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Iran : Feux d’artifice à Parchin !
30.06.2020

Jeudi dernier, une grande explosion a eu lieu à une vingtaine de km à l’est de Téhéran. Sa lumière orange a été vue dans cette ville. Les mollahs ont annoncé l’explosion d’un gazoduc et des réservoirs de gaz, mais les Iraniens n’y ont pas cru, car le régime ment continuellement. La version populaire était une explosion ou une frappe militaire. Certains sites à la gloire de la capacité défensive et offensive d’Israël ont évoqué une cyber attaque de la base de Parchin et des tunnels reliant ses hangars souterrains de missiles ! Mais cela ne fait pas sens des experts israéliens ont évoqué d’autres hypothèses et par ailleurs, on aurait vu une longue suite d’éclairs en raison de l’explosion en chaîne des missiles. Rappels des faits et nos conclusions.



Jeudi soir (25 juin 2020 à 22h), des vidéos amateurs iraniens ont fait état d’une vive lumière pendant quelques secondes à plusieurs km à l’est de Téhéran. Vu la distance, il s’agissait d’un feu de forte intensité, mais en raison de la brièveté de l’incident, il ne pouvait pas s’agir d’un incendie, mais d’une explosion (très importante). Il a vite été établi que cette explosion avait lieu aux alentours de la localité de Parchin (Partchine) où se trouve une base militaire de missiles jadis soupçonnée [1] d’abriter des expériences de mise au point d’armes nucléaires et intéressait à nouveau depuis peu les inspecteurs de l’AIEA.



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Un compte YouTube du régime a alors rejeté la possibilité d’une explosion sur le site de Parchin en affirmant que selon un témoin habitant à Téhéran, il s’agissait d’une explosion d’un gazoduc loin du site de Parchin. Mais il ne pouvait pas s’agir d’une explosion d’un gazoduc, car la lumière aurait alors dû être vue beaucoup plus longtemps et dans le même temps, pas d’aussi loin  !

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Au même moment, une centrale gazière de production d’électricité dans le centre du pays à Chiraz a explosé plongeant la moitié de cette ville dans le noir. Nous avons conclu à une opération délibérée du régime pour étayer sa version d’accident gazier près de Téhéran.

Des experts militaires israéliens ont alors précisé que le site ne se trouvait pas Parchin, mais à Khojir qui se trouve à côté. Ils ont précisé qu’il s’agissait d’une base militaire abritant l’usine militaire Shahid Hemmat spécialisée dans la construction de missiles.

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Le lendemain matin, la télévision iranienne a nié cela en interviewant un militaire qui a annoncé un long incendie de plusieurs petits réservoirs de gaz (d’un générateur d’électricité) sans préciser de lieu. Cela n’avait pas de sens, car les réservoirs étaient trop petits. Par ailleurs, la région où ont été vues les lumières étant montagneuse, on n’aurait pas pu voir un incendie depuis Téhéran qui est située à plus de 20 km. L’expert consulté était aussi un militaire alors que l’incendie n’avait pas eu officiellement lieu sur un site militaire. Mais pour nous, cela ne pouvait être une erreur, mais une volonté délibérée avec un objectif...


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Les Européens ont démonté la version des mollahs par des images satellitaires prises par Sentinel2 où l’on voyait une grande surface de sol carbonisé à Khojir (site indiqué par les experts militaires israéliens).

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Sur la base de ces images, la journaliste militaire américaine Rebecca Grant a formé l’hypothèse que l’accident ne résultait pas de l’explosion de réservoir de gaz et de l’usine d’électricité de la base, mais résultait d’un mauvais montage de différents missiles pour produire un nouveau modèle plus imposant avec une plus grande portée. Il a insinué un possible développement de missile à tête nucléaire en précisant que les inspecteurs de l’AIEA avaient demandé à visiter le site explosé et qu’ils n’avaient pas eu d’autorisation.

Sachant que 48 heures avant cette explosion, Pompeo avait annoncé de nouvelles sanctions sur de nouveaux missiles longue portée du régime, nous avons supposé qu’il ne s’agissait pas d’une erreur, mais quelques explosions délibérées par le régime pour se débarrasser de quelques missiles qui pouvaient l’exposer à de plus lourdes sanctions ou comme le veut la tradition de désinformation intimidante et militaire du régime, un show son-&-lumière nimbée de mystère pour simuler l’existence d’un programme secret afin de rassurer les proches du régime ou paniquer les mauvais alliés européens ou arabes de Trump et les inciter à le lâcher.

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En conclusion, il ne peut pas s’agir d’une explosion accidentelle d’une usine thermique sur une base ou d’une frappe des hangars de missiles en raison de la brièveté des explosions. Les options d’effaçage de preuves ou de simulation de preuves sont plus vraisemblables.

Mais dans les deux cas (simulation d’innocence ou de terreur [2]), ce n’est guère glorieux pour le régime qui a toujours misé sur la terreur pour survivre. Ces simulations font état de la terreur du régime lui-même face aux sanctions ou de son impuissance à AGIR pour rassurer les siens ou repousser les menaces à un moment où, rappelons-le, il est face à de multiples problèmes notamment la chute des achats pétroliers de la Chine [3] (tableau ci-dessous) ou de nouvelles manifestations explosives contre le régime dans la région pétrolière de Khouzestan.

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In fine, on peut conclure, que le feu à Parchin ou Khojir a été un contre-feu pour cacher la contestations qui revient en force et un coup pour simuler qu’il lui reste encore des possibilités d’agir.

[1Articles évoquant le site de Parchin.

[3Chute des achats pétroliers de la Chine en Iran.
China Imports More and More Saudi Oil 2020 Friday 26 June.