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Iran : Washington tente les derniers recours
29.07.2010

Hier, l’Allemagne, un allié clef des Etats-Unis au sein de l’OTAN, a par l’intermédiaire de son ministre des affaires étrangères fait savoir dans une rencontre avec son homologue Tchèque que la communauté internationale (OTAN/E-U) ne pouvait accepter « aucune solution ou offre partielle de la part du gouvernement iranien ». Le même jour, un autre allié clef des Etats-Unis au sein de l’OTAN à savoir la Turquie a, par l’intermédiaire de son ministre des affaires étrangères, affirmé que « l’Iran était prêt à cesser d’enrichir de l’uranium à 20% si la communauté internationale approuvait le projet de compromis (partiel) accepté par Téhéran en mai dernier avec la Turquie et le Brésil ». Washington semble perdu.



Il y a plus d’un an, Washington qui a besoin d’une alliance avec les mollahs pour contrôler l’Asie Centrale et instrumentaliser les Chiites, a entrepris diverses approches pour attirer les mollahs dans un processus d’apaisement. Sa première tentative a été de les inviter à prendre part au processus de pacification de l’Afghanistan alors que ces derniers sont connus pour aider les Talibans. Washington pensait qu’il avait trouvé un bon moyen car un refus aurait été synonyme d’un aveu de soutien aux Talibans. Ce chantage a mis les mollahs mal à l’aise, mais il n’a pas fonctionné car le moindre signe d’apaisement avec Washington les priverait du soutien de la rue musulmane au Hezbollah : ils perdraient alors leur capacité de nuisance terroriste qui est leur véritable force de dissuasion, leur assurance vie.

Pris entre le devoir d’y aller pour ne pas être accusé de soutien aux Talibans et la nécessité de rester loin des Américains, les mollahs ont inventé toutes sortes d’excuses pour éviter d’aller à cette conférence et ont aligné aussi des provocations militaires pour refroidir les Américains, mais ces derniers ont tenu bon et ont obtenu la participation des mollahs en faisant intervenir leurs alliés régionaux comme le Qatar ou encore la Turquie. En fin de compte, les mollahs sont allés à la conférence, mais ils y ont tenu des discours très anti-américains et ont évité et nié tout contact avec la délégation américaine.

Washington a alors trouvé une autre idée : les mollahs cherchaient à acheter du combustible nucléaire à base d’uranium enrichi à 20% pour leur réacteur qui fabrique des isotopes médicaux pour le traitement des cancers, mais ils ne trouvaient pas de fournisseur car le taux de 20% est le seuil officiel entre l’enrichissement civil et militaire. Washington a profité de cette situation (à laquelle il n’était pas étranger) pour leur proposer un deal : échanger leur stock d’uranium faiblement enrichi (que l’on soupçonne destiné à un usage militaire) contre le combustible recherché. C’était une variante de la première solution : Téhéran ne pouvait pas refuser car il aurait reconnu implicitement qu’il avait des projets militaires. La réaction des mollahs a été exactement la même que pour la première tentative : ils ont inventé des excuses (remise en cause des quantités ou des fournisseurs) et ont aussi eu recours à l’arme des provocations avant d’aller à la rencontre des Américains à Vienne pour les planter. L’échange n’a pas eu lieu et de fait, ils n’ont pas obtenu le combustible nécessaire pour leur réacteur médical.

Les mollahs ont alors crié à la triche et ont profité de l’occasion pour franchir un niveau dans la provocation en annonçant qu’ils allaient eux-mêmes enrichir de l’uranium à 20% pour produire leur propre combustible. Les Américains ont évité de stigmatiser le sujet car ce second processus d’enrichissement était un obstacle majeur pour une réconciliation car il aggravait son dossier et surtout il amplifiait le potentiel nucléaire du régime et la menace virtuelle pour Israël, un sujet tabou aux Etats-Unis. Ce silence a convaincu les mollahs que l’enrichissement à 20% est une provocation en OR MASSIF. Dès lors, ils ont sans cesse cherché à le remettre sur le tapis.

En 2010, pour donner une nouvelle actualité à cette provocation en or massif, quand leur stock d’uranium enrichi à 3,5% a été doublé, ils ont annoncé qu’ils pouvaient se séparer de 1200 kg soit 50% de ce stock en échange du combustible jadis promis et en prime ils offraient d’arrêter temporairement l’enrichissement à 20%. Dans le processus, ils tentaient de banaliser le droit à l’enrichissement à 3,5% alors que le processus est au cœur de toutes les résolutions du conseil de Sécurité.

Au lieu de condamner ce glissement, Washington, qui a besoin des mollahs pour dominer la région par le chaos, a alors encouragé ses alliés stratégiques, la Turquie et le Brésil, à défendre la solution proposée par les mollahs afin de prouver que ces derniers n’étaient pas impropres au dialogue. Cela a donné l’accord tripartite Iran-Turquie-Brésil qui ne résout en rien la crise nucléaire. Aujourd’hui, il est arrivé au point d’envoyer la Turquie défendre la proposition initiale des mollahs pour en finir avec cet enrichissement à 20% et sortir d’une situation complètement dingue.

Décidemment désormais abonné aux solutions indirectes, Washington a au même moment fait intervenir l’Allemagne qui est actuellement à la pointe des sanctions pour demander aux mollahs « une solution globale basée sur la transparence de leur programme nucléaire » et non des solutions ou offres partielles comme l’arrêt de l’enrichissement à 20%.

L’Allemagne et surtout les Etats-Unis risquent d’attendre longtemps une réponse claire des mollahs car l’opacité ou le mystère anxiogène est une obligation pour un Etat dont la dissuasion est basée sur le chantage terroriste. Ce régime est opaque dans tous les domaines et doit sa survie à cette opacité. La demande sera refusée. On revient au point de départ : que va faire Washington ?


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article complémentaire :
- Iran : Signes d’un changement du côté américain ?
- (8 juin 2010)

article complémentaire :
- Offre des « Six » : L’Iran à l’épreuve de la transparence
- (6 mars 2008)

| Mots Clefs | Décideurs : OBAMA |
| Mots Clefs | Enjeux : Apaisement |

| Mots Clefs | Pays : Turquie |
| Mots Clefs | Pays : Allemagne |