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Fédéralisme : L’Iran et l’Irak au bord du gouffre
22.12.2005

L’ombre du régime des mollahs plane sur l’Irak. Les mollahs soutiennent les Chiites au sud, Al Zarkawi au centre et l’Alliance Kurde au nord. Si l’Irak est encore uni et que ses composants ne se sautent à la gorge, c’est uniquement en raison de la présence américaine sur le sol irakien.



Les seuls qui ne demandent pas le départ des Américains sont les Kurdes. L’autonomie de la région Kurde dépend entièrement de la protection que lui apporte l’US Air Force depuis 1991 (Guerre du Golfe). Cette ethnie persanophone [1] d’origine Mède [2] a porté ses suffrages sur la liste de l’Alliance kurde, formée par le Parti démocratique du Kurdistan et l’Union patriotique du Kurdistan, deux formations politiques opaques qui sont l’héritage de la guerre froide et ont eu des liens avec les soviétiques, les chinois et les groupes terroristes palestiniens.

Ces deux partis sont dirigés par les anciens « frères ennemis », Jalal Talabani, président de l’Irak fédéral, et Massoud Barzani, qui dirige la région semi-autonome du Kurdistan irakien : 2 populistes assoiffés de pouvoir et prêts à toutes les alliances pour diriger le futur état Kurde. Ils ont servi mutuellement Khomeiny et Saddam pour s’entretuer et n’hésitent pas à pactiser avec un ennemi pour arriver à leur fin.

Les Kurdes font désormais alliance avec les chiites pour battre ceux qui croient en l’Irak et veulent préserver ce pays et son unité. Les Kurdes veulent conforter l’autonomie de leurs provinces et pour eux la fin justifie les moyens.

Dans l’Assemblée constituante irakienne élue en janvier 2005, les Kurdes avaient obtenu 75 sièges sur 275 (plus d’un quart), devenant ainsi le 2e groupe parlementaire du pays, alors qu’ils ne représentent que 20% des 27 millions d’Irakiens. Alliés de circonstance des chiites, ils ont voté le 16 décembre pour maintenir les garanties offertes par la Constitution fédérale (adoptée par référendum le 15 octobre).

Le fédéralisme est une étape vers l’indépendance. Ils savent que dès le départ des américains, les chiites annexeront le sud du pays. Ils espèrent en faire autant au Nord. Ce sera le début d’un Moyen-Orient racial et l’on assistera à des règlements de compte sanglants et des conflits frontaliers doublés dans ces régions de persécutions des minorités ethniques.

Une des priorités des Kurdes est d’obtenir le rattachement à leur région de la ville de Kirkouk, capitale région riche en champs pétrolifères. Mais les communautés turcomanes et arabes installées dans la région disputent aux Kurdes le contrôle de cette riche région. Aussitôt que le Kurdistan sera autonome, les arabes et turcomanes installés au Kurdistan seront les cibles de cet état racial Kurde et en représailles, les Kurdes restés en Irak seront maltraités par les habitants de leur pays de résidence.

La solution fédérale sera le détonateur de violences raciales, ethniques, etnico-religieuses et confessionnelles et elle dressera les habitants d’un même pays les uns contre les autres. Le fédéralisme au Moyen-Orient fera le lit des populismes et des gouvernements autoritaires qui se maintiendront en évoquant en permanence l’état d’urgence et le danger extérieur.

Le Fédéralisme au Moyen-Orient sera le début de la libanisation de cette région si sensible et la libanisation est le terreau du terrorisme et de l’islamisme. Le cas de l’Irak est presque désespéré, mais ce même danger guette l’Iran où un petit groupe de politiciens avides de pouvoir encouragent les Américains à s’orienter vers une solution fédéraliste pour l’Iran, un pays 3 fois plus grand que la France.

Parmi ces fédéralistes iraniens, nous retrouvons d’anciens éléments proches de l’URSS, des kurdes autonomistes et des naïfs qui confondent la Suisse et ses 200 ans de tradition démocratique avec l’Iran qui se bat contre l’obscurantisme depuis l’invasion islamique.

La situation en Irak est le miroir de ce que sera l’Iran, si le projet Fédéraliste réussit. La disparition des états donnera plus de poids aux groupes de pression comme le Hamas et le Hezbollah.

La stabilité et la prospérité des habitants de ces régions seront alors compromises pour des décennies et le pétrole ne sera plus une richesse nationale au service de la diminution des inégalités est-ouest, mais le bien exclusif des chefs d’états des petites républiques corrompues et totalitaires qui dépendront pour leurs sécurités d’un état protecteur ou d’un groupe terroriste ou de la combinaison de deux.

Seules la Russie et la Chine peuvent accepter de telles conditions pour se développer aux dépens des Etats-Unis et de l’Europe. À moins que ces deux derniers à leur tour se transforment en sponsors du terrorisme. S’allier avec l’ennemi comme au temps de la guerre froide plutôt que de le combattre.

L’état de l’Irak doit alarmer le monde occidental mais chacun salue le « processus démocratique » alors qu’il y a un processus de libanisation qui changera définitivement la face du monde et jettera les bases des futures confrontations.

Les irakiens patriotes (qu’on appelle arabes sunnites) espèrent pouvoir obtenir des amendements au texte adopté par référendum le 15 octobre pour mettre fin aux divisions ethniques de l’Irak et à la mainmise de groupes sectaires (iraniens) sur l’Etat Irakien. Or, rien n’indique que les autres formations élues à la nouvelle Assemblée permettront de revenir sur la nature fédérale de l’Etat.

Comme pour l’Iran, les Européens ont le devoir d’aider les patriotes et de ne pas reproduire des schémas où ils désignent les Iraniens ou les Irakiens par leurs ethnies ou leurs religions. Si les Européens désirent éviter les grands conflits et préserver leur place dans le monde, ils doivent aider à la stabilité et à la prospérité du Moyen-Orient.


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[1-La langue Kurde (Lien+Carte / : Le Kurdi n'est pas un dialecte du Perse mais une branche des langues indo-iraniennes) Un dialecte est une variante d'une langue qui se distingue des autres dialectes de cette même langue par un certain nombre de particularités lexicales, syntaxiques ou phonétiques, et qui est utilisée par une fraction plus restreinte de la population, tout en restant compréhensible par tous les locuteurs de la langue.

[2Les Mèdes sont un peuple de l’Iran ancien, voisin des Perses. Les informations à leur sujet sont assez contradictoires. Lorsqu' Hérodote en parle, il ne fait pas de différence entre eux et les Perses. Les guerres entre les Grecs et les Perses sont même appelées guerres médiques, ce qui laisse à penser que les deux peuples ne font qu'un. Comparant les langues mède et perse, Herodote mentionne également le mot Spaka (chien) (toujours présent dans les langues iraniennes actuelles telles que le kurde et le talysh). De manière générale, le dialecte kurde kurmandji, pourrait descendre du mède, ce qui explique pourquoi nombre de Kurdes actuels se considèrent les descendants les plus proches des Mèdes (l'origine exacte des kurdes restant cependant plus ouverte dans les milieux académiques).