Or, la situation est plus complexe. Le régime des mollahs entend accepter cette Proposition Russe mais, il entend l’assujettir à des conditions. Le refus du régime des mollahs n’est pas un refus de principe, mais une technique de négociation comparable à l’art du marchandage.

A. Pourquoi les mollahs doivent-ils accepter la Proposition Russe ?
 Pour éviter d’être l’objet des sanctions. Le régime des mollahs craint que la communauté internationale décide de ne plus acheter de pétrole à l’Iran dont 85% des revenus sont basés sur les exportations pétrolières et gazières. Le régime des mollahs sait très bien que dans ce cas il ne pourra rémunérer les nombreuses milices qui soutiennent le régime. Le nombre de miliciens anti-émeutes est de 900,000 éléments de terrain et un nombre incertain de mouchards et d’agents de renseignements disséminés dans les ?différents appareils de l’état. Le régime des mollahs craint que sa protection ne s’anéantisse s’il n’arrive plus à assurer la paye de ces troupes mobiles. Même si la communauté internationale continue à acheter le pétrole iranien, en imposant un embargo sur la vente de l’essence à l’Iran, il peut anéantir la mobilité des troupes d’interventions comme les miliciens du Bassidj, les Pasdaran ou le Hezbollah… Il faut accepter la Proposition Russe pour échapper aux sanctions qui seraient fatales au régime.

B. Pourquoi les mollahs n'acceptent-t-ils donc pas cette Proposition qui peut les sauver ?
 Le régime des mollahs veut la Bombe. Il veut la Bombe pour s’assurer la protection de l’ensemble du monde musulman car cette bombe sera la bombe obtenue par un pays islamique révolutionnaire, au grand dam de la communauté internationale. Cette bombe aura une fonctionnalité symbolique.

En résumé, les mollahs veulent la bombe pour fédérer les musulmans du monde entier, mais ils doivent éviter les sanctions qui les affaibliront à l’intérieur de l’Iran et les rendront vulnérables face à des soulèvements populaires.

S’ils n’acceptent pas la Proposition Russe, c’est bien pour arriver à un accord qui puisse leur permettre de passer pour « vainqueurs » alors qu’ils ont fini par céder.

Les mollahs et leurs acolytes modérés (journalistes pseudo-dissidents, étudiants réformateurs et Shirin Ebadi...) ne cessent de déclarer que le nucléaire civil est le droit légitime des Iraniens. Or, 85% des Iraniens vivent avec des revenus équivalents à 30% du seuil de la pauvreté. Ceux-là attendent impatiemment le jour où les miliciens seront empêchés d’intervenir. C’est pourquoi, le régime sait que ce n’est pas le moment de faiblir et de perdre la face.

Céder à la communauté internationale aura deux conséquences néfastes :
 1) Les mollahs vont prouver aux Iraniens qu’ils sont faibles et n’ont pas les moyens de tenir tête à la Communauté internationale en général et à l’Amérique en particulier. S’ils cèdent aujourd’hui sur le nucléaire par peur des sanctions, ils prouveront que les sanctions peuvent effectivement les balayer. Le mythe de l’invincibilité des mollahs et de leurs miliciens s’effrondrerait !
 2) Les mollahs risquent de perdre leur influence comme entité jihadiste.

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Ils doivent dont trouver des parades pour neutraliser ces deux points.

C’est-à-dire qu’ils doivent impérativement continuer à affirmer qu’ils n’ont peur d’aucune sanction et qu’ils peuvent mettre le Golfe Persique à feu et à sang si l’ONU décide de les sanctionner. Ils vont d’ailleurs aller plus loin en laissant miroiter une reprise de leur politique terroriste à l’étranger comme dans les années 80, quand ils avaient financé des attentats à Paris et des prises d’otages au Liban pour contraindre le Gouvernement Chirac à céder sur le contentieux Eurodif [1].

Défier les sanctions et remettre leur décision à une date ultérieure : telles sont les deux seules réponses du régime des mollahs. Ils vont alimenter la crise et quand ils accepteront de signer, ce sera une victoire pour les négociateurs Européens et Russes qui se diront qu’ils ont évité le pire. Reste à savoir dans quelles mesures et sur quels points la Russie et l’UE cèderont et s’ils accepteront un pacte secret pour ménager le régime des mollahs.

C. Le régime des mollahs propose que la communauté internationale lui accorde le droit d’enrichir de l’Uranium en très faible quantité sur son sol : ce sera la « victoire » des mollahs. C’est une victoire symbolique pour montrer qu’ils ne cèdent pas par peur des sanctions.

 L’objectif étant de pouvoir le moment venu de revendiquer publiquement « la maîtrise » d’un procédé qui permet d’obtenir aussi bien le combustible d’une centrale nucléaire que la charge fissile d’une bombe atomique.

Car comprenons-nous bien, les mollahs n’ont pas besoin d’enrichir de l’uranium pour avoir la bombe, ils peuvent l’acheter. Mais c’est la maîtrise de la connaissance et la possession des centres de productions de la bombe qui leur assureront le leadership mondial de la quatrième guerre mondiale.

Alors ils continuent de demander à la communauté internationale de leur accorder le droit d’enrichir à « petite échelle », demande présentée comme un gage pour qu’ils ne perdent pas la face et trouve une sortie honorable de la crise qu'ils ont eux-mêmes inventée et alimentée ! Selon leur propre jargon le peuple iranien (misérable à 85%) les soutiendrait et ils ne peuvent le décevoir !

Et l’occident qui est persuadé que les musulmans sont victimes d’un syndrome de persécution et d’humiliation a déjà les raisons intellectuelles de céder à cette petite demande des mollahs.

Les mollahs ne sont pas fins négociateurs, comme on le dit en Europe par mesure de flagornerie, ils sont des professionnels de marchandage. Dans un marchandage, les deux parties se prêtent au jeu et les mollahs le savent, la faiblesse est dans le camp occidental qui accepte le marchandage pour des raisons marchandes.

L’avis des experts Russes sur le refus de l’Iran à renoncer à l’enrichissement omet de prendre en compte que nous sommes dans une phase de négociations-marchandages.

Les mollahs poursuivent plusieurs objectifs (rester au pouvoir, avoir la bombe, avoir le Leadership du Jihad), ils ont aussi des priorités (éviter les sanctions et reprendre leurs activités clandestines) et les négociations se portent sur les priorités et non sur les objectifs.

L’occident a accepté ce principe en évitant le sujet du changement de régime et en refusant son soutien au peuple iranien. L’Europe ne cherche pas à renverser les mollahs, c’est pourquoi nous estimons qu’elle est très mal placée pour s’offusquer des manières frustres des mollahs.

Dans ce marchandage, les Européens et les Russes connaissent la nature du régime et ses objectifs, mais ils continuent à affirmer le contraire à leurs propres populations afin d’éviter le sujet du changement de régime. Ils continuent alors à perdre leur temps sur un aspect phériphérique de ces objectifs hégémoniques délaissant les objectifs eux-mêmes.

Et puisqu’ils veulent éviter pour des raisons d’intérêts commerciales d’évoquer un changement de régime, ils minimisent l’existence des objectifs supérieurs du régime des mollahs  :
 Rester au pouvoir,
 S’assurer de bons revenus pétroliers,
 Etendre leurs ramifications terroristes (Hezbollah, Hamas, GIA...) depuis le Liban en Irak jusque dans les pays du pourtour méditerranéen (Les org. terroristes financées par les Mollahs),
 Avoir la Bombe,
 Gagner le Leadership du Jihad...