Iran Resist - Iran : Le cercueil d’eau de Raffaello

Iran : Le cercueil d’eau de Raffaello
24.04.2010

Lors de la première journée de l’édition 2010 des manoeuvres navales des Pasdaran, ces derniers ont coulé un navire pour montrer leur aptitude à couler les pétroliers. Cela ressemblait davantage à la chasse du temps du Roi Qadjar Fath-Ali Shah pour qui l’on attachait fermement un tigre à un arbre pour que sa majesté ne rate pas son tir royal. Quelle gloire peut-on tirer du sabordage d’un navire qui ne combat pas. Au vu de ce genre d’images, les Iraniens se disent que les mollahs et les Pasdaran ne sont bons qu’à couler l’économie iranienne avec leur refus de tout compromis. L’annonce du sabordage d’un navire pendant ces manoeuvres des Pasdaran nous a rappelé un autre sabordage : celui du paquebot Raffaello acheté par le Chah et coulé par les mollahs.

En 1965, le Raffaello, paquebot de croisière italien, était estimé à 90 millions de dollars, mais en 1975 compte tenu des circonstances économiques il fût vendu à l’Iran par l’Italie pour seulement 2 millions de dollars. Une occasion saisie par l’Iran du Shah qui pouvait alors en cette époque de flambée des prix du pétrole se doter rapidement d’une flotte de croisière. Nous étions en ce temps-là à une époque où l’on comptait faire de l’île de Kish une base internationale de loisirs avec des vols réguliers en Concorde qu’Iran Air avait commandés, autre temps, autre époque, autres aspirations de conquêtes pacifiques...
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Les premiers plans de ce paquebot furent dessinés en 1958 et de ces ébauches naquit un bateau de 276 mètres de long et 31 de large. Des prises pour radio téléphone comme s’il en pleuvait (une innovation pour l’époque), des piscines, 750 cabines luxueusement aménagées (ci-dessous), 18 ascenseurs, un gymnase, 30 salons et une salle de spectacle de 500 places... le tout dans le bon goût italien de l’époque ! Bref, un bateau hors norme pour son temps dont le départ quelques années plus tard pour l’Iran affligera autant les Italiens que le départ du France le fit pour les Français et c’est légitimement compréhensible même pour les acheteurs Iraniens.
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Et c’est donc au printemps 1977 (ci-dessous) que le Raffaello accosta à Bandar Bouchehr dans le Golfe Persique avec quelque 1800 passagers et 50 personnels italiens qui auraient pour mission de former leurs collègues iraniens.
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Disons le, jamais auparavant les habitants de Bouchehr n’avaient vu pareil navire et c’est une véritable marée humaine qui se massa sur les quais de la ville avec fierté en remarquant que le bateau battait pavillon iranien. Fierté compréhensible même si comme dans tous les autres pays du monde, on sait bien que peu iront en croisière... A notre connaissance, ce jour-là a dû être le jour où à Bouchehr on a pris le plus de photos dans l’histoire de la ville et même la centrale nucléaire dont on parle tant et si lourde de menaces n’a pas été autant prise en photo.

Les évènements de l’Iran étant ce qu’ils furent et les religieux ayant accaparé le pouvoir le beau navire que l’on comparait à un palais blanc resta à quai et survint la guerre avec l’Irak. Il fut transformé en caserne pour les Pasdaran. Pris pour cible par des chasseurs irakiens, le bateau fut bombardé et se retrouva sérieusement atteint. Le beau bateau blanc gisait là quant un beau jour (triste jour) un autre navire, l’ex-Iran Siam rebaptisé Iran Islam par les autorités, vint l’aborder accidentellement et finir le travail commencé par l’aviation irakienne.

Le Raffaello fut entièrement englouti par les eaux turquoise du Golfe Persique et seuls des plongeurs des Pasdaran descendirent récupérer des oeuvres d’art revendues au profit de cette milice et quelques mollahs. Aujourd’hui le beau bateau gît toujours dans les profondeurs du Golfe Persique sous 7 mètres d’eau à moins de deux kilomètres de la centrale atomique.

Dernièrement, les autorités islamiques iraniennes ont enfin décidé de retirer l’épave de sous la mer pour dégager l’accès à Bouchehr, certainement pour pouvoir plus facilement ramener des navires de combustibles pour la centrale.

Quant à l’épave (ci-dessous), elle fera un dernier voyage en direction de l’aciérie d’Ispahan... encore une installation industrielle d’envergure voulue par l’Iran du Shah et tellement décriée par les mollahs...
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