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Prospère Mérimée
11.10.2005 ( nos commentaires )

Un ancien ambassadeur français à l’ONU, Jean-Bernard Mérimée, a été placé en garde-à-vue dans le cadre de l’enquête française sur des malversations présuméeses liées au programme « pétrole contre nourriture » en Irak, a-t-on appris mardi de sources proches du dossier.



Mérimée, 68 ans, qui fut représentant permanent de la France au Conseil de Sécurité de l’ONU entre 1991 et 1995, a été placé en garde-à-vue lundi par le juge Philippe Courroye à la Brigade de répression de la délinquance économique (BRDE).

Le juge le soupçonne d’avoir bénéficié de largesses du régime de Saddam Hussein sous forme de bons d’achat de pétrole ou « allocations » entre 1996 et 2003.

Mérimée, qui devrait être déféré devant le magistrat mercredi, pourrait avoir à répondre d’avoir tiré profit de ces « allocations » sous forme de commissions à la revente, selon une source proche du dossier.

Le diplomate français est l’une des onze personnalités susceptibles d’avoir bénéficié d’avantages en échange de son soutien au régime irakien.

Selon des documents recueillis fin mars - début avril par le juge Courroye auprès de l’ONU, l’ex-ministre de l’Intérieur Charles Pasqua est notamment cité, parmi ces onze personnalités.

Cinq personnes sur les onze ont déjà été mises en examen à ce jour par le juge Courroye, le secrétaire général de l’association des Amitiés franco-irakiennes Gilles Munier, l’ancien conseiller diplomatique de M. Pasqua Bernard Guillet, le diplomate Serge Boidevaix, l’homme d’affaires Claude Kaspereit et la journaliste palestinienne Hamida Na’na.

Cette instruction ouverte à Paris en 2002 sur des faits d’abus de biens sociaux au préjudice de la compagnie pétrolière Total, a permis de mettre en évidence récemment les contournements du programme onusien pétrole contre nourriture dans l’Irak de Saddam Hussein.

Fin juin 2005, le parquet a autorisé le magistrat à enquêter sur de possibles opérations de corruption de fonctionnaires étrangers pour l’obtention de pétrole entre 2001 et 2003, la qualification n’étant applicable en droit français que depuis septembre 2000.

En janvier 2004, le journal irakien Al-Mada a publié une liste de quelque deux cents personnes, provenant d’une quarantaine de pays, présumés s’être enrichis dans le commerce du pétrole irakien durant la période au cours de laquelle les exportations de brut irakien étaient sévèrement encadrées par l’ONU dans le cadre du programme « pétrole contre nourriture » (1996-2003).

Les documents publiés par Al-Mada émanaient de l’Organisation étatique de commercialisation du pétrole (Somo), mise en place par l’ancien régime irakien pour passer des contrats avec des sociétés étrangères, visant à exporter du pétrole. Ils couvrent seulement l’année 1999.

Au total, plus de 270 noms avaient été cités : du personnel de sociétés, des journalistes, des parlementaires, des membres d’associations, de partis, deux 1er ministres (dont l’Indonésienne Sukarnoputri), deux ministres des Affaires étrangères ainsi que des fils de ministres et de chefs d’Etat (dont celui de l’Égyptien Nasser, du Libanais Lahoud, du ministre syrien de la Défense).

Pour la France, onze noms avaient été cités : le champion étant, l’homme d’affaire Patrick Maugein de la firme pétrolière Soco International avec 25 millions de barils. Charles Pasqua avait été accrédité de 12 millions de barils et Bernard Mérimée pour 3 millions de barils.