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Presse Russe : Les Européens vont de nouveau proposer à Téhéran l'initiative de Moscou
21.12.2005 [commentaires]

Piotr Gontcharov, commentateur politique de RIA Novosti. Un dialogue difficile avec l’Union européenne sur le programme nucléaire iranien attend Téhéran. Les négociations reprennent le 21 décembre à Vienne et porteront sur un sujet : les Européens proposeront à Téhéran de sortir le processus de conversion d’uranium hors du pays, ce qui est en fait l’initiative de Moscou.



Cette solution contribuerait incontestablement, de l’avis de la majorité des experts, au rétablissement de la confiance envers le programme nucléaire iranien comme programme pacifique.

Quelle sera la position de la partie iranienne aux négociations ? Téhéran est-il prêt à accepter ce compromis ?

En attendant l’Iran insiste sur son droit légitime de produire du combustible pour sa centrale nucléaire sur son territoire national et rejette toutes les accusations de vouloir créer la bombe atomique à la faveur de son programme pacifique. Les Iraniens considèrent les projets de création d’une entreprise conjointe d’enrichissement d’uranium dans des pays tiers comme une menace directe pour le développement de leur science. Dimanche dernier le secrétaire du Conseil Suprême de Sécurité Nationale de l’Iran (SNSC), Ali Larijani, a déclaré que « le problème aujourd'hui entre les Etats-Unis et l'Occident, d'une part, et l'Iran, de l'autre, n'est pas la bombe atomique. Ces Etats veulent que l'Iran, tout comme ses voisins dans la région, reste consommateur des technologies qu'on lui propose et ne puisse pas produire ces technologies lui-même ». Peut-être les négociations aboutiront-elles, si les parties trouvent une solution n’empêchant pas les spécialistes iraniens de mener leurs recherches sur le territoire de n’importe quel pays.

L’actuel round des négociations à Vienne peut être décisif avant l’adoption de la décision définitive sur le dossier iranien dans son ensemble. En mars prochain le conseil de l’AIEA doit mettre un point final au débat sur la question de savoir si l’on doit clore le dossier iranien ou bien le porter devant le Conseil de sécurité de l’ONU, comme le demandent les Etats-Unis.

Cependant, de l’avis des experts, le nouveau round des négociations irano-européennes qui débute cette semaine n’apportera pas de résultats substantiels.

Si tel est le cas, il est inutile de douter que l’Occident, et en premier lieu les Etats-Unis, exercent une pression énergique sur la Russie parce qu’elle soutient le programme nucléaire iranien pacifique, pour la dissuader d’user de son droit de veto lors du vote au Conseil de sécurité sur les sanctions internationales contre l’Iran.

La Russie se voit réserver par tradition un rôle particulier, aujourd'hui de plus en plus notable, dans le règlement du problème nucléaire iranien. Outre qu'elle soutient le programme atomique pacifique de l'Iran, elle coopère étroitement avec lui dans divers domaines, notamment dans le secteur militaire, dans la sphère de la sécurité et, l'essentiel, dans le nucléaire civil.

D’autre part, selon une opinion déjà solidement ancrée, c’est la Russie qui doit accueillir sur son territoire l’entreprise conjointe de conversion d’uranium et des propositions en la matière ont déjà été faites à l’Iran. Il est vrai que le chef du Parlement iranien, Haddad-Adel, qui a visité la semaine dernière la capitale russe, a souligné, dans un entretien avec les journalistes, que « Téhéran n'a pas reçu de propositions de ce genre, mais saluerait des négociations allant dans ce sens ».

Les dirigeants iraniens ne cachent pas qu’ils considèrent les prochains pourparlers comme « importants et difficiles » et que la politique nucléaire de l’Iran dépendra des résultats de ces négociations.

Défendant son droit de créer son cycle nucléaire complet, le président Mahmoud Ahmadinejad a signé dernièrement une loi qui fermera l'accès des sites nucléaires iraniens aux étrangers en cas de détérioration du dialogue sur le programme nucléaire iranien. Actuellement les inspecteurs travaillent librement en Iran. Selon la nouvelle loi, le gouvernement iranien sera obligé de prendre les dispositions nécessaires si l'AIEA porte le conflit devant le Conseil de sécurité de l'ONU.

Il est difficile de prédire à quel point cette loi sera efficace en pratique. Une chose est claire : ayant signé ce document, le président Mahmoud Ahmadinejad a en fait déclaré que l’Iran peut arrêter automatiquement de respecter les clauses du Protocole Additionnel (voir l’article associé) au Traité de non-prolifération des armes nucléaires. Cependant, c’est ce protocole qui fait obligation aux signataires d’assurer la transparence de leurs technologies nucléaires.

Selon des sources russes proches des négociations, la position de Moscou envers la question iranienne restera inchangée : l’AIEA doit rester le principal mécanisme de règlement. En ce qui concerne Téhéran, il devrait aussi ne pas oublier qu’outre les droits attachés au régime de l’AIEA, il y a aussi des obligations.

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