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Moscou au centre du jeu diplomatique sur le nucléaire des mollahs
23.11.2005 [commentaires]

Selon les Européens, la Russie, de facto devenue médiateur dans la crise du nucléaire iranien, retrouve avec satisfaction un rôle de premier plan sur la scène internationale, mais sa position est délicate car un échec pourrait l’obliger à tourner le dos à Téhéran et compromettre une coopération de 800 millions de dollars.



Or l’échec des négociations entre la Troïka et le régime des mollahs n’a pas nui aux relations commerciales entre la France, l’Allemagne, l’Angleterre et l’Iran.

La Russie, partenaire de longue date des mollahs dont elle est le premier fournisseur d’armes conventionnelles et avec qui elle développe une coopération nucléaire civile depuis le milieu des années 1990, se retrouve donc au centre du jeu. Rien ne dit toutefois que cette médiation difficile va réussir.

Il y a dix jours, Téhéran, soupçonné par l’Occident de vouloir développer l’arme nucléaire sous couvert d’un programme civil, refusait fermement le compromis proposé par les Russes.

Pour l’instant, c’est le régime des mollahs qui mène le jeu. Téhéran a besoin d’un conflit avec l’Occident pour renforcer son pouvoir au sein du monde musulman, se montrer comme le champion de la fermeté islamique.

Les Russes et les Européens cherchent à préserver leurs intérêts en Iran et les Etats-Unis doivent ménager ces deux puissances intermédiaires qui s’opposent à un transfert du dossier au Conseil de Sécurité. Les Américains craignent d’avantage un veto Français ou Britannique que le veto Russe.

L’arme de la Russie, et son seul moyen de pression sur le régime des mollahs, c’est la menace d’abandonner le programme de coopération nucléaire, en commençant par geler le projet de la centrale construite à Bouchehr, centrale qui doit être opérationnelle fin 2006.

Les Russes et les Européens se doivent de réussir. Car ils risquent de perdre beaucoup notent les analystes. En cas d’échec, ils devraient se résoudre au Transfert du dossier Iranien devant le Conseil de Sécurité, ce à quoi ils s’opposent mollement depuis des mois.

Si les Russes et les Européens acceptent de voter des sanctions, cela stopperait leurs relations commerciales avec les mollahs :

  • Les Russes devraient oublier le programme de coopération nucléaire, d’un montant total de 800-900 millions de dollars, les ventes de futures d’équipements et les ventes d’armes.
  • L'UE devrait renoncer à ses parts du marché en Iran : 51,8 % des importations en Iran proviennent de l’UE. L’Allemagne occupe la première place avec 11,4%, la France la seconde avec 8,5% et l’Angleterre se trouve à la 3e place.

Les machines industrielles et leurs pièces détachées proviennent de la France et de l’Allemagne. Dans le secteur Automobile, la France occupe la première place avec 1,3 Milliards de Dollars (2e place pour la Chine avec 360 Millions de Dollars).
Le stock global de l’investissement français en Iran est (selon les sources françaises) de 35 Milliards de dollars hors contrats de Buy-Back signés dans le secteur pétrolier et gazier par Total.


Le Buy-Back est l’offre qui permet à la République Islamique de vendre un droit d’exploitation d’une durée indéterminée et d’un montant fixe pour les puits de pétrole. La capacité du puit est évaluée avant la vente et l’acheteur n’est pas tenu de réévaluer l’estimation au cours des forages.

Ainsi, le prix correspond à une estimation invérifiable. Ce type de procédé permet de casser le prix du baril et de s’attirer la sympathie des pétroliers tels que Total. Le régime achète ainsi la bienveillance des états européens qui tous exigent le Buy-Back en Iran. Ainsi Total achète le pétrole iranien à 8 $ le baril quelque soit le prix du marché. Tous les états qui achètent du pétrole en Iran par le Buy-Back ne sont pas sans savoir que ce type de contrat est à l’encontre des intérêts du peuple Iranien. La vente des hydrocarbures constitue plus de 80% des recettes d’exportation de l’Iran (27 Milliards de Dollars).

Dans ces conditions, le Buy-Back semble être une solution suicidaire pour les intérêts économiques de l’Iran. Le recours systématique des Mollahs au Buy-Back est la preuve de la politique délibérée de sous-évaluation des capacités de production du brut.

Les « partenaires » commerciaux des Mollahs (notamment la France) ne croient guère au commerce équitable et ne semblent pas également très émus par la misère du peuple iranien.


Les intérêts de la Troïka et de la Russie mettent en péril la paix dans le monde. Et les mollahs le savent bien.

Les mollahs mènent le jeu !

Ce sont eux et non les sanctions que craignent leurs partenaires commerciaux. Les mollahs peuvent rompre à chaque instant leurs engagements avec ces états vénaux : ces derniers pris en otage de leur diplomatie uniquement basée sur le commerce, cèdent au chantage !

D’ailleurs, les dernières dépêches des agences de presse font état de cette confiance du côté des mollahs.

Mercredi, l'Iran affichait son optimisme sur la réunion de l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA), qui doit examiner de nouveau jeudi son programme nucléaire controversé. (AFP)

Les mollahs estiment que « les Etats-Unis et l'UE ont fait marche arrière », ce qui prouverait le bien fondée de la position qu’ils défendent sans mollir :

« L’enrichissement et la maîtrise du cycle du combustible sont des choses que la République islamique d’Iran considère comme étant des droits naturels et légitimes, entrant dans le cadre du Traité de non-prolifération » , dont l’Iran est signataire, a dit le ministre.

«  Il est naturel que l'Iran veuille conserver ces activités à l'intérieur de ses frontières » !

Ces négociations comme celles menées tambour battant par la Troïka sont vouées à l’échec et en plus elles ne résoudront pas le problèmes des inspections et des recherches clandestines du régime des mollahs.


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