19 août 1978, quelques mois avant la Révolution Islamique, les adeptes de Khomeiny voulaient radicaliser leur lutte. Ils organisèrent l’incendie du Cinéma Rex dans la ville pétrolière d’Abadan : 400 personnes sont mortes carbonisées dans les flammes [Détails : Attentat du Cinéma Rex] . Les portes de la salle avaient été bloquées de l’extérieur. Une fois leur forfait accompli, les mollahs se sont emparés des prêches pour accuser le Shah. Le lien entre le Shah et les ouvriers du pétrole se rompit et la ville d’Abadan, et les ouvriers fidèles à la monarchie basculèrent dans l’opposition.

Autre cas célèbre; le 20 juin 1994, une bombe explosait dans le Mausolée de l’Imam Reza -un haut lieu du Shiisme- à Meched, faisant 25 morts et des centaines de blessés : cet attentat a été attribué aux Moudjahiddines du Peuple afin de lancer une nouvelle vague de répression contre eux et des personnes arrêtées en tant que Moudjahiddines.

C’est le choix d’un site civil qui rend les deux bombes d’Ahwaz suspectes. Les minorités arabophones (« aidés par les Britanniques » selon les mollahs) n’ont pas intérêt à viser un Centre Commercial, à tuer des civils de leur propre communauté et de discréditer ainsi un mouvement de protestation sociale. Ils viseraient plutôt des centres administratifs, des postes de police ...

Le régime veut faire d'une pierre deux coups :

 Rompre avec la Troïka et,

 Lancer des opérations d’intimidation contre les iraniens arabophones.

Idée reçue : les iraniens arabophones sont des séparatistes. Quand Saddam Hussein a attaqué l’Iran le 22 septembre 1980, il comptait sur la sympathie de ces Iraniens arabophones. « Contrairement à ce que pensait Saddam Hussein, l’Iran lui a opposé une résistance surprenante, à commencer par les Arabes Iraniens du Khouzestan qui ont défendu leur patrie à mains nues contre un ennemi impitoyable » [22 Septembre 1980 : Début de la Guerre Iran-Irak]. Saddam a durement châtié cette communauté fidèle à l’Iran : les troupes de Saddam ont violé et décapité les femmes de cette communauté.