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Iran : La Chine change de politique irano-américaine
05.04.2010

La Chine a parlé en faveur des sanctions contre le régime des mollahs. Déstabilisé par l’annonce, le régime a expédié un émissaire en Chine qui n’a pas su obtenir une déclaration forte chinoise en faveur de Téhéran. Pour casser son isolement et afficher une communauté de vue avec Pékin, le régime a annoncé hier la tenue d’une conférence sur la dénucléarisation les 17 et 18 avril à Téhéran en présence du président Chinois Hu Jintao !



Les mollahs sont comme des alliés stratégiques pour la Chine car ils ne soutiennent pas les musulmans séparatistes chinois –qui ont le soutien de Washington- et par ailleurs contre la volonté de Washington, ils contribuent à garder l’Asie Centrale enclavée, ce qui oblige les pays de cette région à vendre leur gaz à bas prix à la Chine. Mais on ne peut pas parler d’une vraie alliance stratégique basée sur la confiance car il s’agit avant tout d’une attitude anti-américaine et non d’une orientation prochinoise ou dans le sens d’un intérêt régional commun. En fait, la Chine a toujours été consciente que Téhéran était en train de priver Washington de ce qu’il voulait obtenir pour marchander son adhésion au camp américain. La Chine a toujours su que les mollahs utilisaient sa protection commerciale ou diplomatique pour flirter avec l’ennemi. C’est pourquoi il est devenu urgent pour la Chine de ne pas trop renforcer les mollahs. Elle a ainsi refusé toutes leurs demandes d’adhésion à l’Organisation de Coopération de Shanghai. Elle aurait pu faire pression à son tour sur les mollahs pour les éloigner de leur projet d’entente avec Washington, mais elle a eu peur de tenter le coup. Elle a aussi eu peur d’encourager une escalade des sanctions américaines et de facto elle s’est contentée d’un rôle minimaliste passif .

Rétrospectivement, on peut dire qu’elle s’est trompée car Washington n’était jamais dans une optique d’escalade des pressions, mais une guerre d’usure. Avec son approche minimaliste passive, la Chine a facilité la tâche de Washington car ce dernier s’est abrité derrière le refus affiché de Pékin pour éviter toutes sanctions trop fortes incompatibles avec sa guerre d’usure pour épuiser lentement les mollahs. Avec son approche minimaliste passive, la Chine a en fait laissé la direction aux Américains. En ayant la maîtrise des sanctions, ces derniers ont réussi leur coup et n’attendent désormais qu’une chose : la capitulation des mollahs.

Cette semaine, la Chine a enfin rompu avec son approche de spectateur où elle sert d’alibi aux Américains en acceptant l’adoption de nouvelles sanctions multilatérales pour avoir son mot à dire. Cela n’a pas plu à ces derniers qui ont immédiatement déclenché via l’Inde une sanction pétrolière lourde contre les mollahs pour accélérer leur capitulation avant que la Chine ne parvienne à revenir dans le jeu.

La rupture avec l’approche passive a aussi surpris les mollahs : ils ont vite envoyé un émissaire à Pékin. Il est rentré au pays sans avoir obtenu la moindre déclaration officielle chinoise faisant état d’un abandon prématuré de la volonté de jouer un rôle actif. Pire encore, le ministère chinois des affaires étrangères a choisi le moment de la présence de l’émissaire iranien à Pékin pour annoncer que le président chinois Hu Jintao allait représenter son pays à la conférence sur la dénucléarisation organisée les 12 et 13 avril par Obama où il est certain que l’on parlera de l’avenir des nouvelles sanctions contre les mollahs.

Le régime des mollahs s’est donc retrouvé très isolé. Il a inventé immédiatement une conférence internationale sur le même thème les 17 et 18 avril où ils annoncent la présence du président Chinois pour minimiser l’autre voyage.

Les Chinois n’ont pas démenti, mais ils ont à nouveau confirmé la présence d’Hu Jintao à Washington les 12 et 13 avril en profitant de l’occasion pour annoncer qu’il sera du 14 au 17 avril au Brésil pour le deuxième sommet des pays du BRIC (le Brésil, la Russie, l’Inde et la Chine), puis les 17 et 18 avril au Venezuela et au Chili. C’est donc non.

Mais c’est un non subtil car Washington utilise l’Inde et le Brésil comme des intermédiaires pour négocier avec les mollahs. L’Inde vient de sanctionner Téhéran, mais il a aussi annoncé la présence d’un représentant à Téhéran les 17 et 18 avril et le Brésil doit envoyer à Téhéran une mission de 80 hommes d’affaires menée par Lula. Les rencontres avec les dirigeants de ces pays s’avèrent donc très utiles pour le président Chinois. Dans le sens inverse, les mollahs utilisent le Venezuela pour fédérer l’Amérique Latine derrière Téhéran ou encore pour des transactions finacières occultes afin d’échapper aux sanctions bancaires américaines. La Chine qui a récemment investi 16 milliards de dollars au Venezuela pourrait demander que ce pays agisse plutôt dans le sens de ses intérêts.

La Chine a dit non aux mollahs car après plusieurs années de minimalisme passif, elle a fort à faire pour prendre ses marques pour une nouvelle politique irano-américaine.


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| Mots Clefs | Zone géopolitique / Sphère d’influence : Chine |
| Mots Clefs | Enjeux : Sanctions (du Conseil de Sécurité) |

| Mots Clefs | Décideurs : OBAMA |
| Mots Clefs | Enjeux : Apaisement (entente) |