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Iran : Petite Journée Nationale de l’Energie Nucléaire
09.04.2010

Le 9 avril est la Journée nationale (iranienne) de l’énergie atomique et à cette occasion, le régime des mollahs annonce des progrès nucléaires dans le but d’amplifier la crise. Cette année, pour empêcher Téhéran d’aller en ce sens, le New York Times a publié un article critique sur les progrès que les mollahs devaient annoncer le 9 avril 2010. Privé de son effet de surprise, le régime a zappé cette journée !



Depuis des années Washington sanctionne les mollahs pour forcer ces idoles de la rue musulmane à devenir ses alliés dans le but évident de contrôler les musulmans et de les embrigader contre ses adversaires en particulier la Chine et la Russie. Si l’enjeu est extrêmement stratégique pour les Américains, il a toujours été très pragmatique pour les mollahs qui ne veulent pas partager le pouvoir et ses privilèges financiers avec les Américains et leurs pions.

stratégie d’opacité passive | Incapables d’accepter la transition vers une république islamique inféodée aux Etats-Unis, les mollahs ont toujours joué la carte de la provocation avec l’arrière-pensée de ruiner toute possibilité d’entente irano-américaine. Dans l’esprit pragmatique qui caractérise cette approche, quand en 2003, Washington a exprimé le souhait de renforcer ses sanctions en accusant les activités nucléaires des mollahs, ces derniers ont situé leurs provocations dans le domaine nucléaire en combinant des annonces ultra anxiogènes et le refus de toute inspection qui rend ces annonces encore plus anxiogènes.

changement de stratégie | Avec l’annonce par l’AIEA en février 2006 du transfert du dossier nucléaire iranien au Conseil de Sécurité, les probabilités pour l’adoption de nouvelles sanctions plus fortes ont augmenté. Quand un mois plus tard, le Conseil de Sécurité a lancé son 1er ultimatum de 30 jours aux mollahs, ces derniers ont instauré une « Journée nationale de l’énergie atomique » à la date du 9 avril, anniversaire de la rupture des relations diplomatiques entre Téhéran et Washington à l’initiative humiliante de ce dernier. Il s’agissait évidemment d’insinuer qu’il avait désormais le pouvoir d’humilier Washington en refusant le rétablissement les relations pour permettre l’entente stratégique souhaitée par ce dernier.

stratégie des provocations sur mesure | Depuis l’instauration de cette journée, les annonces nucléaires anxiogènes du régime ont été baptisées les « Bonnes Nouvelles Atomiques ». La première édition de ces bonnes nouvelles a été très instructive. Le 9 avril 2006 alors que le Conseil de Sécurité suppliait les mollahs de ne pas commencer l’enrichissement, ces derniers ont annoncé leur capacité à produire de l’hexafluorure d’uranium, le minerai gazéifié qui doit alimenter les centrifugeuses pour enrichir l’uranium. Ils ont ainsi dépassé l’interdit du moment sans aller trop loin.

Par la suite, les mollahs ont toujours reproduit ce schéma pour leurs annonces de Bonnes Nouvelles Atomiques. Ainsi en 2007, alors qu’ils avaient commencé l’enrichissement et que l’on leur demandait de l’arrêter pour montrer qu’ils ne cherchaient à produire de la matière fissile utile pour une première bombe, les mollahs ont annoncé qu’ils exploitaient désormais 3000 centrifugeuses, quantité insinuant qu’ils pourraient justement produire de la matière fissile utile pour une première bombe dans moins d’un an. Face à cette posture, Washington a publié un rapport officiel de leur 16 services secrets faisant état d’un gel des activités nucléaires militaires par les mollahs. Ce rapport a perturbé les plans de Téhéran. Le 9 avril 2008, Téhéran a bissé son annonce de 2007 en évoquant la mise en oeuvre de 6000 centrifugeuses en activité, soit le double de l’année précédente, et pour insinuer la poursuite de ses recherches nucléaires militaires, il a annoncé l’arrivée prochaine de nouvelles centrifugeuses 100% iraniennes qui étaient 3 à 5 fois plus puissantes.

Le 9 avril 2009, Téhéran a changé d’annonce en évoquant une capacité de production de combustible pour la centrale nucléaire de Bouchehr, un choix qui nous avait surpris, mais l’on a par la suite appris que Washington lui avait un peu plus tôt proposé un échange de son stock d’uranium faiblement enrichi contre du combustible pour le réacteur de recherche de l’université de Téhéran. De fait, en annonçant une capacité de production locale de combustible, Téhéran rejetait de facto cette offre secrète des Etats-Unis qui a par la suite été proposée ouvertement aux mollahs le 1er octobre 2009 à Genève et a alors remplacé le débat sur la poursuite de l’enrichissement. L’offre d’un échange étant désormais le sujet central du moment, en janvier dernier, Téhéran a laissé entendre que le 9 avril de cette année, il annoncerait la création d’infrastructures nécessaires pour une production massive de combustible.

Il y a 10 jours, Washington a privé les mollahs de ce plaisir en publiant un article dans le New York Times sur leur incapacité technique à créer ce genre d’infrastructures. Téhéran avait dénoncé un comportement déloyal car le NYT avait ainsi dévitalisé sa fiesta nucléaire du vendredi 9 avril 2010. Sa douleur est devenue plus aigue quand les Russes ont encore retardé la livraison de Bouchehr et que les Américains ont envahi les médias avec l’annonce de leur nouvelle stratégie nucléaire. Il en a résulté un silence total sur la célébration de la 4e édition de la Journée nationale de l’énergie nucléaire : il n’y a eu aucune déclaration des dirigeants ni aucun article dans la presse iranienne. Tout le monde s’intéresse soudain à la révolution Kirghize !


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article complémentaire :
-  Iran : Vers un enrichissement des annonces nucléaires
- (13 Février 2010)

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