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Iran : L’arroseur arrosé, damned !
13.03.2010

Depuis un an, Washington n’adopte plus de sanctions contre les mollahs. Dernièrement, il leur a même accordé un contrat de 600 millions de dollars pour des livraisons d’essence à l’Irak, alors que l’Iran importe lui-même 75% de ses besoins en carburant. Washington ménage les mollahs agitateurs car il a besoin d’une entente avec eux pour priver la Chine de ses principaux fournisseurs : les musulmans. À l’issue de cette entente, il dominera l’Iran, accédera à l’Asie Centrale et pourra déstabiliser la région pétrolière de Xinjiang grâce à ses habitants musulmans, les Ouïgours, Il pourra même exploser les pipelines ou les installations des compagnies non américaines par ses nouveaux amis islamistes. L’enjeu est si énorme, qu’il a même mis au point une stratégie pour bloquer toute nouvelle sanction en évoquant le refus de ses alliés mineurs. Ces manigances américaines ont inquiété la Grande-Bretagne, n°1 depuis toujours du marché mondial du pétrole. Pour préserver son leadership, elle a annoncé la rupture de ses gigantesques livraisons d’essence à l’Iran pour forcer Washington à délaisser son approche mielleuse. Washington a tout simplement boycotté la nouvelle dans ses médias, c’est-à-dire sur le net. Londres a recommencé, Washington a renouvelé son exploit. Ce Boycott cynique et massif nous a ramenés des années en arrière.



Il y a trente-cinq ans, sous l’influence du grand théoricien de la diplomatie américaine Brzezinski, Washington avait décidé de mettre KO la Chine en la privant de son accès au pétrole. Pour cela il avait imaginé d’organiser des révolutions islamiques en Asie Centrale pour exploser la Russie Soviétique et provoquer un soulèvement séparatiste chez les musulmans chinois de la région pétrolière de Xinjiang. Selon Brzezinski, La Chine alors privée de ses ressources pétrolières du Xinjiang et de l’Asie Centrale n’aurait d’autres solutions que d’attaquer les gisements sibériens… Washington aurait alors détruit ses deux adversaires dans une même opération.

Pour provoquer cette vague de révolutions islamiques, Brzezinski a donné le feu vert à une révolution islamique en Iran contre le Chah qui par ailleurs était coupable d’avoir créé l’OPEP pour ouvrir, dans le monde bipolaire de l’époque, un second groupe de non alignés, vraiment indépendants. Washington lui reprochait aussi de ne plus vouloir reconduire en 1979 le contrat de 25 ans signé en 1954 avec le Consortium anglo-américano-franco-hollandais et d’avoir cherché à changer de partenaires via la signature d’un contrat gazier, ancêtre de Nabucco, avec la Russie et l’Europe pour créer un pôle d’échanges bénéfique aux trois parties. Il ne plaisait plus aussi sur le plan politique car il s’était écarté du modèle imposé aux alliés des Etats-Unis en encourageant l’émergence d’un courant socialiste iranien indépendant de Moscou via l’ouverture de l’arène politique aux jeunes de gauche avec le projet du parti unique composé de sous ensembles conservateurs ou progressistes, pour reprendre les termes de l’époque. Ainsi, non seulement il s’éloignait des intérêts pétroliers de Washington, mais aussi encourageait la dissidence sans les rangs de l’empire. Il était de ce fait l’ennemi à abattre.

Par un hasard inouï, Monsieur Brzezinski faisait partie du comité de direction de l’ONG britannique Amnesty International. Cet organisme a obtenu un Prix Nobel de la Paix juste avant de se lancer dans une croisade contre le Chah qu’elle accusa des pires tortures sur au moins 100,000 prisonniers. Le Chah n’avait pas vu la main de Brzezinski dans la campagne médiatique d’Amnesty International et en raison de l’identité britannique de cet organisme, il avait conclu à un coup des Britanniques qui avaient la plus grande part dans le Consortium de 1954. Pour contredire les accusations, il ouvrit les prisons iraniennes aux inspecteurs de la Croix-Rouge qui ne trouva aucun cas de tortures et des conditions de détentions satisfaisantes. Mais personne n’a répertorié ces visites et certains quotidiens occidentaux comme le Monde, le Nouvel Observateur et l’Express se sont relayés pour diffuser les accusations. Après la révolution, Khomeiny a ordonné à un homme de confiance d’enquêter pour établir la liste de ces martyrs. En 2003, un dissident du régime a publié ce rapport explosif : les rapports de la Croix-rouge étaient justes. Selon ce rapport écrit par des révolutionnaires islamiques anti-Chah en 1980, il n’y a jamais eu un cas de torture contre un seul prisonnier politique. Le rapport stipulait aussi que l’on ne pouvait qualifier de prisonniers politiques les 341 hommes morts les armes à la main dans les divers affrontements armés, prises d’otages ou attaques de banques. Il n’y eut aucun article sur ce sujet en Occident. Dès lors les Iraniens qui espèrent un changement de régime ont conclu qu’il y avait un front occidental uni pour garder intacts les mythes qui expliquaient le nécessaire renversement d’un homme qui voulait l’indépendance de son pays et de sa région.

Aujourd’hui avec le black-out américain vis-à-vis de l’embargo unilatéral des Britanniques, on retrouve le même délit de ne pas marcher droit, les mêmes conditions, les mêmes médias et en tête de liste Le Monde, la même surdité, la même indifférence des voisins, mais avec la petite différence que cela concerne un des acteurs de cette torture normalement réservée aux pays au sous-sol riche. Si les Anglais persistent à défier l’Amérique, ce qui se peut en raison de l’enjeu énorme, cela annoncerait peut-être l’abattage de l’empire britannique. C’est tout de même ironique car cet empire arrogant qui a possédé tant de pays chute par sans cesse de son piédestal en Iran, pays qu’il a volé sans vergogne, manipulé par la corruption et le meurtre sans jamais le posséder.


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Pour en savoir + :
- Iran : Ce que cache l’embargo de Vitol
- (10 MARS 2010)

| Mots Clefs | Pays : Grande-Bretagne |
| Mots Clefs | Enjeux : Pétrole & Gaz |

| Mots Clefs | Histoire : Brzezinski et Carter |

| Mots Clefs | Décideurs : OBAMA |
| Mots Clefs | Enjeux : Apaisement |