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L’Inde et la Russie, et le dossier Nucléaire Iranien
24.10.2005 [commentaires]

L’Inde a appelé lundi l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) à agir aussi fermement contre les responsables de transferts illicites de technologie nucléaire, comme le père de la bombe atomique pakistanaise Abdul Qadeer Khan, que contre ceux qui en profitent.



Lors d’une conférence sur la non-prolifération nucléaire, Shyam Saran, haut responsable du ministère indien des Affaires Etrangères, a exhorté l’AIEA à se concentrer autant sur ceux qui procurent des technologies nucléaires illicites que sur leurs destinataires.

« Nous saluons la coopération de l'Iran avec l'AIEA concernant (...) les activités passées non déclarées », a dit M. Saran. « Mais il est important que les questions en suspens impliquant A.Q. Khan soient également clarifiées de manière satisfaisante », a-t-il dit.

« Nous ne voyons pas pourquoi on insisterait pour (obtenir) des interviews personnelles avec les scientifiques iraniens alors qu’un homme accusé d’avoir mené un supermarché nucléaire mondial bénéficierait d’une exception », a-t-il poursuivi.

Le Pakistan, puissance nucléaire déclarée depuis 1998, s’est trouvé impliqué dans le programme nucléaire iranien avec les aveux en février 2004 du père de la bombe pakistanaise, Abdul Qadeer Khan, qui avait admis des transferts illicites de technologie nucléaire à l’Iran, la Libye et la Corée du Nord.

Khan est depuis de fait assigné à la résidence. Mais il a reçu le pardon présidentiel et le président pakistanais, le général Pervez Musharraf, a refusé que les enquêteurs internationaux interrogent le scientifique.

  • C’est la première déclaration officielle Indienne après la récente visite du ministre russe de la Défense Sergueï Ivanov en Inde.

« Nous avons examiné la situation en Afghanistan, en Iran, en Irak et sur la péninsule de Corée. La Russie et l’Inde ont des positions proches ou identiques à l’égard de la plupart des conflits régionaux et des points chauds », avait indiqué Ivanov dressant le bilan de la visite.

La Russie s’était abstenue pendant le vote du Conseil des Gouverneurs de l’AIEA sur le transfert du dossier iranien au Conseil de Sécurité de l’ONU et l’Inde avait voté en faveur de la résolution.

Les autorités indiennes avaient ensuite déclaré qu’elles avaient utilisé des méthodes diplomatiques pour obliger l’AIEA à adopter une résolution moins dure dans l’intérêt de leur ancien partenaire, la Russie Soviétique.

Car tout comme la Russie, l’Inde coopère avec l’Iran dans la construction d’ouvrages nucléaires « civils » et mène également des négociations avec l’Iran sur la construction d’un gazoduc.

En Décembre, ce sera au Premier ministre indien de se rendre en visite officielle à Moscou afin d’intensifier le partenariat stratégique russo-indien dans tous les domaines, selon les intéressés. Durant la visite d’Ivanov, les deux pays ont entamé la discussion sur la commercialisation du missile anti-navire, Bramos (conjointement dessiné par l’Inde et la Russie). La coopération militaire entre les deux pays date de l’époque soviétique et elle s’intensifie.


Les Indiens qui seront parmi les géants économiques dans les 20 prochaines années entendent se faire respecter. Ils veulent être un des interlocuteurs majeurs des Etats-Unis. C’est pourquoi, ils prennent le risque d’afficher une position ambiguë et ils entraînent avec eux les Russes qui y trouvent leur compte.

Encore une fois, au-delà des intérêts économiques, il y a des enjeux diplomatiques internationaux. Les puissances montantes comme l’Inde ou la Chine utiliseront le Nucléaire Iranien comme un prétexte pour régler leurs comptes entre eux mais également avec les Etats-Unis. L’attaque Indienne (mais avec l’appui des Russes) contre le Pakistanais Khan vise à la fois la Chine et les Etats-Unis.

Les choses ne sont simples et en fait elles tiennent à la place que le monde accordera à ces nouveaux joueurs sur l’échiquier mondial. En 2006, la Russie, l’Inde participeront avec les pays membres de l’OTAN (États-Unis, Grande-Bretagne et France) à des exercices antiterroristes conjoints en Russie. Mais des places d’honneur ne conviennent guère à l’Inde et à l’ex-empire russo-soviétique.

La Russie et l’Inde naviguent en électrons libres entre l’Est et l’Ouest. Les deux ont besoin de la Chine et s’en méfient. Ceci a des répercussions sur l’attitude de ces trois envers le régime des mollahs. Ce régime à la fois terroriste, expansionniste, islamiste est très affairiste, ce qui convient à tout le monde, mais il est en passe de devenir nucléaire et ceci fait peur à l’ensemble de ses partenaires en raison des liens terroristes du régime. Si chacun devine le danger, chacun entend tirer le plus grand profit de ce régime affairiste : continuer le business avec les mollahs jusqu’aux derniers jours de ce régime.

Et l’affaire nucléaire Iranienne traînera en longueur tant que la Russie, la Chine et l’Inde n’auront pas réglé leurs différents entre eux et avec les Américains et tant que les uns et les autres n’auront pas obtenu des compensations économiques, diplomatiques, militaires et énergétiques, en échange cette unique coopération.

L’Europe s’est mise d’elle-même hors-jeu, tant elle ne saisit pas les priorités des puissances de l’Est et voit dans le statu quo sur le dossier Nucléaire iranien une fin en soi (un simple enjeu économique) et non un moyen.

Les choses peuvent évoluer en deux temps : un délai supplémentaire accordé aux mollahs, suivi d’une Assemblée Extraordinaire de l’AIEA. Mais ils peuvent aussi aller plus vite.


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