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Iran : Pour contrer Obama, Téhéran agite le Hezbollah
15.03.2009

Le chef du Hezbollah libanais Hassan Nasrallah a affirmé vendredi que son mouvement n’accepterait jamais de reconnaître Israël, condition posée par les Etats-Unis pour qu’ils consentent à dialoguer avec ce mouvement qu’ils considèrent comme terroriste. Le Hezbollah a été créé par le régime des mollahs qui est le seul financier de ce mouvement. Sa réponse est donc celle de l’Iran et elle surgit au lendemain de l’annonce de nouvelles sanctions par Obama. Le ton et le contenu de cette réponse méritent donc une attention particulière.



Le contexte | Mardi dernier, le 10 mars, la Maison-Blanche avait dit que le Hamas palestinien et le Hezbollah devaient commencer par reconnaître Israël et renoncer à la violence avant tout dialogue. Le message était indirectement destiné aux mollahs qui financent ces deux mouvements et les utilisent pour agiter la région car au même moment, Washington avait diligenté des émissaires vers Téhéran pour le convaincre à participer à la conférence sur l’Afghanistan, prétexte pour commencer le processus du dialogue entre les deux pays.

Parmi les émissaires, il y avait le président Turc Abdollah Gül, porteur d’un message personnel d’Obama. A ce moment-là, Téhéran n’a pas réagi à la déclaration américaine sur le Hezbollah, il a également demandé à ses milices de l’imiter. Vu l’empressement flagrant des Américains à arriver rapidement à une entente, tout le monde à Téhéran espérait un assouplissement de leur position et peut-être un accord sur les conditions iraniennes : la levée des sanctions et l’abandon de toutes les charges contre l’Iran dont celle du terrorisme lié au Hezbollah.

Une semaine plus tôt, une autre médiation américaine impliquant le patron du régime Rafsandjani avait échoué à Bagdad. La nouvelle tentative américaine faisait espérer Téhéran au point que ce même mardi, au cours de son discours annuel devant l’Assemblée des Experts, le patron du régime Rafsandjani a paraphrasé Condoleezza Rice en déclarant que l’Iran ne souhaitait pas « avoir des ennemis permanents ! »

On sait aujourd’hui que cette lettre d’Obama ne contenait pas ce qu’attendait Téhéran. Les deux interlocuteurs d’Abdollah Gül, Ahmadinejad et Khamenei lui ont fait une réponse négative et preuve d’une absence d’assouplissement américain ; furieux, Khamenei a même déclaré n’avoir « vu aucun signe de compensation de la part des Etats-Unis »…

Après ce double refus et l’échec des médiations, dès le lendemain, le jeudi 12 mars, Obama a prolongé pour un an les sanctions pétrolières contre l’Iran, sanctions presque fatales pour un pays dont le budget dépend à plus de 80% du pétrole. La nouvelle administration américaine affirmait ainsi qu’il n’y avait pas de place pour le marchandage sur les conditions de l’entente qu’il propose à Téhéran : comme nous le répétons depuis longtemps, Washington veut la soumission de Téhéran et non un compromis qui garderait le Hezbollah intact et Téhéran maître de l’agitation dans la région.

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Or, depuis toujours Téhéran a essayé d’obtenir ce compromis en utilisant justement la nuisance régionale du Hamas et du Hezbollah.

La déclaration | C’est ce qui explique le ton et le contenu de la réponse faite vendredi par le Hezbollah. Dans cette réponse, Hassan Nasrallah affirme qu’il n’y aura pas de reconnaissance du Hezbollah même dans 1000 ans, mais il profite de l’occasion pour saluer le récent rapprochement entre l’Arabie Saoudite et la Syrie en insistant sur la nécessité d’y inclure la république islamique d’Iran. Nasrallah n’est pas un imbécile, il sait bien que les Saoudiens se sont approchés de la Syrie pour casser l’axe Téhéran-Damas-Hezbollah, mais la demande dictée par Téhéran ne s’adressait pas aux Saoudiens, mais à la rue arabe.

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Décodages | Puisque Washington a déclaré la guerre aux mollahs en reconduisant des sanctions pétrolières à forte capacité de nuisance, Téhéran riposte par ses propres sanctions : sa capacité de nuisance régionale.

C’est une petite nuisance verbale, mais Téhéran est en petite forme. Il est affaibli et dénoncé par les dirigeants sunnites : on lui reproche d’utiliser le conflit israélo-palestinien pour populariser et propager le chiisme, ce qui est exact. Nasrallah a d’ailleurs démenti ce genre de projet de la part du Hezbollah et des mollahs !

Mais qu’importe l’impact, Téhéran ne souhaite pas la guerre, mais un compromis.


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Le réformateur Abtahi, Nasrallah et Khatami


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| Mots Clefs | Terrorismes : Hezbollah |
| Mots Clefs | Enjeux : Rôle régional de l’Iran |
| Mots Clefs | Institutions : Diplomatie (selon les mollahs) |

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| Mots Clefs | Enjeux : Sanctions (américaines) en cours d’application |
| Mots Clefs | Décideurs : OBAMA |
| Mots Clefs | Enjeux : Rétablir les rel. avec les USA & Négociations directes |