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Washington accentue la pression sur l’Iran
17.10.2005 [par Arnaud de La Grange du Figaro]

NUCLÉAIRE A Paris, Moscou et Londres, l’Américaine Condoleezza Rice a milité pour que le conseil de sécurité de l’ONU s’empare du dossier atomique iranien. Sans succès auprès de Vladimir Poutine.



L'HEURE ÉTAIT À LA FÊTE, vendredi, au siège de l'AIEA à Vienne. L’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) célébrait son prix Nobel de la paix. Un diplomate n’était pas tout à fait dans l’ambiance : l’Américain Gregory Schulte, qui a ramené tout le monde aux fâcheuses réalités du cas iranien. Un dossier que Washington souhaite ardemment voir passer des mains de l’AIEA à celles du Conseil de sécurité de l’ONU. Si « l’Iran ne change pas de politique », du moins.

Or, Téhéran a réaffirmé hier son refus de suspendre ses activités nucléaires sensibles. Le chef de la diplomatie iranienne est « confiant » : « son dossier nucléaire ne sera pas renvoyé devant le Conseil de sécurité de l’ONU ». Un optimisme alimenté par le soutien de Moscou. Au chef de la diplomatie américaine, Condoleezza Rice, les dirigeants russes venaient d’opposer un poli mais ferme refus de la suivre sur le chemin du Conseil de sécurité. Est-ce pour fragiliser la position russe que des « sources de renseignement occidentales » ont révélé ce week-end que d’anciens militaires russes ont secrètement aidé l’Iran à obtenir de la technologie nécessaire à la fabrication de missiles ? Selon la presse britannique, ils auraient notamment joué les intermédiaires entre l’Iran et la Corée du Nord.

Une chose est sûre, l’offensive diplomatique américaine bat son plein. Le secrétaire d’Etat américain effectue une tournée internationale pour convaincre ses pairs de la nécessité de brandir plus sérieusement la menace de sanctions, face à l’obstination du régime des mollahs. Dernière étape en date, Londres, hier. Sans surprise, les deux pays ont affiché leurs convergences de vues. Mais Condoleezza Rice s’est aussi félicitée chaudement du soutien de Paris, qu’elle visitait vendredi. « Les Britanniques, les Français, – vous avez entendu, les Français – l’EU 3 (Londres, Paris et Berlin, qui négocient au nom de l’Europe, NDLR), sont tous très clairs » dans leur refus de voir Téhéran acquérir l’arme nucléaire. Jacques Chirac et Condoleezza Rice partagent l’idée que « la perspective d’un Iran doté de moyens nucléaires militaires est inacceptable », a commenté l’Elysée. Pour le ministre des Affaires étrangères, Philippe Douste-Blazy, il faut « rendre l’option du Conseil de sécurité crédible ».

John Bolton remonte au front

Le 24 septembre dernier, le Conseil des gouverneurs de l’AIEA a adopté une résolution qui ne demande pas la saisine du Conseil de sécurité à ce stade, mais établit les conditions d’un transfert ultérieur du dossier devant cet organe de l’ONU. Une nouvelle réunion est prévue le 24 novembre. « Mais il ne s’agit pas d’une date limite, tient-on à préciser au Quai d’Orsay, où l’on espère toujours « des propositions iraniennes ».

En attendant, le redoutable ambassadeur des Etats-Unis à l’ONU, John Bolton, est remonté au front ce week-end, accusant l’Iran d’être engagé « depuis près de 18 ans » dans un programme d’armes nucléaires. Et d’être susceptible de « les fournir à des terroristes ». Un comportement d’« Etat voyou » stigmatisé aussi par Condoleezza Rice, qui a lancé une mise en garde à l’Iran sur un autre sujet : un soutien possible aux auteurs d’attentats à la bombe en Irak, sur foi d’informations britanniques. Un lien entre armes de destruction massive et terrorisme qui rappelle d’autres dossiers.