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Un piège iranien ?
24.11.2005

Le Moyen Orient qui n’a jamais été une région connue pour son calme est maintenant dans une tourmente nouvelle. Il y a l’inextricable conflit israélo-palestinien et le conflit pour le contrôle de l’Irak. La Syrie est sous enquête de l’ONU pour son implication dans le meurtre de l’ex-premier ministre libanais Rafik Hariri. Et l’Iran est sur toutes les langues des instances internationales à propos de son programme nucléaire.



Le président Mahmoud Ahmadinejad a en plus allumé une nouvelle mèche. Son appel à rayer Israël de la carte est dénoncé en occident et des actions militaires à son encontre ont même été proposées dans certaines capitales. D’ailleurs Tony Blair à qui l’on a posé la question des réactions éventuelles a dit que si pour l’instant rien n’était prévu,
rien empêchait de s’interroger très sérieusement sur la possibilité de mener une action contre l’Iran.

Soyons certains que Téhéran aussi y pense. La possibilité que la rhétorique enflammée d’Ahmadinejad soit une manoeuvre étudiée pour que les pays occidentaux -USA, GB, Israël- tentent une action militaire contre l’Iran n’est pas à exclure. Quel meilleur moyen d’avoir cette guerre qui doit rayer Israël de la carte ?

Dans un premier temps cela peut être surprenant quand on connaît la différence de puissance militaire des forces en présence, mais c’est justement cette différence qui serait au coeur de la stratégie des mollahs, l’important n’étant justement pas la différence de puissance mais quelle puissance serait utilisable de façon tolérable.

Les USA sont une super puissance de par leur capacité à détruire, mais justement les USA ne cherchent pas à détruire mais à traiter pour imposer leurs vues politiques. La philosophie de « pouvoir et crainte » étant que les ennemis des USA seraient si pétrifié par la force militaire des USA qu’ils auraient la crainte et se soumettraient sans combat. Les USA préfèrent un repli et la défaite plutôt que d’essuyer les conséquences morales d’une guerre totale et définitive avec le Vietnam du Nord.

Mais malheureusement les choses ne se passent pas comme c’était prévu. Les USA répètent les mêmes erreurs que durant la Guerre Froide. Les soviétiques ayant négociés avec les USA, ceux-ci pensaient que les vietnamiens en feraient autant. Les vietnamiens étant plus faibles que les soviétiques, cela semblait logique. Mais les vietnamiens ne négocièrent pas et attaquèrent aussi loin que possible jusqu’à saper le moral américain.

C’est exactement la même situation qui prévaut aujourd’hui en Irak. Le pouvoir de destruction est dans les mains des USA mais c’est eux qui subissent les attaques. La question que les USA se posent étant de savoir contre qui utiliser leur super pouvoir de destruction et avec qui négocier. C’est la preuve de l’échec de la politique de « pouvoir et crainte », surtout crainte d’ailleurs.

Les forces britanniques sont dans le même état en Irak que les forces US, et le gouvernement britannique accuse l'Iran d'entretenir et fournir les armes et la technologie aux irakiens qui les combattent.

D’ailleurs les britanniques sont maintenant obligés d’utiliser la tactique US, du déploiement par le ciel avec des hélicoptères plutôt que la route, avec une incapacité à avoir une aviation digne de ce nom. Ils en payent le prix fort dans la région de Bassora. En clair les réactions outragées de Blair au propos d’Ahmadinejad, ne sont pas tant le fait des propos de l’iranien que de tenter de faire peur pour traiter avec les iraniens. D’ailleurs il essaye de négocier.

Mais que se passera-t-il si les iraniens comme les vietnamiens ne sont pas intimidés ?

Si vous négociez mais ne faites rien, vous passez pour un idiot aux yeux des autres et si vous passez à l’attaque mais que l’autre en face ne réagisse pas vous êtes alors soit obligé d’étendre la guerre soit obligé de procéder à une honteuse retraite.

Les propos d’Ahmadinejad, il faut le savoir, n’étaient pas isolés mais semblent même faire partie d’une stratégie globale. Il n’attend qu’une chose, une guerre entre l’islam et l’occident qui commencerait par le plus occidental des pays de la région : Israël.

Rafsandjani, son prédécesseur et néanmoins ami malgré les apparences, l’aide de tout son poids, politique et stratégique, en aidant les organisations islamiques dans leurs luttes anti israéliennes. Ils les a ainsi dirigé dans une politique de « résistance » plutôt que dans la négociation.

En bref, les mollahs ne reculent pas, au contraire , leurs actions prouvent bien qu’ils se préparent pour d’autres confrontations à venir. Et comme les Vietcongs, ils semblent bien avoir jaugés les limites au delà desquelles les américains n’iront pas.

En d’autres termes, si les USA ne trouvent pas très rapidement un moyen de se désengager avant une escalade, alors il sera trop tard et le monde entier se rendra compte que les USA sont tombés au Moyen Orient dans un piège à l’iranienne.


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