Iran : Accord possible entre Américains, Russes et Chinois 18.03.2006 Le Conseil de Sécurité de l’Onu s’approche davantage d’un accord sur une déclaration concernant le programme nucléaire controversé de l’Iran, la Russie et la Chine étant plus enclines qu’auparavant à présenter une date butoir à Téhéran. La Russie et la Chine « commencent à montrer de la flexibilité pour renvoyer le rapport (sur l’Iran du directeur général de l’AIEA, Mohamed) El Baradai au Conseil de Sécurité et ces deux pays acceptent l’idée d’une date butoir fixe. La date butoir deviendrait effective lorsque le Conseil de Sécurité aura publié une déclaration demandant à l’Iran d’arrêter immédiatement l’enrichissement d’uranium et de coopérer avec une enquête de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA). La Russie et la Chine qui ont des liens économiques étroits avec l’Iran avaient toujours plus ou moins clairement indiqué qu’elles étaient opposées a des sanctions contre Téhéran et qu’elles pensaient que l’Agence internationale de l’Energie atomique (AIEA) devait continuer à gérer le dossier iranien. Parce que ces deux géants de l’Asie savent que l’Agence ne dispose d’aucun répertoire coercitif contrairement au Conseil de Sécurité. Elles utilisent l’AIEA comme jadis, le faisait la Troïka pendant les deux ans de négociations infructueuses avec les mollahs. De plus, la France et la Grande-Bretagne qui sont parmi les meilleurs clients du pétrole iranien refusent également les sanctions. Ces deux dernières, en raison de leur appartenance à l’OTAN, ne peuvent pas catégoriquement refuser le transfert du dossier au Conseil de Sécurité, mais elles ont toujours pu compter sur la résistance sino-russe à ce transfert. C’est pourquoi, les Américains ont cherché à trouver un moyen de satisfaire Russes et Chinois pour neutraliser les manœuvres franco-britanniques. Ils ont proposé un partenariat nucléaire avec les Russes. Et ils ont apporté leur soutien au projet lancé par Poutine qui a proposé, le 25 janvier dernier, la création d’un réseau de centres pour l’enrichissement et le retraitement du combustible nucléaire sous contrôle international afin d’offrir l’accès à l’énergie nucléaire aux pays en développement sans risque de prolifération des armes atomiques. Une idée similaire avait été récemment exprimée par George Bush. Lors du sommet de G8, les Français ont refusé ce projet qui représente moins de profit pour les industries nucléaires françaises, mais la Chine vient officiellement d’approuver cette idée Sino-américaine. Un axe virtuel Washington-Moscou–Pékin s’est constitué. La Chine, en quête d’énergie pour nourrir sa forte croissance, prévoit de se doter de 40 réacteurs nucléaires au cours des 15 prochaines années. En 2006, Pékin devrait désigner les sociétés étrangères chargées de construire en Chine quatre réacteurs de troisième génération. Nous parions que les Russes et les Américains seront dans le coup. Parallèlement, le secrétaire américain à l’Energie Samuel Bodman, en visite à Moscou mercredi, a invité la Russie à rejoindre le Forum international Génération IV. « Nous avons l’intention d’accepter cette invitation », a affirmé Sergueï Kirienko, le chef de l’Agence fédérale russe de l’Energie atomique (Rosatom). Ce Forum est une initiative lancée par le département américain de l’Energie en janvier 2000 dont l’objectif est de développer une nouvelle génération de systèmes nucléaires. Ces systèmes doivent présenter d’importantes améliorations par rapport aux systèmes existants du point de vue de l’économie, de la sûreté et de la fiabilité, de la non-prolifération de la protection physique et de la durabilité. La problématique nucléaire iranienne et le refus de l’Union Européenne à renoncer à des contrats Buy-back en Iran, poussent les Etats-Unis à s’adopter et chercher de nouvelles combinaisons diplomatiques qui sont parmi les plus ambitieuses adoptées par les Etats-Unis depuis le rapprochement sino-américain sous l’égide de Nixon-Kissinger. Même si cette approche est à ses débuts, si elle aboutit, elle laisse présager une période de détente bénéfique au règlement du cas des mollahs dans le sens que « nous » l’entendons. Et l’UE continue de précipiter sa propre dérive en se coupant d’un allié aussi important que les Etats-Unis.
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