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Iran : La France promet beaucoup, mais ne fait rien
27.08.2010

Dans son discours d’ouverture de la 18e conférence annuelle des ambassadeurs de France, le président Sarkozy a dit que la France cherchait un « accord crédible » avec l’Iran, mais en cas d’un refus de ce dernier, elle mettrait en oeuvre « avec détermination » des sanctions et qu’elle appelait « tous les pays à faire de même ». Il y a un an à la même occasion, il avait tenu un discours similaire qui n’a été suivi d’aucun acte.



Le discours aux ambassadeurs est chaque année l’occasion de faire preuve de fermeté et d’ouverture vis-à-vis de l’Iran. Il y a trois ans, ce discours était tenu par Jacques Chirac. Il y a deux ans, le relais été pris par le président Sarkozy. Il y a un an, ce dernier a tonifié ce discours en promettant des sanctions très lourdes contre les mollahs. Cette année, il a renouvelé cette promesse, il a très brièvement parlé du terrorisme des mollahs ou de leur violation des droits de l’homme avant d’appeler les autres Etats à le suivre dans cette croisade. Mais le fait est que la France est mal placée pour donner ce genre de conseil. En effet, au cours des derniers mois, sous l’impulsion des Etats-Unis leurs principaux alliés (Allemagne, Corée du Sud et Japon) ont coupé les ponts avec Téhéran, mais la France n’a rien fait car elle veut jouer sur les deux tableaux : les Etats-Unis, mais aussi les mollahs, d’où beaucoup de slogans et peu d’actes.

Ainsi pour plaire aux Américains, le président Sarkozy a parlé de « l’arc de crise » du terrorisme qui est le prétexte exploité par Washington pour maintenir des troupes dans le monde musulman (en particulier l’Afghanistan). Mais le président Français a oublié de préciser que cet arc de crise est une invention des Américains : sans qu’ils n’installent les mollahs au pouvoir, cet arc était globalement un arc d’échanges pacifiques. Dans le registre de clins d’œil aux Américains, le président Français a également parlé de la nécessité de vendre des armes aux « Etats qui se sentiraient menacés » par les mollahs. Dans le même discours, pour plaire aux mollahs, il a évoqué son attachement au dialogue avec les mollahs qui deux minutes auparavant étaient qualifiés à juste titre de terroristes et tortionnaires ! Sarkozy n’a également pas oublié les Arabes (qui sont censés lui acheter des armes) : il a proposé que « les préoccupations des voisins de l’Iran » soient « prises en compte ». Ceci présage hélas des négociations interminables et bien stériles.

Cela ne donne pas une grande diplomatie, d’autant plus que Téhéran n’envisage pas la France comme un interlocuteur. De fait, quel que soit le vainqueur, les Etats-Unis ou les mollahs, la France devra se contenter des miettes. C’est bien dommage car la France pourrait jouer sur un troisième tableau : le peuple iranien qui n’a actuellement aucun allié. Nicolas Sarkozy a évoqué une « responsabilité française de Sakineh », mais la France qui a aidé l’arrivée au pouvoir des mollahs a une responsabilité légèrement plus importante. La victoire du peuple sur les mollahs lui offrira un avantage sur les Etats qui ont participé à ce coup d’Etat contre l’Iran. Elle pourrait alors jouer un grand rôle sur la scène internationale comme sous De Gaulle et non chercher des miettes en tentant de plaire à tout le monde ou à placer 4 mirages.

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| Mots Clefs | Zone géopolitique / Sphère d’influence : France (diplomatie française) |
| Mots Clefs | Décideurs : Sarkozy |
| Mots Clefs | Enjeux : Sanctions Ciblées en cours d’application |