Afghanistan demain : insidieusement, l’épicentre des réseaux de la terreur se déplace au gré des menaces. Des experts chiites du Hezbollah ont été envoyés former la milice du jeune chef radical Moqtada Sadr à Bagdad. En Irak, des djihadistes sunnites étrangers s’allient avec d’anciens laïcs du défunt parti Baas. Face à « l’envahisseur étranger », les vieilles inimitiés passent au second plan. «Nous sommes en face d'armées non étatiques, qui ont de véritables structures militaires d’entraînement ou de test de leurs matériels », constate un haut gradé français. Plus que jamais, l’Irak sert de laboratoire de la terreur (voir encadré). La capacité d’adaptation des terroristes étonne. Face aux systèmes de brouillages américains, pourtant de plus en plus perfectionnés pour détecter les engins explosifs, ils rallongent les câbles ou dénichent une minuterie de machine à laver, qui donne quinze minutes à l’insurgé pour enterrer sa bombe et éviter ainsi d’être tué.

Sur cette terre si souvent convoitée au cours de l’histoire, face à la plus puissante armée du monde, les rebelles irakiens réinventent la dialectique ancestrale du glaive et du bouclier. « Mais aujourd’hui, les terroristes liés à al-Qaida ont sans doute le sentiment qu’ils ont durablement déstabilisé l’Irak et que, par conséquent, ils doivent maintenant songer à exporter leurs techniques, voire à se replier dans d’autres pays, comme l’Afghanistan », dit un expert.

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[1Ce sont les Pasdarans Iraniens qui forment les « rebelles » irakiens en Iran : (lien : le mode opératoire et les armes utilisées.