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Iran : Deux ou trois avertissements américains en douce
07.08.2010

Washington qui a besoin d’une entente avec les mollahs pour contrôler l’Asie Centrale et les chiites a privilégié le dialogue depuis l’accession d’Obama au pouvoir, en janvier 2009. Après 17 mois, cette approche n’a non seulement pas affaibli Téhéran, mais encore, elle a donné l’impression d’une faiblesse des Etats-Unis, ce qui a renforcé l’image de puissance régionale des mollahs. Cette semaine, Washington a tenté de corriger le tir sans toutefois nuire au dialogue.



Ce mercredi, lors d’une réunion à la Maison-Blanche, Obama a affirmé que les mollahs donnaient des « signes de souffrance face aux dernières sanctions onusiennes, celles des Etats-Unis et de leurs alliés », il a proposé une « porte de sortie en acceptant de clarifier le programme nucléaire iranien ». Ces déclarations ont été publiées le lendemain au même moment où le dernier rapport du département d’Etat a cité la république islamique d’Iran comme le « principal soutien au terrorisme islamique ». Le texte a inclus pour la première fois l’aide iranienne aux Talibans. Téhéran n’a nullement commenté l’offre américaine ou encore la nouvelle accusation américaine.

On pourrait penser qu’il n’y a vraiment rien de nouveau dans la crise des deux côtés. Ce serait un tort car pour la première fois depuis longtemps, Obama n’a pas réitéré son offre de négociations sans aucune condition préalable sur tous les sujets qui séparent les deux pays pour parvenir à une réconciliation bilatérale susceptible de déboucher sur une entente dans le respect des intérêts des deux pays. Il a demandé aux mollahs d’apporter la preuve que leur programme n’est pas militaire, ce que leur demandait Bush.

Ce changement qui est de taille intervient après la publication d’un sondage américain faisant état de la chute de popularité d’Obama parmi les Arabes qui à 63% lui reprochent de n’avoir pas pu avancer les efforts pour la paix au Moyen-Orient. Le même sondage indique que 57% des Arabes soutiennent l’accession des mollahs à la bombe nucléaire alors qu’ils n’étaient que 29% il y a un an.

Si, à la lecture de ce sondage, Washington a durci le ton vis-à-vis de Téhéran c’est bien parce qu’en 2009 il n’a jamais accusé Téhéran d’ingérence au Moyen-Orient pour ne pas nuire à une entente avec les mollahs. Washington pensait qu’il aurait la paix au Moyen-Orient comme la surprise Kinder s’il parvenait à une entente avec les mollahs. Mais malgré ses efforts et sa complaisance, il n’y a pas eu de paix avec ces derniers, par conséquent pas de bonus israélo-palestinien. L’option des mollahs a gagné et ces derniers s’en sont même félicités. A présent, en prime, Washington récolte le rejet des Arabes (qui sont ses plus nombreux alliés au Moyen-Orient) et un soutien de ces derniers à la bombe nucléaire des mollahs !

On comprend son rapide demi-tour avec un rappel plus ferme du terrorisme des mollahs (comme un facteur d’échec de la paix) et un discours qui exclut le laisser aller dans le dialogue. Comme au bon vieux temps de George Bush, Obama a laissé traîner une odeur de poudre en faisant état d’une pétition de plusieurs d’experts de la CIA qui lui demandent de surveiller Israël (dans le but de relancer le mythe d’une frappe israélienne imprévisible). De fait, ce n’est pas un revirement, mais de vieilles recettes d’intimidation et quelques nouveaux avertissements puisque in fine, les dernières options d’Obama sont d’éviter des frappes et privilégier le dialogue.

Que pourrait faire de plus Washington dans les prochaines semaines ? Depuis 2009, pour parvenir à cette entente stratégique, Washington a sans cesse violé ses propres sanctions ou embargo pour éviter un effondrement de ses futurs alliés utiles ce qui l’avait amené à tourner le dos aux opposants iraniens, à injecter des capitaux dans l’économie iranienne via l’Inde et l’Irak ou encore à autoriser la livraison quotidienne de 9 millions de litres d’essence depuis le Kurdistan irakien et la Turquie ! On le soupçonne aussi d’avoir livré aux mollahs plusieurs millions de tonnes de blé via la Suisse pour éviter des émeutes pour le pain. Il autorise aussi le voyage en Iran d’intermédiaires qui agissent à la place des investisseurs américains ou européens. Cette approche donne l’impression d’une forte capacité de résistance des mollahs et contribue à renforcer leur image (ce qui a séduit les Arabes). Pour lancer d’autres avertissements, Washington pourrait empêcher ces pratiques ou ralentir les livraisons d’essence et de blé. Mais ce ralentissement étant fatal, on peut estimer qu’il vient de lancer un de ses derniers trains d’avertissements aux mollahs.


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article complémentaire pour ne pas trop espérer :
- Iran : Le régime est en quête d’un face-à-face explosif
- (3 août 2010)

| Mots Clefs | Résistance : Menace contre le régime |

| Mots Clefs | Décideurs : OBAMA |
| Mots Clefs | Enjeux : Apaisement |

| Mots Clefs | Enjeux : Sanctions (du Conseil de Sécurité) |
| Mots Clefs | Enjeux : Sanctions Ciblées en cours d’application |