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Iran : Les correspondants français oublient les Iraniens
16.02.2009

À l’occasion du 30e anniversaire de la révolution islamique, les médias français ne nous n’ont vraiment pas gâtés avec les sempiternels articles de Delphine Minoui sur les féministes islamiques ou les reportages aseptisés de France 24, reportages qui évoquent une ferveur populaire anti-sioniste en évitant de montrer les pauvres pourtant si visibles. Une affaire qui agite actuellement les médias et les sphères politiques iraniennes permet de supposer que les journalistes français envoyés en Iran ne font vraiment pas leur job.



Samedi 14 février, un ancien combattant de la guerre Iran-Irak s’est aspergé d’essence pour se brûler vif devant l’entrée du Parlement Islamique pour protester contre la situation terrifiante des anciens combattants. Cet homme d’une cinquantaine d’année avait à plusieurs reprises demandé de l’aide de la part de son élu local. Il venait d’être à nouveau éconduit sans trop de ménagement. Les médias du régime ont diffusé la nouvelle car chacun connaît la détresse dans laquelle vivent les 400,000 anciens combattants iraniens : ils n’ont souvent aucune couverture sociale comme 83% des Iraniens, mais en plus souffrent de handicaps moteurs et de troubles respiratoires pour avoir été gazé sur le front. L’ancien combattant iranien vit au crochet de sa famille qui ne sait comment se procurer de l’argent pour lui payer ses tranquillisants. Le budget de base pour ce genre de soin est d’au moins 1500 dollars par mois alors que le revenu d’une famille qui repose uniquement sur les femmes ne dépasse guère les 200 dollars.

La publication du récit de cet homme a provoqué un effet inattendu. Ali Larijani, connu en occident comme le président modéré du Parlement, a cru bon de préciser que la victime n’était pas un ancien combattant, mais un vaurien drogué. Cette réaction n’a pas surpris les Iraniens car Larijani jouit d’une autre image en Iran : il est l’homme qui s’est toujours opposé à tous les projets d’adoption d’une couverture sociale minimale pour les ouvriers, allant dans le sens des intérêts de ses amis promoteurs immobiliers. En solidarité avec Larijani, le mollah Boroudjerdi de la commission des affaires étrangères du Parlement Islamique a tancé la presse pour avoir diffusé de fausses nouvelles susceptibles d’enflammer la société et remis en cause la révolution (c’est-à-dire le régime). Il est vrai que l’affaire a eu lieu après le boycott massif de la commémoration de la révolution par les Iraniens y compris les miliciens du régime qui sont eux aussi souvent très démunis.

Pour se faire pardonner, les médias grondés ont publié des articles sur le profil des suicidés, la nécessité pour les élus d’être à l’écoute de leurs électeurs, la nécessité d’une distribution plus juste des richesses. On a même publié les déclarations d’un député qui a critiqué les deux collègues qui avaient suscité le dégoût chez les Iraniens.

Cette affaire est emblématique sur l’état de la société iranienne et le mépris des dirigeants car cet ancien combattant de 50 ans n’était pas le premier à agir ainsi pour alerter le monde. Trois semaines plus tôt, un autre ancien combattant s’était donné la mort par les flammes devant les bureaux d’Ahmadinejad. Aucun des deux hommes n’a retenu l’attention du bureau iranien de l’AFP.

Les journalistes français et iraniens de cette agence roulent plein pot pour le régime en passant leur temps à faire de la publicité autour de Khatami ou encore de Shirin Ebadi, une soi-disant opposante qui ne dénonce jamais rien qui puisse alarmer l’opinion internationale et l’encourager à être à l’écoute du peuple iranien qui résiste aux mollahs avec très peu de moyens.

Nous l’avons vu le 10 février : il a boycotté la commémoration officielle du 30e anniversaire de la révolution islamique pour dire non à l’appel du régime qui voulait faire de la participation populaire un référendum sur sa propre légitimité. Les rares personnes qui étaient venues étaient des pauvres affamés attirés sur place par la promesse de distribution de produits alimentaires. Le peuple iranien espère être aidé et les correspondants présents sur les lieux pour le 30e anniversaire ont préféré détourner le regard.

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| Mots Clefs | Institutions : Démocratie (médiatico)-Islamique |

| Mots Clefs | Fléaux : Pauvreté (et Disparité) |

| Mots Clefs | Auteurs & Textes : Journalistes et média Français |

| Mots Clefs | Auteurs & Textes : Selon l’AFP-Iran |