Décoadage : l’AFP nous rapporte le désarroi des jeunes journalistes iraniens ! 23.03.2006 Selon le nouveau correspondant de l’AFP en Iran, au petit café « Titre » de Téhéran, les journalistes peuvent refaire le monde en savourant un café préparé par un couple d’ex-confrères, lassés par une profession qu’ils jugent en péril. « Nous avons travaillé tous deux comme journalistes dans des quotidiens nationaux, sites Internet et agences de presse pendant neuf ans (comprendre sous Khatami, ndlr), et après tout ce temps nous sommes arrivés à la conclusion que le journalisme est une profession précaire ici », explique Beeta Salehi Bakhtiari, 31 ans (en réalité Bita, mais l’AFP a changé l’orthographe pour des raisons compréhensibles, nous tenions à le signaler afin que vous ne lisiez pas Bêta !). Beeta et son mari, Behnam Qolipour, 30 ans, ils ont ouvert leur petit café, il y a quinze jours dans une ruelle derrière le principal marché aux livres de la capitale, près de l’Université. Voici une dépêche teintée de fraîcheur qui nous parvient d’une nouvelle recrue de l’AFP, M. Farhad POULADI. La dépêche est une mine d’informations. L’AFP continue de privilégier une approche très conforme aux exigences du régime des mollahs. En lisant cette dépêche, on imagine bien une placette retirée du Quartier Latin, ce qui n’est pas le cas de Téhéran, ville polluée où l’on y meurt de sous le matraque des bassidjis à l’occasion de la célébration des fêtes de fin d’année. Mais au-delà du fait que l’AFP n’a pas couvert les festivités meurtrières de Tchahar-Chanbeh-Souri et la manifestation des femmes à l’occasion du 8 Mars, manquant ainsi d’honorer le métier de journaliste, il y a dans cette dépêche des messages subliminaux que nous tenions à vous faire partager. Ils (Bita et Bahman, 30 ans) s’avouent tous deux fatigués de travailler dans une « atmosphère qui n’est pas suffisamment professionnelle ». Ils ont 30 ans et n’ont connu que le régime des mollahs. Ils trouvent que le métier périclite, ce qui veut dire que sous Khatami, c’était nettement mieux. Peut-être que nos personnages vénèrent également Ganji, grande figure spontanée du journalisme. L’unique décoration de l’endroit est le portrait en noir et blanc du Dr. Kazam Motamednejad, qui enseigne toujours le journalisme à l’université toute proche, et que tous considèrent comme le père spirituel de la profession. Un de ceux qui sont resté quand Khatami a été amendé par Khomeiny d’islamiser les universités et les purger des laïques : on dirait un sketch des guignols qui chantaient « Reviens JPP, reviens ! Pkoi ? passke la France, elle a besoin de toi ». Nous amis appelle le retour de Khatami. Bita dément que sa décision, d’ouvrir ce café, soit liée à l’arrivée au pouvoir de Ahmadinejad. Sous le mandat de son prédécesseur « réformateur » Mohammad Khatami, de nombreux journaux ont été fermés et des journalistes emprisonnés, à l’instigation du pouvoir judiciaire, extrêmement conservateur. Vous voyez Khatami, l’homme de l’islamisation des universités est plébiscités par Bita et Bahman parce qu’il avait voulu libérer l’Iran, mais il a été victime de méchants conservateurs ! Cher Pouladi de l’AFP, tu es si prévisible ! A la lecture du titre de ton article, on pouvait s’attendre à cette remarque sur Khatami dont le bilan est négatif depuis ses premières années sous les ordres de Khomeiny à sa dernière année dans la gestion désastreuse du dossier nucléaire. Que dire des épisodes de persécutions des juifs, du massacre à la tronçonneuse (à la machette) des étudiants et de son silence sur la remarque de Rafsandjani qui avait appelé à raser Israël avec une seule bombe en décembre 2001 ? Si tu as 30 ans, et que tu es un journaliste intègre en Iran, tu ne peux ignorer ces faits accablants. Et pire encore tu ne peux pas oublier et enterrer le meurtre de Zahra Kazemi ! Mais si on est catapulté à Téhéran comme toi mon cher, et que on en veux, au diable les faits, au diable le viol de Zahra, son coorps explosé, sa dignité bafouée, quelques effets de manches et on boucle un article vibrant rendant hommage à des jeunes journalistes « trop dég. » par ce qui ne connaissent rien à ce métier. Reprenons, la liste des messages subliminaux de M. Pouladi (qui veut dire Acier en persan) : Ceci étant, depuis janvier 2006 le ministère de la Culture et de la guidance islamique, qui a autorité sur la presse, s’est fait répressif. Ouin ouin ! Je frissonne ! Ensuite la justice a arrêté quatre journalistes et fermé l’hebdomadaire local pour lequel ils travaillaient dans la province de Hormozgan (sud). C’est drôle, cette affaire n’avait pas intéressé l’AFP à l’époque car au cœur de l’affaire il y avait, l’arrestation, le viol en tournante d’une jeune journaliste de 19 ans et son « suicide accompagné ». Encore un oubli de Pouladi et de ses tourteaux limonadiers ! La fin de cette dépêche est digne de son auteur, il donne le menu concocté par Bita et Bahman : on peut déguster dans ce lieu d’oubli un «Café Journal» ou le «Milk-shake Titre». J’en rigole encore, j’ai appelé Ardéshir pour lui raconter la news, je l’ai trouvé MDR. WWW.IRAN-RESIST.ORG Pour en savoir + sur l'affaire Zahra Kazemi :
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