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7 jours en Iran : 7-Around midnight
31.03.2006

Vincent Hugeux, l’envoyé spécial de l’Express en Iran, a eu l’idée de raconter la vie en Iran sous la forme de lettres écrites au cours de son périple. Lettre n°7 : Bonjour Tristesse...



Convenons-en : dans le rôle de Cendrillon, mes chances de glaner un jour un Oscar paraissent assez minces. Et pourtant… Lorsque les douze coups de minuit ont retenti l’autre soir à l’aéroport téhéranais de Mehrabad, j’ai invoqué tous les dieux de la Perse antique pour échapper à la malédiction de l’horloge. Non que mon carrosse - l’Airbus en partance pour Francfort - risquât de se muer in petto en citrouille. En revanche, j’aurais pu à mon corps défendant me transformer en hors-la-loi et attendre l’aube au poste. C’est que je détenais un visa d’une semaine, régime consenti d’ordinaire par la République islamique aux journalistes étrangers dont elle tolère la venue sur son sol. Or, si l’on s’en tient à la lettre, mon sésame, conquis de haute lutte, expirait en théorie le 21 mars à 0h00. Pour un quart d’heure de retard, un confrère sur le départ a été, il y a peu, retenu une journée.

Cinq minutes avant l’échéance fatidique, le comptoir d’enregistrement de la Lufthansa est encore désert. C’est alors qu’un passager irano-américain - ils sont légions à naviguer entre l’Axe du Mal et le Grand Satan - me prescrit la marche à suivre : « Nous, on connaît la chanson. Prenez les devants. Filez sans attendre au contrôle des passeports. Repérez l’officier de police le plus gradé, à qui vous expliquez le pataquès. Ici, lui seul fait la loi. Puis venez récupérer votre carte d’embarquement et débrouillez-vous pour passer par son guichet. » Ainsi fut fait, avec une variante : au risque de l’excès de zèle, j’ai souhaité en prime au cerbère en uniforme vert sapin, plutôt bienveillant, la bonne année en farsi. Il est donc minuit dix quand résonne le coup de tampon libérateur. Immigrant illégal en Iran dix minutes durant : vous devriez essayer.

Dans la salle d’embarquement, je retrouve mon conseiller spécial en stratégie frontalière. « Vous avez de la chance, me confie-t-il avant de piquer un somme. Et nous, il nous en faudra bien davantage, car le plus dur reste à venir. Dans cette région, les Américains ont tout foiré. À un point près. Il faut comme ils le disent empêcher à tout prix les mollahs et leurs alliés d’acquérir la bombe. Ces gens-là seraient foutus de s’en servir. »

WWW.IRAN-RESIST.ORG

En décembre 2005, Vincent Hugeux (grand reporter au service Monde et président de la Société des rédacteurs de L'Express) a reçu le trophée Presse écrite du 12e Prix Bayeux des Correspondants de guerre. Hugeux a été distingué pour son reportage « Ouganda, l'enfance massacrée ».

Le Prix Bayeux vise à rendre hommage aux reporters qui exercent leur métier dans des conditions parfois périlleuses pour assurer une information libre et démocratique.


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