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Iran - CDH : Les dessous du retrait de la candidature des mollahs
26.04.2010

La république islamique d’Iran qui en février dernier avait postulé pour siéger au Conseil des droits de l’homme de l’ONU a retiré sa candidature avant le vote attendu pour le mois de juin 2010 alors qu’il avait théoriquement toutes ses chances d’y accéder avec le soutien des Non Alignés. | Décodages |



Le 31 décembre dernier, le délai du dialogue accordé par Obama aux mollahs prenait fin. Ces derniers étaient tenus d’accepter l’offre d’un échange de leur stock d’uranium contre du combustible franco-russe ou faire face à de nouvelles sanctions dans la guerre d’usure menée par l’Amérique à leur encontre. Téhéran étant économiquement très affaibli par cette guerre d’usure, Washington espérait une réponse positive. Il la souhaitait même car cela allait aussi contribuer à améliorer l’image de Téhéran dans l’opinion américaine ouvrant la voie à une alliance dont Washington a besoin pour agiter à sa guise l’Asie Centrale, région musulmane et persanophone. Mais au 1er janvier 2010, les mollahs ont rejeté l’offre car un quelconque compromis avec les Etats-Unis les obligerait à cesser leurs activités et ses slogans anti-américaines, leurs fonds de commerce pour avoir le soutien de la rue arabe, soutien grâce auquel leurs milices peuvent agiter les Arabes dans le sens des intérêts de Téhéran. Le dialogue ou l’apaisement avec Washington est un suicide politique car les mollahs perdront immédiatement et définitivement le soutien de la rue Arabe.

En refusant la main tendue par Obama, Téhéran a sauvé sa tête (et son aura de caïd régional), mais il a donné le feu vert à l’adoption de nouvelle sanctions. Washington qui a vraiment besoin d’une alliance avec Téhéran a commencé à esquiver le refus des mollahs pour ne pas adopter de nouvelles sanctions et Téhéran a alors redoublé d’efforts pour ruiner les possibilités de dialogue ou d’apaisement. Pour se donner les moyens de refuser en profondeur, Téhéran a prétendu que l’ultimatum ne se terminait pas le dernier jour de l’année 2009, mais le 31 janvier 2010 afin d’avoir un mois entier pour provoquer un clash. Washington qui ne voulait d’aucune escalade lui a accordé ce délai supplémentaire, les autres ont suivi car de nouvelles sanctions seront des sanctions contre leurs contrats avec les mollahs. Mais passé ce délai supplémentaire, en février, sous la pression de l’opinion américaine, le projet est devenu hot ! Il fallait bousculer les mollahs, mais il fallait éviter de nouvelles sanctions économiques à leur encontre, Washington qui était à la pointe de la demande de nouvelles sanctions sous la pression de l’opinion américaine a eu l’idée d’imposer aux mollahs un suivi de leur comportement par le Conseil des droits de l’homme de l’ONU. Les mollahs qui devaient au contraire provoquer un clash ont alors d’abord annoncé des projets de pendaisons avant de postuler pour siéger dans ce conseil dans leur approche de pure provocation.

Au moment de l’annonce de cette candidature provoc, Bernard Hourcade, un lobbyiste du régime, avait dit que les mollahs avaient toutes les chances d’être élus avec l’aide des Non Alignés, sans tenir compte de l’aspect polémique de cette candidature pied de nez. Contrairement à l’avis de Hourcade, nous penchons pour la conclusion inverse. Dès le départ, Téhéran n’avait aucune chance de recueillir les soutiens des Non Alignés ou encore des Etats musulmans car ces derniers, qui ont des priorités difficiles liées notamment à l’application de la charia, ont en fait besoin d’un représentant souple qui négocierait à leur place des compromis et non un représentant qui polémiquerait sans fin en instrumentalisant son mandat pour renforcer son image de caïd régional. Les chances de cette candidature provoc étaient nulles au départ. De fait, en maintenant sa candidature, le régime risquait une défaite qui allait nuire à son image de caïd et en plus, il risquait de se mettre à dos les Non Alignés en les privant d’un représentant engagé. Le retrait était programmé, les mollahs l’ont fait un peu avant le vote. C’est un échec évident pour les mollahs.

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Bonus | Par un extraordinaire concours de circonstances , une semaine avant ce retrait programmé, Shirin Ebadi, qui n’avait jamais condamné cette candidature, a décidé d’appeler les pays membres de l’ONU à la rejeter. C’est ce que l’on peut appeler une bonne action concertée : Téhéran a profité de l’occasion pour renforcer l’image d’Ebadi car cette dernière est actuellement en tournée au Canada (avec un passeport délivré par le régime) pour convaincre l’opinion qu’il ne faut surtout pas sanctionner les mollahs.

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Pour en savoir + sur l’isolement non avoué des mollahs :
- Iran : La semaine en images n°114
- (25 Avril 2010)


| Mots Clefs | Institutions : Diplomatie (selon les mollahs) |
| Mots Clefs | Institutions : Provocations |

| Mots Clefs | Réformateurs & dissidents : Shirin Ebadi |
| Mots Clefs | Resistance : Lobby pro-mollahs en France et ailleurs ! |

| Mots Clefs | Violence : Violations des Droits de l’Homme |
| Mots Clefs | Zone géopolitique / Sphère d’influence : ONU |

| Mots Clefs | Zone géopolitique / Sphère d’influence : Les Non Alignés |