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L’Iran et la nouvelle stratégie nucléaire américaine
07.04.2010

Dans une interview accordée au New York Times à propos de la nouvelle stratégie nucléaire américaine, Barack Obama a dévoilé que les États-Unis n’utiliseraient jamais l’arme nucléaire contre un adversaire qui ne la détient pas et qui respecte les règles du Traité de non prolifération nucléaire. Si le message n’était pas assez clair, Obama a précisé que « les États hors norme comme l’Iran et la Corée du Nord » seraient des exceptions à cette nouvelle règle. Washington relance ainsi la menace d’une frappe militaire de l’Iran. Est-ce bien raisonnable ?



L’option militaire, abandonnée officiellement par Bush à la fin de son mandat, revient donc d’une manière structurelle après quelques évocations au cours des derniers mois pendant lesquels Washington a tout essayé pour parvenir à une alliance stratégique avec les mollahs. Initialement de type conventionnelle, l’option militaire est désormais atomique car l’alliance souhaitée par les Etats-Unis est certainement vitale pour l’avenir de ce pays car elle lui permettrait d’accéder à l’Asie Centrale pour l’éloigner de la Chine, mais aussi de contrôler les musulmans d’Asie Centrale avec le concours des mollahs pour créer un front de soutien aux Ouïgours, les musulmans chinois, afin de déstabiliser la Chine de l’intérieur. Et en fin de compte, cette domination permettrait aux Etats-Unis de contrôler les réserves pétrolières et gazières de l’Iran, de l’Asie Centrale, de la Chine, du Caucase en plus de leurs avoirs irakiens, saoudiens, africains ou qataris, pour devenir la première super-puissance militaire à détenir la majorité absolue des réserves mondiales d’hydrocarbures.

La taille de l’enjeu explique l’usage immodéré de la menace de frappes initialement conventionnelles et à présent nucléaires. Mais pour les mêmes raisons géopolitiques citées ci haut, cette option militaire est une pure hérésie, car en cas d’un passage à l’acte, la Chine qui est directement visée, mais aussi la Russie, ou encore la Grande-Bretagne, actuelle n°1 mondial du pétrole, entreraient en action pour occuper le terrain iranien afin d’empêcher les Américains d’empiéter sur leurs intérêts vitaux. Sans parler des représailles du Hezbollah qui sont des nuisances résiduelles et non déterminantes, les Etats musulmans alliés des Etats-Unis ne pourront pas non plus rester neutres et devront prendre des mesures anti-américaines comme des ruptures de relations diplomatiques, la fermeture des bases et l’expulsion des militaires américains ou même un embargo pétrolier. Au mieux, Washington y laisse des plumes, mais vraisemblablement il risque plus gros.

Un conflit armé avec l’Iran équivaut en raison des différents enjeux (pétroliers, stratégiques ou religieux) à un conflit avec le reste du monde. Ce n’est pas sans raison si Brzezinski, le maître d’oeuvre de la diplomatie américaine lui-même concepteur des méthodes d’intimidation vis-à-vis des mollahs, parle toujours d’un danger pour l’existence même des Etats-Unis si ce pays allait vers un conflit armé avec l’Iran. C’est aussi pour cette raison que Washington a toujours privilégié la guerre d’usure économique et la demande de normalisation des relations pour introduire ses pions islamistes pro-américains dans l’arène politique iranienne afin de pouvoir prendre le pouvoir de l’intérieur. Les véritables armes atomisantes de Washington n’ont jamais été des missiles ou des bombes embarqués à bord d’avions furtifs, mais des islamistes bcbg déguisés en activistes humanitaires qu’il entretient grassement depuis des années via des organismes comme le NED.

On peut cependant faire observer que les Etats-Unis pourraient aller très vite pour prendre les autres Etats de vitesse, mais pour cela il leur faudra frapper très fort. Or, cela déstabiliserait le régime des mollahs permettant aux Iraniens de le renverser ce qui n’augure guère le maintien du système islamique si cher à Washington. Et enfin, détail non négligeable, une frappe destructrice de l’Iran fermerait à jamais la porte à n’importe quelle relation amicale entre l’Iran et les Etats-Unis.

Pour éviter la menace évoquée par Brzezinski, les Etats-Unis peuvent évidemment confier le sale job à Israël, mais dans ce cas, ce pays devrait accepter les conséquences de son acte, ce qui n’est pas certain, car cela peut aller de l’acceptation d’une paix forcée avec les Arabes sur la base de critères qu’il refuse depuis des années jusqu’à un isolement dont il ne se relèverait pas.

L’option militaire est une hérésie.


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Pour en savoir + sur l’option militaire :
- Iran : Petraeus, roue de secours d’Obama !
- (12 Janvier 2010)

Pour en savoir + sur l’option militaire :
- Iran : La frappe israélienne n’aura jamais lieu
- (19 Mai 2009)

L’état du conflit entre Téhéran et Washington :
- Iran-sanctions : Washington veut mener la danse
- (2 avril 2010)

| Mots Clefs | Enjeux : Option militaire |

| Mots Clefs | Décideurs : OBAMA |
| Mots Clefs | Histoire : Brzezinski et Carter |

| Mots Clefs | Enjeux : Alliances Régionales d’ordre stratégique <font
| Mots Clefs | Mots Clefs | Zone géopolitique / Sphère d’influence : Grande-Bretagne |
| Mots Clefs | Zone géopolitique / Sphère d’influence : RUSSIE |
| Mots Clefs | Zone géopolitique / Sphère d’influence : Chine |