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Poutine négocie son ralliement et monte les enchères
15.10.2005

Washington et Moscou, où se trouvait samedi la secrétaire d’Etat américaine Condoleezza Rice, ont reconnu qu’ils restaient en désaccord sur le dossier du nucléaire iranien, en particulier sur un point crucial, le droit de Téhéran à enrichir l’uranium.



Mme Rice, arrivée la veille de Paris, a fait étape à Moscou avant de se rendre à Londres. Elle a rencontré le ministre des Affaires étrangères Sergueï Lavrov, puis a été reçue par le président russe Vladimir Poutine. Le dossier iranien qui a été au centre des discussions.

La Russie est le maître d’oeuvre de la première centrale nucléaire construite en Iran, à Bouchehr (sud), un contrat de quelque 800 millions de dollars.

« Tous les membres du Traité de non prolifération (TNP) ont ce droit », a déclaré M. Lavrov à l’issue de sa rencontre avec Mme Rice.

L’Iran doit « reconnaître que le TNP n'engendre pas seulement des droits, mais aussi des obligations », a rétorqué Mme Rice avant d’ajouter : ce n’est d’ailleurs pas « une question de droits, mais de savoir si on peut faire confiance ou non au cycle d’enrichissement iranien ».

Sur ce point, les Etats-Unis et la Russie ont un avis opposé.

Moscou « comme Washington » a insisté sur son opposition à la prolifération de l’arme nucléaire, mais Moscou ne veut pas renoncer à ce contrat de 800 millions de dollars et craint que les sanctions onusiennes l’y obligent. M. Lavrov a insisté sur le fait que, selon la Russie, le dossier iranien devait rester devant l’AIEA, et non passer devant le Conseil de Sécurité des Nations Unies.

« Il faut que la coopération Iran-AIEA se poursuive afin que les interrogations qui apparaissent soient définitivement levées », a-t-il dit.



Depuis la reprise des activités le 8 août à Ispahan, les Russes, prudents, se sont prononcés en faveur de la poursuite des pourparlers entre l’Iran et la Troïka Européenne. Ils ne veulent pas contrarier les mollahs ni les alarmer. Ils déclarent vouloir s’en remettre à la prochaine résolution du Conseil des Gouverneurs de l’AIEA.

Ils protègent ainsi leurs intérêts. Ils ne veulent pas rompre un contrat qui restera valable (du moins de leur point de vue) même après la chute de la république islamique. Les pays impuissants font souvent appels aux règles juridiques internationales. La Russie n’est plus la super-puissance soviétique et doit jouer finement pour rester « dans le jeu ».

L’ancien colonel du KGB a fait au mieux de ses possibilités. Certes son jeu n’arrange pas les affaires des opposants iraniens, mais, Poutine essaie d’obtenir des contreparties en échange de son ralliement inconditionnel à son « ami » Bush. Nous aurons nos réponses le 24 novembre quand se réunira le Conseil des Gouverneurs de l’AIEA.

Les positions des Russes au sujet du nucléaire iranien n’ont pas varié, leurs intérêts non plus. Bush a besoin de Poutine et ce dernier entend profiter de la situation. Ce n’est pas un point très positif pour les mollahs.

Le 27 septembre dernier, les Russes avaient laissé entre que « rien ne pouvait justifier l'arrêt de la coopération (dans le nucléaire civil) avec l’Iran », ajoutant immédiatement après que « si des motifs surgissaient dans le champ juridique international, ils pourraient revenir sur leurs positions » ! Quel respect de la légalité !