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Delphine Minoui : La guignole de l'info
25.12.2005

Depuis 4 ans, une jeune femme dénommée Delphine Minouï sévit dans la presse française et trompe sciemment ses supérieurs et les lecteurs français. Portrait au vitriol, en mémoire d’un ami mort sur la potence.




Delphine Minouï dirige une collection de livres sur la Jeunesse iranienne.
Elle fait des conférences sur ce thème dans le cadre d’évènements organisés par la République des mollahs. Delphine a marqué notre esprit par un article incroyable paru en septembre 2002 dans le célébrissime magazine Télérama.

C’est en Janvier 2001 que Delphine Minouï a commencé à écrire sur l’Iran. Cette franco-iranienne avait débarqué sur la terre paternelle afin de s’intéresser à tout et plus particulièrement à la jeunesse iranienne. En Juillet 1999, les étudiants iraniens s’étaient révoltés, franchissant l’enceinte des universités pour s’unir à la masse des jeunes qui les attendaient dehors pour secouer les vieux mollahs et faire rouler leurs turbans par terre. Le monde avait alors découvert cette jeunesse incroyable.

Et pourtant, aujourd’hui, il ne reste presque rien de cette révolte. Les jeunes Iraniens n’ont pas pu saisir leur chance. Ils ont essayé, mais le pouvoir leur a coupé les ailes et les journalistes les ont oubliés. Ils avaient naïvement appelé à leur secours le Bon président réformateur, mais ce dernier les avait traités de vauriens, appelant les Pasdarans à les traiter avec la plus grande sévérité.

En Juillet 2002, les étudiants n’ont pas réussi à transformer la commémoration de l’anniversaire du mouvement en messe anti-mollahs et les jeunes ont alors décidé de différer la confrontation pour préparer une rentrée universitaire chaude en l’honneur de Khatami, le traître démasqué par sa fidélité au régime.

Delphine Minouï ne pouvait pas rêver mieux pour commencer une carrière de jeune journaliste sortie major de sa promotion : une rencontre choc entre la foule de cette jeunesse rebelle et une jeune femme qui aurait pu être l’amie, la porte-parole … une âme soeur.

Mi septembre, le régime de Khatami commence une série d’exécution de jeunes. Et en moins de deux semaines une demi-douzaine de jeunes sont pendus à des grues, sur les grandes places de Téhéran, à l’aube, et leurs corps inertes sont laissés dans cet état pitoyable à la vue de tous, à la vue des mômes, des vieux, de leurs parents, de leurs amis, des journalistes.

Parmi ces victimes, un jeune acteur iranien, engagé politiquement, qui refuse la cagoule avant de s’enfiler la corde au cou sur l’échafaud. Son nom est Payam Amini. Son prénom signifie le message et Payam dira avant de mourir : « notre voie ne sera pas désertée, d’autres prendront le flambeau ».

Son visage de Brando persan, emprunt de fierté et de dédain, est resté gravé dans la mémoire de nous tous. Delphine Minouï n’a pas cru intéressant de raconter les derniers instants d’un condamné à mort qui aurait pu se contenter de vivre béatement d’opium et de sexe comme la majorité de ceux qui réussissent en Iran. Ce n’est pas ainsi que Payam Amini envisageait l’avenir.

En Iran, les opposants politiques et les trouble-fêtes sont condamnés à la peine capitale et exécutés pour toutes sortes de délits car la « République Islamique » ne reconnaît pas l’existence des prisonniers politiques. Payam a été exécuté, condamné pour viols et meurtres de dames âgées. Incroyable.

On imagine mal un violeur déclarant que d’autres reprendront le flambeau qui ne s’éteindra jamais. Ceci rappelle les vers du chant des partisans, chant rendu célèbre par la voix de Montand :

Ami, si tu tombes, un ami sort de l'ombre à ta place

Ohé partisans, brillez les paysans, c'est des larmes...

C'est probablement, le seul chant dont on connait les paroles sans l'avoir jamais entendu...

La pendaison de Payam a coulé une chape de plomb sur la jeunesse iranienne.

Les jeunes ont capté le message : « Si tu bouges, on te prendra, on salira ton nom, on laissera ton cadavre pourrir au soleil sous les yeux médusés de ta mère ».

En Septembre 2002, il fallait être aveugle pour ne pas voir les larmes séchées sur les visages décomposés des jeunes Iraniens.

En Septembre 2002, 20 mois après son arrivée en Iran, Delphine Minouï était à Téhéran, elle n’a rien vu, rien entendu et elle a écrit un article hallucinant pour Télérama : « Ce dont tout le monde en parle en ce moment à Téhéran ! »

Chère Delphine, tu as écrit un article « amusant » sur l’assouplissement des mœurs grâce à Khatami. Ce dont tout le monde parlait en ce moment-là à Téhéran n’était pas, selon toi, les cadavres de mes amis qui mettaient l’eau à la bouche des corbeaux, ce dont tout le monde parlait, n’était pas, « comment pourra-t-on vivre avec l’obsédante image de ces pendaisons, ces corps se balançant au bout de ces grosses cordes neuves en plastique bleu ».

Oubliés ces jeunes tués, salis par un régime criminel et un président fourbe. Une page a été tournée.

La talentueuse Delphine n’a entendu chuchoter que des rumeurs sur l’ouverture de la première salle d’aérobic pour femmes semi-voilées : assouplissement des mœurs exige. L’article était court avec de petites anecdotes amusantes et comportait une photo de la salle de gym avec une lumière verte qui ne mettait guère en valeur les profils des grosses bigotes soulevant péniblement la jambe sous l’oeil aimant du Guide Suprême.

En tant qu’opposant iranien, je n’ai pas trouvé ça très drôle. J’ai retenu ton nom et Delphine Minouï, tu n’as cessé de me décevoir par le contenu sciemment faux de tes nombreux reportages sur la jeunesse ou la société iranienne.

Après Télérama, tu es passée à France Info et maintenant tu pollues le Figaro où tu désinformes l’opinion française sur l’état de l’Iran. Tu essayes par tous les moyens de prétendre que l’Iran est un pays comme les autres.

Que sa jeunesse est comme les autres : légère et fun, avide de culture. Les pièces avant-gardistes se jouent à guichet fermé à Téhéran. Tes articles ne parlent pas du niveau de vie. Dans un pays où 85 % de la population vit avec moins de 2 $ par jour dont 15 % avec moins d’ 1 $ par jour, tu as le toupet de parler d’une jeunesse avide de culture : 85 % n’ont rien à manger et ils font les poubelles pour survivre. Pour survire, se défoncer et oublier qu’ils sont oubliés et sans voix, ils vendent leur corps : les orifices ou les organes.

Delphine, crois-moi, nous ne te portons pas dans notre cœur. Tu trompes délibérément la rédaction du Figaro. Tu sabotes tout le mal que nous nous donnons pour alerter les Français à propos des iraniens. Tu es perfide. Sous la chaleur de ton tchador, tu évolues en courtisane chez les mollahs, casseurs de tête, casseurs de dents.

Nous ne résistons pas à la tentation de reproduire quelques lignes de ta prose tendancieuse, clairsemée d’anecdotes amusantes qui font « authentiques » :

DANS L'AVION d'Iran Air en provenance de Paris, qui amorce sa descente sur l'aéroport de Mehrabad, une brochette de touristes canadiennes font disparaître leur chevelure sous d'épais châles noirs. « Avec le nouveau président, on nous a prévenus qu'il fallait respecter la morale islamique à la lettre », murmure l'une. À l'atterrissage, le spectacle qu'offre le hall d'attente balaye leurs appréhensions. Dans l'euphorie des retrouvailles, les couples iraniens s'embrassent, les rires fusent.

Charmante description digne d’un dépliant d’une agence de voyage : veux-tu vraiment nous faire croire qu’on peut s’embrasser à Téhéran entre homme et femme sans en payer le prix ? « Avec le nouveau président, on nous a prévenus qu'il fallait respecter la morale islamique à la lettre » : tu veux nous faire croire que sous Khatami, il en allait autrement et que les jeunes ne se faisaient jamais attacher à des poteaux pour être fouettés jusqu’au sang, jusqu’à l’éclatement des reins pour de simples embrassades.

Delphine, tu fréquentes trop les jet-setters mal rasés du pays de mollahs, moi je te parle de ceux qui ont du mal à prendre le bus et tu nous racontes la joie de vivre des gosses de riches à l’aéroport ! Tu insultes la mémoire de ceux qui ont le corps marqué par le fouet, de mes amis morts sur la potence.

Perchées sur leurs talons, des jeunes filles aux lèvres rouges, dont les mèches rebelles s'échappent de leurs foulards en mousseline, enlacent les garçons. Delphine Minouï, arrête de mentir.

Deux d'entre eux portent fièrement une cravate, une façon de défier les puristes de la révolution islamique qui sont de retour au pouvoir, après huit années d'assouplissement sous l'ex-président Mohammad Khatami.

Allez un petit compliment pour Khatami, il est vrai que tu as zappé la révolte des étudiants, les pendaisons, le Kurdistan, et le CV accablant de Khatami [1]. Tu défends ton Khatami, celui que tu as inventé. Tu entretiens le mythe. Tu fais ta courtisane.

Tu es un peu plus maline que ta copine Ladane Nasseri [2] et tu connais quelques bonnes ficelles du métier, après avoir rappelé le bon vieux temps de Khatami, tu nous balances une de tes fameuses anecdotes amusantes.

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Mais dans de nombreux taxis collectifs, on continue à écouter «radio Farda», la radio des opposants en exil  [3], en riant, à l'occasion, des dernières blagues qui circulent sur le nouveau Président.

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Tu as raison Delphine, on rit à gorge déployée à Téhéran. C’est la ville des filles de « joie ».

Tu sais, je ne ris pas de toi, je pleure sur ma ville, Tehran.

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| Mots Clefs | Fléaux : Delphine Minoui |

[3« Radio Farda » n’est pas la radio des opposants en exil.