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Iran : la stratégie des Européens se retourne contre eux
05.04.2006

Le ministre allemand des Affaires étrangères, Steinmeier, a exhorté le gouvernement américain à discuter du conflit nucléaire iranien à l’occasion d’entretiens avec Téhéran consacrés à l’Irak, entretiens qui sont programmés pour le 19 Avril.



Steinmeier s’est exprimé avant une rencontre avec la secrétaire d’Etat américaine Condoleezza Rice. Il a indiqué avoir abordé le sujet avec le conseiller pour la Sécurité Nationale de la Maison-Blanche, Stephen Hadley, à son arrivée lundi à Washington.

« M’appuyant sur des informations faisant état apparemment de discussions engagées par l’ambassadeur américain à Bagdad avec les dirigeants iraniens sur la situation en Irak, j’ai recommandé que les sujets ne devraient pas être limités à l’Irak mais être élargis pour intégrer l’un des problèmes les plus urgents auxquels nous sommes tous confrontés : les soupçons que l’Iran travaille à des programmes secrets d’armes nucléaires », a dit Steinmeier.

Ainsi Steinmeier s’est fait l’avocat des mollahs qui cherchent à rétablir leurs relations avec les Etats-Unis afin de négocier directement avec le Boss.

Le gouvernement Merkel, qui fait un exorbitant chiffre d’affaires avec Mercedes Benz en Iran, s’est lancé dans une offensive multidirectionnelle : en appuyant El Baradei, en envoyant Oskar Lafontaine dans une mission pour la paix en Iran et en encourageant les Etats-Unis à s’arranger avec les mollahs.

Le gouvernement américain n’est pas favorable à l’élargissement du champ des discussions et nous assisterons dans les prochains jours à d’autres initiatives Européennes pour transformer cette rencontre très spécifique en une négociation sur le nucléaire. Les Européens avaient soutenu l’implication des Russes dans les négociations afin qu’ils prennent le relais de leur résistance passive dans le transfert du dossier au Conseil de Sécurité.

Ceci a boosté la diplomatie Russe et la Russie est revenue en force sur la scène internationale au point que les Européens ont tardivement regretté leur choix. Aujourd’hui, ils poussent les Américains à s’entendre avec les mollahs ne se doutant pas qu’ils scient la branche sur laquelle ils sont assis. Les mollahs réconciliés avec les Américains n’hésiteront pas à prendre leurs distances avec l’Europe et rompre les liens pétroliers avec de si mauvais payeurs pour filer le parfait amour avec les Américains.

La tenue des négociations est une victoire en soi pour le régime des mollahs qui veut depuis toujours que les Etats-Unis reconnaissent son rôle prépondérant au Moyen-Orient. Alors que les Américains minimisent la portée de ces discussions et rappellent qu’ils vont à la rencontre des représentants iraniens pour leur dire de cesser leur ingérence en Irak. Pour ce qui est de ces entretiens, on entend un autre son de cloche en Iran, ou pour être tout à fait exact, on entend plusieurs sons de cloches du côté des mollahs. Décodages.

Depuis une semaine, les responsables de la république islamique ont commencé un exercice bien particulier que nous avons observé sur la télévision iranienne. Si les américains s’en tiennent à la notification de l’arrêt de l’ingérence iranienne en Irak, les mollahs ne cessent de faire le lien entre les discussions sur l’Irak et le transfert du dossier nucléaire iranien au Conseil de Sécurité.

Cette semaine, le représentant des mollahs à l’AIEA (Soltanieh) donnait une interview à CNN. Des comptes-rendus concernant cet entretien entre Wolf Blitzer et Soltanieh ont été diffusés sur la télévision iranienne. La télévision iranienne a deux départements, l’un en persan et l’autre en anglais qui est uniquement diffusé aux Etats-Unis. La même interview a donné lieu à deux comptes-rendus opposés.

Dans le reportage en persan, le commentateur rapportait les paroles intransigeantes de Soltanieh à l’égard des Etats-Unis : ce dernier qualifiait le Conseil de Sécurité d’organe illégal et sa déclaration d’action précipitée et irréfléchie. Il donnait de la voix pour dire que le Grand Peuple Iranien ne se laisserait pas intimider !

Dans le second reportage en anglais, diffusé aux Etats-Unis pour les médias américains, Soltanieh très souriant disait que les Etats-Unis et l’Iran, deux très grandes nations, devront résoudre leurs problèmes en négociant.

Si les mollahs ont décuplé de vociférations contre les Américains, c’est en partie parce qu’ils veulent escamoter leurs efforts pour les attirer à une table de négociations afin de leur parler de leurs désirs d’arrangements. Ils ont tout d’abord envoyé Hakim, puis Talabani pour demander à être reçus, et après moult rebondissements, les Américains ont accepté notamment parce que les mollahs avaient intensifié leurs aides aux troupes d’Al Qaeda en Irak.

Les mollahs ont besoin de savoir très vite si les Américains sont friands de leur offre d’arrangement nucléaire bilatéral ou non, afin de réajuster leur réponse à l’issue des 30 jours de délais accordés par le Conseil de Sécurité. Ils ont perdu une semaine à des manoeuvres pseudo-militaires avec lancements d’objets non-identifiés : faux missiles, vraies torpilles russes, bateaux volants furtifs…

Ils doivent trouver une solution très rapidement. La date fixée par les Américains au 19 Avril ne les arrange pas vraiment. A présent les Américains mènent la danse. Les mollahs préfèrent de loin une entente avec les Américains, mais si cela échoue, ils reviendront à la proposition Russes avec un zeste d’intérêt pour la Troïka ; rien de nouveau, que du réchauffé.

Pour l’heure, les mollahs ont évité les sanctions, protégés par les intérêts conjugués des Russes, des Chinois et des Européens en Iran. Les mollahs n’ont pas réussi à repousser les sanctions par une diplomatie intelligente : ce sont leurs partenaires commerciaux qui les ont protégés. Ces derniers risquent de trouver la facture salée, surtout s’ils s’aperçoivent que les mollahs rêvent de les lâcher pour faire ami-ami avec les Américains !


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