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Iran : Une accusation de financement de la bombe syrienne
25.03.2009

Au lendemain d’un nouveau refus iranien à la dernière offre de dialogue d’Obama, la presse suisse parle d’informations de la CIA selon lesquelles Téhéran aurait financé en 2007 le programme de coopération nucléaire entre la Syrie et la Corée du Nord. Il s’agit évidemment d’un avertissement indirect à l’Iran, puisque l’accusation peut ouvrir la procédure pour de nouvelles sanctions.



Selon Hans Ruehle, ex-haut fonctionnaire du ministre allemand de la Défense, les services de renseignement américain et israélien ont appris l’existence d’un programme de coopération nucléaire entre la Syrie, la Corée du Nord et l’Iran d’après les confidences d’Ali Reza Asghari, un général des Pasdaran qui est passé à l’ouest entre janvier et mars 2007. Ils ont alors fait bombarder le site en septembre 2007 par les F15 israéliens. C’est bien la première fois que l’on parle d’un rôle pour l’Iran dans cette affaire. Au départ, il était uniquement question d’une coopération syro-coréenne et le seul rôle que l’on prévoyait pour l’Iran était celui à qui l’on adressait un avertissement. On était alors au plus fort de la guerre psychologique où l’on évoquait régulièrement une option militaire américaine ou israélienne contre l’Iran.

Incohérences | La présente introduction de l’Iran dans le rôle du super financier qui aurait investi un milliard et demi de dollars dans la bombe nucléaire syrienne pose certains problèmes de cohérence.

Cette information inédite est en totale contradiction avec le rapport des 16 services secrets américains (NIE 2007) qui en novembre 2007 ont affirmé que Téhéran n’avait depuis 2003 plus aucune activité liée à un programme nucléaire militaire. Pire encore, en novembre 2008, John McConnell, l’ancien patron des services secrets américains, a confirmé exactement la même conclusion et plus récemment son successeur Dennis Blair a repris le flambeau. Par ailleurs, le transfuge Ali Reza Asghari était initialement présenté comme l’intermédiaire pour les livraisons d’armes au Hezbollah et non un officier chargé du nucléaire. Nous sommes donc encore une fois en présence d’une tentative d’intimidation américaine à un moment où Téhéran refuse le dialogue proposé par Obama.

S’il s’agissait d’une accusation officielle, Téhéran pourrait s’attendre à l’ouverture d’une nouvelle procédure de sanctions. Mais il ne s’agit pas d’une accusation, pas même d’un avertissement, mais d’une simple intimidation, puisque l’info remonte une rumeur via la presse étrangère, et non pas depuis sa source officielle, la CIA. Ce genre de tentatives sans suite ne fait que confirmer l’absence d’alternatives dans la stratégie américaine pour aboutir à une entente avec les mollahs.

L’information implique également la Syrie. Ce n’est pas un hasard. Récemment, Washington a entrepris des démarches pour éloigner Damas de Téhéran, mais cette démarche a donné la grosse tête au président syrien qui a exigé un statut d’interlocuteur régional. Pour donner du fil à retordre aux Américains, Assad a même proposé son aide comme médiateur aux Etats qui ne veulent pas d’une entente irano-américaine et sont partisans d’un compromis multilatéral avec l’Iran. L’affaire du programme nucléaire syrien permet aux Américains de rappeler à Assad qu’ils peuvent redevenir intraitables à son encontre et le placer sous un régime de sanctions aussi lourdes que celles imposées à l’Iran. Cependant en l’absence d’une suite officielle, comme dans le cas iranien, cette tentative stérile confirmera l’absence d’une alternative syrienne en dehors d’une entente avec Assad.

Dans les deux cas, Washington convainc des adversaires aguerris qu’il a besoin d’une entente avec eux. Ils ne manqueront pas de faire monter les enchères.


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Pour en savoir + sur l’Entente avec l’Iran :
- Afghanistan : L’Iran envoie Larijani sonder les Américains
- (19 MARS 2009)

Article complémentaire :
- Etats-Unis : Nouvelle politique iranienne, nouveaux désordres
- (11 MARS 2009)

| Mots Clefs | Décideurs : OBAMA |
| Mots Clefs | Enjeux : Rétablir les rel. avec les USA & Négociations directes |

| Mots Clefs | Zone géopolitique : Axe Iran-Syrie |
| Mots Clefs | Pays : Syrie |

| Mots Clefs | Nucléaire Militaire : La Bombe nucléaire Islamique |