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Russie-Iran Islamique : une alliance dangereuse
19.12.2005

Gerhard Schröder, qui était il y a moins d’un mois encore chancelier allemand, a accepté de devenir président de la compagnie chargée de la construction d’un gazoduc reliant la Russie à l’Allemagne à travers la mer Baltique et l’Europe occidentale. Le tracé de ce Gazoduc risque de modifier l’équilibre des forces en Europe.



L’objectif stratégique de la Russie est évident. La plupart des grands gazoducs qui fournissent l’Europe traversent l’Ukraine. En contournant l’Ukraine, la Pologne et les États baltes, le nouveau gazoduc renforcera l’influence du Kremlin en Europe et isolera les anciens pays de l’empire Soviétique.

Les Russes domineront les marchés pétrolier et gazier de l’Europe Occidentale et ils n’auront pas à se soucier des réactions de celle-ci quand ils décideront avec quelle fermeté faire pression sur l’Ukraine, la Pologne et les États baltes. Les Russes diviseront l’Europe, apportant leur soutien à la Vieille Europe anti-américaine et étranglant les économies de la Nouvelle Europe pro-américaine.

La Russie aura l’arme fatale pour manipuler l’économie européenne. Les Européens avaient tablé sur les ressources énergétiques iraniennes qu’ils achetaient à des prix défiant toute concurrence grâce à l’utilisation des contrats buy-back.

La république des mollahs a consenti à ces échanges pour dresser les Européens contre les Américains et échapper au Transfert de son dossier nucléaire au Conseil de Sécurité. Aujourd’hui, les mollahs veulent passer à la vitesse supérieure et n’ont plus besoin de l’Europe qui doit de toute urgence se trouver un fournisseur énergétique capable de remplacer l’Iran.

Si les Russes arrivent à passer le nouveau Gazoduc suivant le tracé qui évite l’Ukraine, la Pologne et les États baltes, ils modifieront l’équilibre des forces en Europe. Du statut de simple fournisseur, ils passeront au statut de fournisseur unique et arbitre de la cohésion économique de l’UE.

C’est habile. Ils ont choisi le moment idéal pour abattre leurs cartes. Les sanctions contre l’Iran s’approchent à grands pas et l’UE doit trouver un fournisseur énergétique fiable. Il est possible que la Russie se montre plus conciliante avec l’Ukraine en attendant la réalisation du fameux Gazoduc Schröder, mais à terme la Russie entend utiliser les faiblesses de l’Europe et revenir sur le devant de la scène internationale.

L’UE prend des risques incalculables en aidant les Russes ou les mollahs, car les états totalitaires ont des raisons de s’allier pour imposer leurs lois aux démocraties occidentales. L’Europe ferait mieux de soutenir les patriotes iraniens pour avoir un Iran stable, laïque et puissant qui contrebalancera la dynamique du fondamentalisme islamique et contiendra les visées hégémoniques de la Russie.

Les Faits. Les espoirs, de l’UE de voir la Russie devenir de plus en plus « européenne », s’amenuisent. La Russie a délaissé ses espoirs de liberté post-soviétiques pour devenir un rempart pétrolier et gazier favorable à la nouvelle élite de l’ex-KGB. Matthias Warnig, directeur du consortium du gazoduc présidé par Schröder et directeur de la filiale russe de la Dresdner Bank, est un ex-officier de la Stasi. Waring est un ami de longue date de Poutine : ils se sont rencontrés à la fin des années 80 alors que le président russe était espion du KGB en RDA.

Aucune pitié ne sera accordée aux petits pays faibles une fois que la Russie détiendra les moyens de les intimider, de les isoler et de les menacer de blocus énergétique. Il en est de même pour ce qui est de considérer la Russie comme un allié dans la lutte contre le terrorisme. Vytautas Landsbergis, premier président de la Lituanie indépendante et député au Parlement Européen estime qu’il est inconcevable que la patrie de la « Terreur rouge », et des innombrables crimes impunis de l’ère soviétique, puisse réellement aider à combattre la menace mondiale brandie par les mollahs et la Corée du Nord. Selon Landsbergis, il semble plus probable que les esprits froids du Kremlin se contenteront d’exploiter chaque crise pour accroître leur propre influence.

Landsbergis déclare : « Pendant des décennies, la région d’Europe d’où je viens a été laissée à la merci du mal. C’est pourquoi je ne peux rester silencieux quand l’Europe trébuche aveuglément dans un nouvel apaisement. Nous, les nouvelles démocraties d’Europe orientale, avons appris de notre histoire que derrière chaque acte diplomatique de la Russie se cache une ambition impérialiste. Les Européens de l’Ouest, qui ont oublié cette histoire, devraient tenir compte de nos mises en garde. La dépendance par rapport à la Russie ne peut que nous conduire droit dans le mur ».

Et à nous Iraniens patriotes de surenchérir : « Il faut soutenir les patriotes iraniens pour avoir un Iran stable, laïque et puissant qui contrebalancera la dynamique du fondamentalisme islamique et contiendra les visées hégémoniques de la Russie. »


Le chantier du gazoduc qui reliera les gisements de gaz de la Russie à au marché allemand s’est ouvert vendredi 9 décembre. Le premier tube a été posé à Babaïevo, dans le nord-ouest de la Russie. Ce gazoduc doit contourner les pays Baltes et la Pologne en passant sous la mer Baltique afin de relier le terminal russe de Vyborg à Greifswald, dans le nord-est de l'Allemagne, sur presque 1.200 kilomètres sous la Baltique. Son coût est estimé à 4 milliards d'euros. Le consortium chargé de la construction du gazoduc inclut la russe Gazprom avec une part incompressible de 51%, ainsi que les allemands BASF et EON, qui disposent chacun de 24,5%. (carte : tracé aléatoire)

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